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Lutte contre Boko Haram au Nigeria : le tout n’est pas d’avoir une montagne de nairas

Quoi dire de Boko Haram qui n’ait encore été dit ? Pas grand-chose, si ce n’est égrener ses multiples exactions et rêver d’une solution, qui n’a jusque-là pas été trouvée, pour éradiquer la pègre tropicale. En attendant, sa sinistre épopée se poursuit, et difficile est de rester de marbre. Mercredi dernier, un Allemand a été enlevé par un groupe armé dans l’Adamawa, un des trois Etats du nord-est du Nigeria. Le rapt n’a pour l’instant pas été revendiqué, mais un précédent dramatique permet de soupçonner fort sérieusement la secte d’en être l’auteur. C’était en janvier 2012 : un ingénieur allemand, Edgar Raupach, avait été enlevé par Boko Haram sur un site en construction près de la ville de Kano, au nord du pays. Il fut tué dans un raid militaire sur une cachette du groupe armé quatre mois plus tard.

membre rebelles islamistes boko haram

 

 

Pendant qu’Abubakar Shekau (leader de l’organisation) poursuit donc son offensive criminelle, pendant que l’armée et la police n’arrivent pas jusqu’à l’heure où nous écrivons à retrouver les filles enlevées par la secte, le président nigérian, Goodluck Jonathan, n’a pas trouvé mieux que de demander au Parlement une rallonge financière de, excusez du peu, un milliard de dollars au profit de son armée. Comme si les moyens dont disposait cette dernière ne suffisaient déjà pas. La lutte contre Boko Haram, ce n’est quand même pas la traque de Ben Laden ! Mais c’est tout comme, quand on voit les dernières exigences financières pour venir à bout de l’hydre. Effarant ! Il est vrai que pareille entreprise coûte cher en renseignements, en moyens humains et logistiques et qu’il faut s’en donner les moyens. Mais force est de reconnaître que la demande présidentielle paraît incongrue, car, précisément, on suspecte l’Etat fédéral et les officiers supérieurs de justement dilapider les ressources déjà disponibles. Certaines personnalités et non des moindres se sucreraient sur le dos de la secte islamiste. Il y a donc de quoi s’interroger sur la pertinence de l’octroi d’une nouvelle rallonge financière.

Selon les estimations, l’armée nigériane est forte de 100 000 hommes et, de 2010 à 2014, a vu son budget décupler, passant de 600 millions de dollars à 6 milliards de dollars. Alors, un milliard de plus ou de moins … En réalité, plus que d’argent, c’est surtout davantage de volonté politique et d’efficacité de sa police et de ses soldats dont a besoin la patrie de Fela. Quand une armée est aussi redoutée de la population que les hommes qu’elle est censée combattre, quand des soldats lèvent le camp juste avant l’arrivée d’agresseurs, quand des hommes en treillis surpris par une attaque prennent la fuite, suivis par des civils tout aussi terrorisés, quand des indélicats d’une armée sont suspectés de brader des équipements militaires à l’ennemi, quand, dans certains cercles, qu’on ne soupçonne même pas, sont tapis des informateurs et même des financiers d’une organisation obscurantiste, il y a vraiment de quoi douter de l’utilité d’une cagnotte supplémentaire, qui irait probablement remplir d’autres poches.

Issa K. Barry — L’Observateur Paalga

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