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L’opposition et les autorités intérimaires: chronique d’une défaite politique

En formulant sa requête à la Cour constitutionnelle, contre la loi sur les autorités intérimaires, dont elle ne veut pas entendre parler, l’opposition voulait obtenir par l’onction juridictionnelle la crédibilité d’un geste politique, celui d’avoir quitté le débat parlementaire pour ne pas à voter ladite loi, adoptée d’ailleurs à l’unanimité par les députés. Déboutée par les 9 Sages, elle est brutalement rattrapée par son échec dont elle devra en assumer les méfaits politiques. Décryptage…

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Depuis avant-hier, dans l’après-midi, le verdict de la Cour constitutionnelle, tel un couperet, dans la requête de l’opposition d’annulation de la loi sur les autorités intérimaires, est tombé : les requérants n’ont pas obtenu gain de cause, car déboutés de leurs prétentions ; la loi sur les autorités intérimaires ayant été déclarées conformes à la Constitution du Mali.
La défaite politique est d’autant cuisante, pour l’opposition, qu’elle avait boudé le vote de la loi, en se retirant purement et simplement de la salle des plénières, pour ne pas cautionner, dit-elle, le «viol de la Constitution ». Un recours à la chaise vide, inopérante en pareille joute politique, auquel elle fait face aujourd’hui, après l’avoir revendiqué si haut et si fort, comme étant la réplique à un coup de force d’un gouvernement, n’ayant Dieu que dans le tripatouillage des textes de la république.
La Cour constitutionnelle, en déboutant l’opposition sur sa principale requête, celle concernant la non-conformité de la loi sur les autorités intérimaires, ne lui donne aucune astuce politique face à la guéguerre politique, sur fond de polémique tenace, qu’elle a menée contre le gouvernement, accusé à tort d’avoir volontairement pris un acte attentatoire à la libre administration des collectivités. Ce jour-là, en quittant l’Assemblée, pour éviter de participer, selon elle, à la mascarade politique, l’opposition, convaincue par son choix de boycott politique, était loin d’imaginer qu’elle risquait gros. Et pour cause ? Pour ne pas être indexée comme voulant se mettre en dehors de la république, voire en marge de la légalité, du fait de son boycott sur la loi portant sur la mise en œuvre des autorités intérimaires, l’opposition, à travers un nombre de signataires de la requête d’annulation de cette loi, a porté son contentieux politique avec le gouvernement devant la Cour constitutionnelle.
Le verdict de la haute juridiction lui tombe à la figure, comme une défaite politique cinglante, face à laquelle elle aura du mal à se départir du piège du radicalisme doctrinal, dans lequel elle s’est enfermée pour asséner de violents coups politiques à un gouvernement, accusé de «fuite en avant», d’« incapacité… à avoir une vision d’ensemble des questions institutionnelles et électorales ».
La défaite politique de l’opposition, telle qu’elle apparaît à travers le verdict de la Cour constitutionnelle, la met brutalement face à une certaine absence de vision politique qui lui collera désormais à la peau, comme un handicap politique à remettre en selle, à chaque fois qu’il s’agit des autorités intérimaires.
Sur la problématique des autorités intérimaires, l’opposition, dans sa grande partie, comme du reste l’écrasante majorité de la classe politique, a bel et bien demandé le report des élections communales et régionales. En demandant le report des élections communales, pour raison de sécurité dans une grande partie du territoire national, pendant que ces entités communales ou régionales étaient gagnées par l’expiration de leurs mandats, conditionnant alors la logique des Délégations spéciales, conformément à la loi, l’opposition, qui a boycotté le vote de la loi, est bien partie prenante de ce choix gouvernemental, visant à la mise en œuvre des autorités intérimaires. De la même manière, la problématique des autorités intérimaires traduit également l’engagement des autorités nationales à respecter les dispositions de l’accord de paix, signé par tous les acteurs concernés, y compris les mouvements armés et la communauté internationale. Dès lorsqu’il est inscrit en lettres d’or que les autorités intérimaires accompagnent l’accord de paix, dès qu’il deviendra inclusif, il devient donc, pour le gouvernement, un impératif politique et légal actuel d’adopter la loi sur les autorités intérimaires. Au risque d’être accusé par les partenaires de trainer volontairement les pieds sur le processus de paix et au pire d’être taxé de manquer du respect vis-à-vis de ses propres engagements.
Il est donc clair que l’opposition, dont on connait la trop grande propension à soutenir la légalité, ne voudra nullement composer avec un gouvernement qui ne respecte pas les engagements auxquels il a souscrits. C’est dans cette posture que l’opposition, qui vient d’essuyer une cinglante défaite politique à la Cour constitutionnelle, aurait pu agir si, par extraordinaire, l’Etat, dans ce cas d’espèce, avait été reproché par les signataires de l’accord de paix, notamment les groupes armés, de ne pas faire suffisamment pour la mise en œuvre de l’accord de paix. Déjà, on l’a vu avec le programme de cantonnement qui connait quelques difficultés, les mouvements armés, qu’il soit de la CMA ou la Plateforme, protestent contre le lancement de cette opération de cantonnement sous le prétexte que les autorités intérimaires devront d’abord suivre, au risque de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.
Sur les autorités intérimaires, devant la Cour Constitutionnelle, l’opposition vient de perdre un bras de fer politique qu’elle a elle-même engagé vis-à-vis du gouvernement. Si elle veut revenir un jour à l’autre dans le cadre de cette loi portant sur les autorités intérimaires, et cela, pour ne pas se laisser surprendre par les prochaines joutes politiques, l’opposition n’aura besoin que de voir en ces autorités intérimaires des entités passagères et qui devront disparaitre dès que les conditions pour la tenue des élections locales et régionales apaisées et sécurisées seront réunies sur l’ensemble du territoire. Et cela, dans un délai bien délimité. D’ailleurs, en son temps, avant même que l’opposition ne décide de porter ce contentieux politique devant la Cour constitutionnelle, le gouvernement n’en avait pas dit moins pour expliquer l’urgence dans laquelle il se trouvait pour adopter la loi sur les autorités intérimaires.

par Sékouba Samaké

 

Source: info-matin

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