La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a demandé mercredi à tous les Etats de faire tout leur possible pour que les trois fugitifs libyens réclamés par la Cour soient arrêtés et lui soient livrés.
« Je suis heureuse de vous informer que mon bureau a encore progressé dans ses enquêtes existantes et continue de travailler sur les demandes de nouveaux mandats d’arrêt », a expliqué Mme Bensouda aux membres du Conseil de sécurité lors d’une réunion consacrée à la Libye.
S’agissant de Saïf al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, la Procureure a rappelé que « la Libye reste dans l’obligation d’arrêter et de livrer M. Kadhafi à la Cour ».
« L’échec de l’exécution des mandats d’arrêt ne se limite pas au cas de M. Kadhafi. Le mandat d’arrêt de la CPI contre Al-Tuhamy Mohamed Khaled est en suspens depuis plus de six ans. En outre, les deux mandats d’arrêt à l’encontre de Mahmoud Mustafa Busayf Al-Werfalli n’ont toujours pas été exécutés plus de deux ans après le premier mandat. Ces trois fugitifs de la CPI sont accusés de crimes internationaux graves », a-t-elle ajouté.
Mme Bensouda a précisé que, selon les informations dont dispose son bureau, Saïf al-Islam Kadhafi se trouverait à Zintan, en Libye, Al-Tuhamy Mohamed Khaled serait au Caire, en Egypte, et Mustafa Busayf Al-Werfalli aurait été promu par l’Armée nationale libyenne, un groupe de milices dirigé par le général Khalifa Haftar.
« Cette promotion indique clairement que le général Khalifa Haftar, commandant de l’ANL, n’a aucune intention de poursuivre véritablement M. Al-Werfalli pour les crimes allégués dans les mandats d’arrêt de la CPI », a estimé la Procureure.
Elle a une nouvelle fois appelé le général Haftar et ceux qui travaillent avec lui à faciliter l’arrestation et la remise sans délai de M. Al-Werfalli à la CPI, « afin qu’il puisse répondre de ses crimes devant un tribunal et que la vérité soit établie ».
Elle a aussi appelé tous les États « à faire tout ce qui est en leur pouvoir » pour s’assurer que les trois accusés recherchés par la CPI soient remis à la Cour.
« Les auteurs de crimes internationaux graves sont enhardis lorsqu’ils pensent qu’ils ne seront jamais traduits en justice. Le cycle de l’impunité fournit un terrain propice aux atrocités en Libye. Pour rompre ce cycle, un effort international concerté est nécessaire pour garantir que les auteurs d’atrocités criminelles rendent des comptes. A travers à l’arrestation et la reddition des fugitifs de la CPI, la communauté internationale peut commencer à rendre justice aux victimes en Libye », a dit Mme Bensouda.
La Procureure a en outre noté que la situation en Libye continuait d’être grave. Elle s’est dit profondément alarmée par les informations selon lesquelles, depuis le début du mois d’avril 2019, plus de 100 civils ont été tués, 300 blessés et 120.000 personnes déplacées en raison d’affrontements.
« L’implosion de la Libye doit peser lourdement sur la conscience de la communauté internationale et inciter à des mesures significatives pour aider les autorités libyennes à stabiliser le pays et à mettre fin au cycle de la violence, aux atrocités et à l’impunité », a-t-elle conclu.
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