Cité dans un article d’un confrère de la place où il est traité de » rat ayant quitté le navire » du parti présidentiel sous ATT, le PDES, l’ex-président par intérim de cette formation politique, l’ancien député Ousmane Ba, a animé hier, mercredi 5 novembre, à son domicile, un point de presse pour cracher ses quatre vérités. » Je n’ai jamais reçu aucun franc du président ATT, sauf au moment où j’allais à la Mecque en 2005 quand il m’a remis 1000 dollars « .
Dr Ousmane Ba a d’abord rappelé le contexte dans lequel le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), dont il a assuré « la présidence par défaut, les présidents étant absents du pays » a été créé. Il a expliqué avoir été élu en 2007 député de Macina en tant qu’indépendant. « Je rappelle que je n’ai jamais fait partie du Mouvement Citoyen (le mouvement associatif ancêtre du PDES) « . Il a rappelé qu’ATT lui a envoyé 2 500 000 F CFA par l’intermédiaire d’Amadou Sora, pour soutenir sa campagne. Après son élection, à en croire M. Ba, l’ex-président lui a demandé de constituer un groupe parlementaire d’indépendants avec Habib Sofara, élu à Djenné. Et Ousmane Ba de préciser que ce groupe de 24 députés a été mis en place sous sa direction, à son domicile et à ses frais. Ce groupe alors appelé Collectif des députés indépendants (CODI) va siéger ainsi à l’Hémicycle. ATT leur avait demandé d’ouvrir un compte bancaire qu’il allait alimenter. « Il n’a jamais versé un franc dans ce compte », a-t-il martelé.
A la création du PDES, explique l’ancien député de Macina, il a pris l’initiative d’écrire au président de l’Assemblée nationale pour l’informer que les députés CODI devenaient « députés PDES ». Une copie de cette lettre a été envoyée au président du parti, Ahmed Diané Séméga.
Par ailleurs, Dr Ousmane Ba rappelle qu’il ne s’est jamais gêné à donner son avis librement sur les grandes questions de la nation. En 2008, il disait dans une interview dans Le Républicain que la situation au nord était anormale du fait de la démilitarisation de cette zone. « J’avais également dénoncé le fait qu’on résolvait à chaque fois le problème du nord en finançant les rebelles et en les intégrant dans les services des impôts et dans l’armée », a-t-il rappelé. Il disait toujours dans les colonnes de ce quotidien qu’ATT n’allait pas briguer un troisième mandat ; que cela n’était pas dans son intérêt ni dans celui du Mali. Ces propos lui avaient valu des critiques de certains acteurs politiques.
Et Dr Ba de souligner qu’il n’a jamais reçu un franc d’ATT, si ce ne sont les 1000 dollars (500 000 F CFA) que l’ancien locataire du palais de Koulouba lui a remis avant son départ pour la Mecque en 2005. A cette occasion, ATT lui avait donné 1000 dollars à remettre à Toumani Djimé Diallo (en séjour à Paris) avec qui il s’est retrouvé à la Mecque.
Il s’est plaint des humiliations et injustices qu’il a subies avec sa famille avant et après le coup d’Etat du 22 mars. « Mon fils a été injustement détenu pendant 22 mois dans l’exécution d’un marché d’équipements au ministère de la Santé. C’est après les événements de mars 2012 qu’il a été libéré et le procureur a dit publiquement qu’il n’est pour rien concerné par cette affaire », a-t-il expliqué. Avant de marteler haut et fort n’avoir jamais rencontré le capitaine Amadou Haya Sanogo. « …Contrairement à d’autres qui dirigent le PDES aujourd’hui »
A propos du PDES, il s’est retrouvé « président par défaut « du parti après le putsch et avait dit à qui veut l’entendre qu’à son âge, il prendrait sa retraite politique au lendemain des élections générales de 2013. Ce qu’il a fait en remettant sa démission au vice-président N’Diaye Bah. Il a rappelé les deux commissions mises en place pour gérer la question des candidatures lors de la présidentielle (Ahmadou Abdoulaye Diallo) et les législatives (N’Diaye Bah). Et de conclure qu’ »il vaut mieux chercher les rats ailleurs dans le navire« . Même s’il a participé au combat du front anti-putsch, Ousmane Ba estime qu’ « il n’y a pas lieu d’aller à une opposition stérile, mais il faut se retrouver autour du président pour l’aider à gérer le problème essentiel, celui du Nord «
A propos du bilan d’ATT, il estime qu’il est partagé par toute la classe politique. « Personnellement, j’ai eu plus de frustrations que de bonheur pendant ces années et après ma démission, j’ai décidé de garder ma distance vis-à-vis du débat politique « , a-t-il conclu.
Bruno D SEGBEDJI