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L’EXPERT MODIBO MAO MAKALOU ÉCONOMISTE ET GESTIONNAIRE FINANCIER CONCERNANT LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU PAYS: « L’État malien a dû reporter la levée de 30 milliards de FCFA sur le marché financier régional ce qui a exacerbé les difficultés financières et la capacité à faire face aux dépenses de fonctionnement y compris les salaires ».

Le Mali traverse actuellement une période de fortes turbulences due au coup d’Etat du 18 Aout dernier. La situation économique, politique et sécuritaire qui était déjà déplorable s’est accentuée avec l’embargo de la CEDEAO que nous subissons depuis maintenant plus d’un mois. À ce titre et pour avoir d’amples éclairages sur les répercussions de cet embargo sur notre pays, nous nous sommes attelés à interroger un spécialiste en la matière.

 

Expert économiste et gestionnaire financier (MBA), Modibo Mao MAKALOU est titulaire d’un baccalauréat international de l’Ecole Internationale Européenne de Paris (France, 1984), d’une maîtrise en Economie de l’Université de Montréal (Canada, 1987) et d’un MBA en finance internationale de American University à Washington DC. Ayant un parcours professionnel riche, cet économiste a été nommé chargé de mission pour les mines, les nouvelles technologies, l’énergie et l’eau à la Présidence de la République du Mali en 2002. Par la suite il fut nommé en 2014 Conseiller pour les Affaires Économiques et Financières à la Présidence de la République du Mali ; et depuis 2018 il est assistant technique auprès du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales de la République du Mali.

Mr Makalou, nous explique qu’actuellement le Mali est sous embargo, mais un embargo partiel en ce sens que nous continuons à bénéficier de certains services des pays frontaliers.

« La CEDEAO a suspendu le Mali de tous ses organes de décision avec effet immédiat suite aux évènements ayant amené le Président Ibrahim Boubacar Keita à démissionner de toutes ses fonctions le mardi 18 août 2020. La décision de la CEDEAO inclut la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que de l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières à l’exception des denrées de première nécessité, des médicaments, du carburant, et de l’électricité, entre les autres pays membres de la CEDEAO et le Mali. De surcroit, elle invite tous les partenaires à faire de même, conformément aux articles 1 (e) et 45 (2) du Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, et les dispositions de la Charte Africaine sur la Démocratie, les Elections et la Gouvernance et ce jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel »

Néanmoins la donne pourrait changer. En effet, lors du mini-sommet de la CEDEAO tenu le 15 Septembre dernier, le CNSP a été sommé de rendre le pouvoir aux civils en désignant au plus vite un président et un premier ministre tous deux civils. Sans quoi, sous un délai d’une semaine (soit jusqu’au 23 septembre) l’embargo serait durci. Cet embargo « total » pourrait avoir des répercussions encore plus dramatiques que celles que nous vivons actuellement. Selon l’expert, Modibo MAou makalou, «Les sanctions économiques et financières c’est à dire l’ensemble des restrictions de circulations de biens, de personnes ou de transferts financiers pourraient concerner les mesures suivantes ;

1) Gel des avoirs des différentes autorités et de leurs associés dans les pays membres de la CEDEAO ;

2) Fermeture au Mali de l’accès des ports des pays côtiers de la CEDEAO ;

3) Gel des comptes du Mali à la BCEAO ;

4) Non approvisionnement des comptes de l’Etat malien dans les Banques privées à partir de la BCEAO ;

5) Gel des concours financiers à partir de la Banque Ouest Africaines de Développement (BOAD) et de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) ».

Ces restrictions conduiraient alors à une asphyxie totale de l’état malien en termes économique et paralyserait par la même tous les secteurs. Il faut noter que le mois qui vient de s’écouler a été rude, en effet,

« l’État malien a fréquemment recours au marché financier régional de l’Afrique de l’Ouest pour financer son fonctionnement (salaires, dépenses courantes…). Le Trésor malien a recours régulièrement aux émissions d’obligations et de bons du trésor. Pour le mois d’août 2020, les intentions d’émissions de titres publics du Mali se chiffrent à 60 milliards de FCFA. Le trésor public malien a déjà levé 33 milliards de FCFA le 12 août 2020. A cela, s’est ajouté 55 milliards de FCFA de bons Social Covid-19 levé le 4 août 2020. Toutefois, l’État malien a dû reporter la levée de 30 milliards de FCFA le mercredi 26 août 2020 sur le marché financier régional pour des raisons non encore élucidées exacerbant ainsi les difficultés financières de l’Etat malien et sa capacité à faire face aux dépenses de fonctionnement y compris les salaires » ; nous explique Mr MAKALOU, avant d’ajouter

« Le risque le plus important dans le domaine économique est le risque politique qui a trait à tout changement politique, social, ou sécuritaire susceptible d’avoir un impact significatif sur des intérêts économiques ou diplomatiques. Il est impératif que les sanctions de la CEDEAO soient levées le plus rapidement possible pour que les Autorités maliennes puissent relancer l’économie à travers des mesures économiques (budgétaires et monétaires) appropriées afin d’améliorer les conditions de vie des populations ».

En effet, une source bancaire nous confie que pour les salaires des fonctionnaires du Mois d’Aout dernier, l’état a été obligé de faire un emprunt à hauteur de huit (8) milliards de Francs CFA auprès d’une banque de la place dont nous tairons le nom. Néanmoins aux vues de la situation qui s’est compliquée, les réserves se sont amenuisées et faire un autre emprunt auprès d’une banque de la place serait très compliqué. Toujours selon notre source, cette banque de la place espère

« que la situation se décantera avec la CEDEAO pour qu’il y ait des rentrées de fonds. Mais de toute évidence, cela semble mal parti ».

AWA TRAORE

NOUVEL HORIZON

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