On pensait avoir mis la main sur un terroriste de grande étoffe, mais le soulagement n’aura été que de courte durée. Et pour cause, le citoyen de Kidal arrêté en même temps qu’un Pakistanais serait libre depuis le milieu de la semaine dernière.
Il a été élargi sur la pointe des pieds, c’est à dire sans les mêmes tambours et trompettes par lesquelles leurs arrestations avait été annoncées, tel un trophée des services de sécurité maliens. Mais il se trouve que c’est la CMA qui a eu le dernier mot, après avoir présenté Attaye Ag Abdallah comme un citoyen inoffensif de la 8eme région dont le séjour à Bamako s’effectuait dans le cadre d’une assistance à un parent malade. Son arrestation était pourtant intervenue dans la foulée d’une retentissante alerte sur la préparation d’une attaque terroriste dans la capitale. Toutes choses corroborées par les mesures de précaution prises par certaines chancelleries étrangères, mais que ne confirment pas la facilité et la promptitude avec laquelle le présumé terroriste originaire de Kidal a été mis en liberté, par la bénédiction notamment de la Coordination des Mouvement de l’Azawad. Lequel mouvement est monté au créneau aussitôt après sa mise aux arrêts pour lui voler au secours en défendant qu’il n’est ni près ni de loin lié au djihadisme. Le hic est que la libération d’Attaye Ag Abdallah, présenté comme un dangereux logisticien activement recherché par les services maliens, met à l’eau toute la crédibilité du vacarme entretenu autour d’une menace d’attaque terroriste dans la capitale malienne.
L’impôt islamique en nature humaine à Gao
Dans la Cité des Askia, l’insécurité est en train de faire place à des formes nouvelles d’exactions aussi inconnues qu’inattendues. On connaissait jusque-là le rançonnement des contribuables en espèce et en natures matérielles appelé impôt islamique, mais il s’y ajoute désormais un autre phénomène jusqu’ici insoupçonné : l’accès équitable aux femmes. Selon des sources locales, en effet, les familles de zones périurbaines de la région de Gao n’ont plus le droit d’héberger en leur sein plus de quatre femmes non mariées. Elles font face à une pseudo-indication religieuse qui légitime l’irruption de djihadistes dans les demeures pour enlever le surplus de leurs habitants féminins. Il en découle que les familles ne dorment plus que d’un seul œil et tentent tant bien que mal de résister aux multiples razzias nocturnes. Certaines cibles potentielles ont par ailleurs déjà opté pour le déplacement et trouvent refuge dans les capitales du sud où ils viennent grossir les rangs de ceux qui ont fui depuis longtemps les affres de l’insécurité, conséquence de la déprotection des villes par les autorités maliennes.
Le CNSP et l’obligation d’ingérence électorale
Les élections générales de 2022 auront elles lieu à date ? Cette question taraude autant que la sincérité et l’impartialité des scrutins attendus avec beaucoup d’impatience par la classe politique. Mais, malin qui peut parier sur une neutralité des tenants actuels du pouvoir. Pas seulement parce qu’ils sont courtisés de toutes parts par les différents protagonistes, mais aussi parce qu’il y a besoin vital de ne pas demeurer indifférents à l’issue des compétitions électorales. Et pour cause, il y a l’équation d’amnistie des auteurs du coup de force contre IBK qui n’est pas une mince affaire d’autant qu’elle tient d’une autorité régulièrement élue et non de législateurs nommés ou désignés par les demandeurs. Ce n’est pas tout. Il y a aussi ceux qui ont pris goût à la chose et qui seraient tentés de tirer les ficelles des futurs pouvoirs à défaut d’en être les principaux acteurs. Autant de facteurs qui devraient préfigurer une ingérence forcée de la junte dans le processus électoral en vue, lequel processus pourrait être ajournée aussi longtemps que n’auront pas été maîtrisés les leviers dont dépendent l’atteinte de leurs objectifs.
Et la famille du confrère Birama se résigne
Le confrère Birama Touré a cessé d’être tristement célèbre aussitôt après la chute du régime d’IBK. Plus de pression sur les autorités, ni de la part de sa propre famille encore moins des familles fondatrices de Bamako, pour retrouver mort ou vivant le journaliste – dont la disparition n’a jamais autant disparu des lèvres. Ce ne sont pourtant pas les opportunités et créneaux exploitables qui manquent pour peu qu’on soit réellement déterminé à rechercher la vérité de ce drame. A défaut de les explorer auprès des tribunaux ordinaires, les porte de la justice transitoire sont grandes ouvertes. En clair, la question aurait pu figurer au nombre des témoignages programmés par la CVJR dans le cadre de ses audiences publiques sur les disparitions forcées. Interrogé sur le sujet, lors de la conférence de presse qui a précédé lesdites audiences, le président de cet organe a reconnu sans fioriture que le cas de Birama Touré figure au nombre des cas emblématiques de disparition forcée et avait bel et bien sa place dans les missions de la CVJR. Sauf que la famille et ayant-droits de notre confrère n’ont pas jugé opportun de porter l’affaire à ce niveau comme s’ils étaient désormais résignés à s’accommoder de la tragédie.
Rassemblées par la Rédaction
Source : Le Témoin