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Ligne de force : L’Islam sous IBK : un dérivatif aux souffrances des Maliens

Devant le naufrage de sa ” révolution permanente ” dans la quête de bien-être pour ” le glorieux peuple de Guinée ” (allusion au ” non ” historique du 22 septembre 1958 qui a accéléré la désintégration de l’empire colonial français d’Afrique) Sékou Touré avait trouvé dans l’islam une bouée de sauvetage. A la fois pour son régime voué aux gémonies, chaque jour davantage menacé d’effondrement et pour  lui-même.

Le spectacle de millions de Guinéens enveloppés de blanc immaculé, se pressant dans les mosquées et sur tous les espaces publics, pour la grande prière du vendredi saint devenue quasiment obligatoire, avait remplacé celui des foules bigarrées se bousculant dans les meetings où le ” Grand Sily ” promettait une mort inéluctable à l’impérialisme français et ses suppôts africains.

Dans les discours du ” Responsable Suprême de la Révolution ” Dieu (SWT) était devenu l’Unique Référent en lieu et place de Karl Marx, Lénine, Mao Zedong. Dans les écoles et universités, le Coran se substituait progressivement au “Capital”, à “Que faire? “, aux” Pensées philosophiques” du Grand Timonier.

Pour expliquer ce virage idéologique à 180 degrés, Sékou Touré proclamera : ” Le peuple a accompli la révolution, Dieu l’a sauvée “.

Le Mali, sous IBK, semble bien parti sur les traces de ce marxiste converti sur le tard en porte-flambeau de la religion mahométane faute d’avoir réussi son projet originel d’une ” économie indépendante, socialiste et prospère pour la Guinée “.

Face à ses échecs pour rétablir la paix au nord, éradiquer le terrorisme et le banditisme chaque jour plus dévastateurs, restaurer l’autorité de l’Etat de plus en plus réduit à une fiction, faire reculer la corruption pour favoriser une meilleure prise en charge des besoins de la population, relancer l’économie pour créer des emplois notamment pour les jeunes, et j’en passe, IBK aussi voit en l’islam un puissant dérivatif. L’adhésion de la quasi-totalité des Maliens à cette religion, laquelle remonte à un millier d’années, est pain béni pour lui.

Elu en 2013 grâce en partie au soutien des associations musulmanes, IBK s’est investi dans la promotion de l’islam.

Les mosquées, les écoles coraniques, les radios islamiques se sont multipliées à une échelle, dans un désordre et un manque de contrôle tels qu’elles ont fini par être perçues comme un péril pour la laïcité, la démocratie et l’Etat de droit en construction. Surtout lorsque les prêches qui y sont pratiqués ou relayés appellent ouvertement à leur abolition. Et véhiculent des menaces de jihad à l’encontre de pays amis et alliés.

Puis viendra la décision de déclarer journées chômées et fériées les grandes dates de la troisième religion révélée, après le judaïsme et le christianisme. Après les deux maoulouds en 2017, c’était le 1er jour de l’hégire hier.

Dans un pays composé à 90% de musulmans, une telle mesure ne peut être que favorablement accueillie. Elle ne saurait toutefois occulter-IBK et ses collaborateurs ne doivent point s’y tromper- l’impératif d’apporter des réponses appropriées aux angoisses et aux souffrances endurées au quotidien par la population.

Par Saouti Haïdara    

 L’Indépendant

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