Malgré les difficultés qu’il rencontre actuellement, le secteur primaire, dont l’agriculture, demeure le premier moteur de l’économie malienne. Bon nombre de Maliens se consacrent depuis longtemps aux activités telles que la pêche, l’élevage et les différentes cultures que lui autorise le sol malien. La grande majorité de la population habitant des zones rurales, les revenus de nombreuses familles reposent sur l’exploitation de la terre ou celle du cheptel bovin, caprin, ainsi que l’élevage de volailles.
Le Mali recèle d’importantes ressources naturelles. Traversé par le fleuve Djoliba, riche de nombreuses forêts et d’une superficie importante, l’agriculture, l’élevage et la pêche sont des vecteurs importants de l’économie malienne. Cependant la question de l’ « insécurité alimentaire » se pose régulièrement. En effet, la production n’est pas fortement excédentaire. De plus, cette année, avec l’arrêt prématuré de la saison des pluies et des précipitations bien plus faibles que le seuil nécessaire pour pouvoir alimenter sans peine les différentes cultures, les récoltes risquent d’en pâtir. Et plus le produit des récoltes sera mince, plus les prix des denrées alimentaires de première nécessité subiront une inflation exponentielle.
Les signes annonciateurs de sécheresse sont déjà nombreux dans plusieurs régions, ce qui risque d’engendrer un problème pour d’autres activités du secteur primaire. En effet, la pénurie de pâturages devra inciter les éleveurs à trouver des solutions palliatives. Contraints d’investir plus d’argent dans le fourrage de leurs troupeaux, les producteurs se verront obligés de répercuter ce coût supplémentaire sur le prix de vente final s’ils veulent continuer à vivre de leurs activités.
Cette pénurie risque également d’attiser des tensions entre éleveurs, notamment dans le cadre de conflits intercommunautaires. Il n’est déjà pas rare d’entendre parler d’altercations entre Daoussaks et Peuls à propos de bétail. Alors que se passera-t-il si en plus chacune des ethnies tend à s’approprier le lopin de terre le plus verdoyant ? Le quotidien des Maliens est déjà assez compliqué, rythmé par les explosions et les attaques des terroristes ; avec l’insécurité alimentaire, les tensions ne feront que s’amplifier.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la malnutrition touche plus de 10% des enfants maliens, et dans les régions de Gao, de Tombouctou et le Nord ce taux dépasse les 15%, ce qui constitue un seuil critique d’après l’institution des Nations Unies. Avec une pluviométrie déficiente et des poches de sécheresse assez importantes selon les zones, ces chiffres ne peuvent qu’augmenter.
Il est donc primordial que les autorités et les ONG coopèrent pour éviter que la situation ne se détériore et que les tensions interethniques soient exacerbées. Mais surtout, il faut veiller à ce que l’aide alimentaire soit équitablement redistribuées aux personnes nécessiteuses et non pas aux nantis qui utiliseront leurs stocks à des fins d’enrichissement personnel. Car malheureusement il n’est pas rare que l’aide humanitaire soit détournée pour servir une infime portion de la population plutôt que de profiter au plus grand nombre !
Que l’insécurité alimentaire ne devienne pas le souffle qui attise la braise des tensions communautaires !
Paul-Louis Koné