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Lettre aux acteurs du football malien

Chers frères et chères sœurs,

Il y a quelques jours, un ancien footballeur malien vivant à l’étranger m’a apostrophé par message en ces mots : ‘’Il faut trouver une solution au football. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu ». Je ne lui ai pas encore répondu. Je manque de réponse car je ne veux point user de la sempiternelle langue de bois.

Alassane souleymane journaliste sportif

Alors je me permets de reprendre ses mots dans leur entièreté et les adresser à, vous mes frères et sœurs,  acteurs et amoureux du football, de notre sport roi. Vous dirigeants de clubs, entraîneurs, techniciens et administrateurs, joueurs, dirigeants politiques, hommes de presse : sauvons notre football ! Ensemble nous apaiserons ce footballeur et de milliers d’autres inconditionnels anonymes , ici et ailleurs, meurtris par une crise qui nous enfonce tous les jours dans les abysses.

Ce n’est pas la FIFA qui fera notre football, c’est nous d’abord. L’instance internationale jouera  toujours son rôle d’encadrement et d’accompagnement mais aux acteurs maliens de tenir les commandes de leur football. Quelques soient nos divergences, nos différences, il n’y aura pas de football malien si le Djoliba et le Stade ne jouent pas sur le même terrain, si le COB et le Réal ne se croisent pas, si les Onze créateurs et le CSK ne foulent pas la même pelouse. Il n’y aura pas de football si le président du Djoliba et celui du LCBA ne se côtoient pas dans la loge du stade Modibo Keita et qu’à la pause, ils croquent quelques arachides grillées ensemble. Et que dire de ces ‘’passages’’ du stade Modibo Keita toujours réservés  depuis la construction de ce mythique stade aux supporters de deux grands clubs ? Qui n’est pas nostalgique de ces boutades et interpellations dans les gradins d’un camp envers l’autre, dans la bonne humeur, le fair-play, sous l’œil amusé de la presse et des dirigeants des deux formations ?

Nous pouvons encore sauver la maison Malifoot. Je me souviens encore, il y a quelques années entre 2004 et 2009, lorsque je faisais quelques éditoriaux sur la radio nationale, des mots par lesquels je décrivais les divisions et les tensions au sein de notre sport roi à travers l’instance dirigeante  ou les relations difficiles que cette dernière entretenait (ou entretient dirais-je) avec le département. Les mots clés étaient : égoïsme, amateurisme, mésentente, passivité, laxisme, etc.

Nous croulons, depuis 2002, sous le poids de ces mots (maux) qui ont traversé et miné les gouvernances successives. Nous avons bu le calice jusqu’à la lie à la  lumière des victoires manquées, des générations de footballeurs talentueux sacrifiés…

Le football malien est grandi et respecté  à l’extérieur, mais piétiné par nous-mêmes au Mali. Nous nous donnons en spectacle lorsque nos jeunes vont au-delà des océans nous donner des leçons d’humilité que nous ne semblons ni voir ni entendre. Le football malien a, à plusieurs reprises démontré sa force sociale à nous aider à maintenir les équilibres et l’espoir. En 2012, alors que le pays était coupé en deux, on parlait encore de la 8è région  du Mali par la présence du club Attar en championnat de Ligue 1.

Les péripéties consécutives à l’assemblée générale du 8 octobre 2017 nous interpellent sur le sacrifice à consentir, chacun à son niveau pour se surpasser.

Il nous faut bien nous entendre un jour sur un projet commun pour notre football. Lorsque nous dépasserons les passions, les aversions et les haines pour l’autre, nous retrouverons le droit chemin pour jouer au football. Je suis convaincu qu’avant toute bataille pour une instance faîtière, chaque acteur doit se battre pour son association d’appartenance d’abord. Le responsable d’une instance faîtière qu’est la fédération n’est là que pour les associations membres, les sélections nationales, la participation aux compétitions internationales et la politique de développement globale du football. Un dirigeant de club, de ligue ou de groupement professionnel doit d’abord s’interroger sur ce qu’il fait chaque jour pour ses sociétaires, pour animer au mieux son organisation. Un journaliste sportif est là pour informer le public, en tendant son micro à toutes les tendances. C’est la base. C’est le début. Si cela n’y est pas, point de débat sur le football ou sur l’instance dirigeante.

Le combat de tout responsable de club ou de ligue est de voir les joueurs jouer au football.

La solution à ce qu’on appelle notre crise est simple et loin d’être simpliste : chacun doit se demander comment faire pour que le football se joue et que les acteurs jouent, que le match de son équipe se joue. Si l’on se pose cette question et qu’on apporte sa réponse, la solution est trouvée. En trouvant la réponse à cette question, on éteindra  la passion et le feu qui couvent en soi, au plus profond. Car après tout, si nous enlevons la passion, l’émotion, nous trouverons la raison d’avancer. Avancer veut ici dire une chose : que les enfants jouent au football au Mali.

je sais que chacun peut, car en regardant dans le rétroviseur, ceux qui sont divisés aujourd’hui étaient ensemble, ont travaillé, ri et rigolé ensemble.

Si nous perdons la seule chance de jouer au football dans ce pays, nous aurons compromis l’avenir non pas des enfants, mais de notre pays. Pour tout ce qui nous reste encore. Comprendra qui voudra. Sportivement !

Bamako, le 28 novembre 2017

Alassane SOULEYMANE, Journaliste

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