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Lutte contre la désertification au Mali : Le défi peut être relevé

L’une des menaces fondamentales qui minent le monde contemporain est la désertification.

La manifestation la plus grave de ce fléau est l’érosion du sol, notre support physique et nourricier.

Vaincre le phénomène est possible, mais, à condition d’y faire fasse avec détermination.

Transcendant le problème strictement forestier, Au breville dans son célèbre ouvrage Climats, Forets et Désertification de l’Afrique Tropicale” (1949) avait ému l’opinion en soulignant que, “le fait que l’Afrique Tropicale manquera de bois de chauffe pour son développement économique futur, est un problème secondaire à coté de l’augmentation générale de l’état d’aridité du continent par suite de la disparition des forêts denses et leur transformation en savane, la régression des savanes au profit du Sahel et le recul de ce dernier devant les assauts de sable du désert”.

Tout cela, disait-il, se traduira par un abaissement général du niveau des nappes d’eau, une diminution de la quantité et de la fréquence des pluies et une augmentation de la température du continent.

Ces pensées jadis considérées comme des assertions constituent aujourd’hui des réalités irréfutables.

La majeure partie de l’Afrique manque d’eau, de bois et de sols fertiles pour être au rendez-vous des continents développés et économiquement stables pour un horizon acceptable.

Cette situation de crise d’eau et de terres fertiles menace les activités agro-pastorales et maintient l’Afrique à un niveau misérable et stagnant de développement.

Le cas du Mali est un vieux mal

Ses causes sont nombreuses et toutes connues.

Elles ont pour noms : l’agressivité du climat tropical (pluies torrentielles, sécheresse), la nature des sols et les activités humaines comme le déboisement, le surpâturage, les feux de brousse, l’urbanisation, la construction de routes etc.

Comme le disait Chateaubriand, “les forêts précèdent les hommes, les déserts les suivent”.

Ces causes humaines sont souvent d’ordre économique ou culturel et ont pour fondement, l’exploitation agricole axée sur le système itinérant caractérisé par des défrichements constants ; l’exploitation pastorale reposant sur la transhumance et l’élevage de prestige et les feux annuels de brousse.

Aussi, sont causes de désertification, la non prise en compte par le gouvernement des connaissances, aptitudes, pratiques et aspirations des populations dans l’élaboration  des politiques de gestion des ressources naturelles, les coupes de bois pour la production d’énergie domestique ou pour la construction.

A ces facteurs classiques de désertification, se greffent aujourd’hui ceux liés aux déchets plastiques ménagers, surtout dans les centres urbains.

Des Remèdes ?

L’ensemble des constats faits attestent que la lutte contre la désertification doit être abordée comme une approche globale d’utilisation de l’espace (Gestion des Ressources Naturelles) comme l’ont recommandé le CILS et le Club du Sahel. Cela est possible par le biais de l’approche aménagement et gestion des terroirs villageois qui a façonné dans le passé des villages et le paysage rural.

Il s’agit donc de la redécouverte d’un ensemble de règles coutumières ayant précédé à l’accès et l’appropriation de la terre, à la délimitation des forêts sacrées, à l’utilisation des points d’eau et à l’organisation de la pèche et de la chasse traditionnelles.

Nous devons reconnaître et composer aujourd’hui avec une donnée constante : la population augmente, les besoins humains en espace augmentent, mais la superficie de la terre exploitable n’augmente pas.

C’est pourquoi, il faut en arriver à un plan d’utilisation et de restauration de chaque espace villageois.

Cette stratégie doit reposer sur la mobilisation de la société civile, des agents d’encadrement et des décideurs sur le nécessité d’aborder le problème comme une approche globale de gestion de l’espace reposant principalement sur la compréhension et l’adhésion des populations à la base.

L’axe central de la stratégie est la remise en cause de notre conception de l’exploitation du sol et des autres ressources naturelles à travers la pratique de l’agriculture biologique, les travaux de conservation et de reboisement, et d’intenses activités de sensibilisation, d’information et d’animation.

Ces actions, du reste techniques ne sont pas déterminantes.

Elles doivent venir en appoint à des structures de développement flexibles, décentralisées et adéquatement préparées à leurs missions.

Celles-ci, à leur tour doivent venir en appoint à des populations informées, organisées et responsabilisées.

Il est essentiel que l’ensemble des intervenants aient un support financier stable et qu’ils soient guidés par des structures de recherche participative, organisées et décentralisées.

 

Boubacar Sankaré

(Avec la collaboration

de M. Mambi Fofana

expert environnement)

Source: Journal le 26 Mars

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