Après la publication du rapport de la section des Comptes de la Cour Suprême et de celui du Bureau du Vérificateur Général, les regards étaient tournés vers le siège du parti de la poignée des mains pour une réaction à chaud. A ces deux scandales se sont ajoutés deux autres à savoir la découverte des cas suspects et avérés de personnes atteintes par la maladie à virus Ebola et la reprise des pourparlers inter maliens à Alger.
Soumaila Cissé a- t-il attendu que les erreurs s’accumulent pour ensuite réagir ? Ou bien par pur calcul politique afin de tirer profit des bourdes du régime surtout à quelques encablures du 3e congrès de son parti ?
En tout cas sa conférence du Mercredi 19 Novembre2014 ressemblait plus à un procès contre le régime d’IBK qu’une simple réaction aux questions brûlantes de l’heure. C’est en effet à juste raison étant entendu qu’il est le leader de l’opposition, ce rôle lui sied très bien car il est l’œil et l’oreille du peuple. C’est pourquoi, dans une diatribe dont il est le seul à connaitre le secret, Il a dépeint le régime d’IBK en des termes qui frisent la discourtoisie : « les défis à relever … sont si essentiels pour la survie du pays qu’ils ne peuvent plus supporter le mensonge, le maquillage médiatique et la fuite en avant. Seul le parler vrai et le faire juste peuvent créer les conditions d’une bonne gouvernance au service unique du peuple….La corruption et la concussion se propagent, le népotisme, le clientélisme et le favoritisme s’accélèrent, la gabegie financière et le gaspillage des ressources prospèrent. La spirale des perversions et malversations en tous genres et en tous lieux semble cycloniques »
S’agissant des questions brulantes de l’heure, le président d’honneur du parti de la poignée des mains, n’est pas passé par mille chemins pour fustiger le laxisme voire l’incompétence des autorités à faire face aux préoccupations des maliens.
L’épidémie d’Ebola a été le premier thème abordé. Sur la question Mr Cissé après s’être interrogé sur la négligence voire le laxisme dans la gestion de ce fléau a proposé la fermeture de nos frontières pendant un mois, le temps d’équiper plus sérieusement et plus efficacement les personnels de santé se trouvant aux postes frontières et dans les différents centres de santé du pays.
La sécurité a été le second thème abordé par l’honorable Cissé qui pense que face à l’insécurité généralisée et grandissante le Président de la République doit adopter la loi de programmation militaire.
La réconciliation nationale a été le troisième thème développé : l’URD insiste sur la nécessaire indépendance de la commission qui a été mise en place, car l’immense chantier de la réconciliation ne doit nullement occulter la prise en charge des victimes des atrocités.
L’une des questions majeures de cette conférence de presse a été sans nul doute les pourparlers inter maliens d’Alger.
En effet après avoir remis à la presse un document intitulé réaction de l’URD par rapport au document « Eléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali », le parti de Soumaila Cissé s’est prononcé de façon claire sur le document de la médiation. Il considère que le document présenté par la Médiation comporte des faiblesses. Au fond les quatre points tels que formulés dans le dit document sont inacceptables, à savoir : la notion de « zone de développement des régions du Nord » et celle de « régions intégrées », la représentation des communautés du Nord au niveau National, la répartition des pouvoirs entre l’Etat et les régions, et la gestion de la sécurité après l’accord.
Le cinquième Thème et non moins important est la mauvaise gouvernance et la corruption :
L’URD s’interroge avec anxiété car le constat est lourd et le président ainsi que le gouvernement sont à court des stratégies et d’initiatives salvatrices.
Où va le Mali ? S’interroge l’URD : des marchés de gré à gré portant sur plusieurs dizaines de milliards de FCFA qui concentrent tous les manquements au code des marchés publics. Chaque acte posé se révèle catastrophique et mène le pays dans l’impasse.
Compte tenu de la gravité des faits qualifiés de malversations par le FMI, faits inédits ayant entrainé la suspension de la coopération avec les partenaires, l’URD exige du Président de la République de traduire devant la justice toutes les personnes impliquées et d’en tirer toutes les conséquences.
D’autres thèmes ont été abordés tels que l’économie, le favoritisme, l’école en danger, le RAVEC au rabais.
En conclusion l’URD a comparé le Mali au TITANIC qui fonce droit sur l’iceberg de son naufrage prévisible, avec à sa tête un capitaine et un équipage gonflés d’orgueil, soucieux de privilèges et d’honneurs, incapables de coordonner le pilotage du pays vers un cap d’espérances..
Cette conférence de presse, tenue à trois jours du 3e congrès de l’Union pour la République et la Démocratie et vingt quatre heures avant la reprise des pourparlers inter maliens, a non seulement provoqué une colère rouge chez le Président de la République, qui , toutes affaires cessantes , a convoqué sa majorité pour la presque sermonner . Elle a permis à Soumaila d’engranger de bons points et de se mettre dans la peau du leader incontesté et incontestable de l’opposition.
Youssouf Sissoko