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Les sapeurs du 31e prêts pour regagner le Mali et Djibouti

Quelques mois après leur retour sur l’opération Barkane, les sapeurs du 31e régiment du génie sont déjà en phase de préparation pour regagner le Mali et le Tchad. Avant de céder son commandement cet été, le chef de corps nous livre les temps forts de 2019.

Mali, Tchad, Burkina-Faso sur le dispositif Barkhane, République de Côte d’Ivoire, Djibouti, République Centrafricaine, Bénin, Liban avec la Finul, Irak dans le cadre de l’opération Chammal, sans oublier La Martinique et des incursions en Guyane pour soutenir les forces en présence luttant contre les orpailleurs clandestins… L’année 2018 a été chargée pour le 31e régiment du génie qui a confirmé son savoir-faire opérationnel et sa mutation comme régiment d’appui génie au sein de la 3e division (DIV).

Au total, ce sont 490 sapeurs à l’étoile chérifienne qui ont été déployés aux quatre coins du Monde. Parmi eux, le chef de corps en personne, le colonel Boris Vallaud qui est rejoint durant six mois consécutifs le chef d’état-major de la force Barkhane du moment le général Bruno Guibert, à N’Djamena (Tchad).

Prochaines Opex dès cet été

Avant de céder son commandement d’ici fin juin au colonel Catherine Busch (notre encadré), le patron du 31e sera mobilisé sur la préparation du prochain cycle de projections. Des opérations extérieures (Opex) qui débuteront dès cet été avec toujours un fort engagement en BSS (bande sahélo-saharienne) principalement au Tchad et au Mali.

En plus de la cinquantaine de spécialistes en énergie qui assurent au quotidien la production électrique des différents camps de l’armée de Terre sur l’opération Barkhane, le régiment est également en «réserve opérationnelle». À tout moment, les sapeurs castelsarrasinois sont mobilisables pour renforcer les forces déjà en présence en BSS avec dans leur sac à dos une compétence supplémentaire et pas des moindre celle de l’aérocombat.


Colonel Vallaud : «Nous avons créé un pôle d’innovation avec le retour d’expérience de la base»

Votre commandement s’achève donc cet été…

Absolument. Si le Cemat (chef d’état-major de l’armée de Terre) ne m’a pas encore communiqué mon ordre de mission pour mon prochain poste, mon successeur a été nommé : il s’agira du colonel Catherine Busch actuellement en poste à l’école de Saint-Cyr Coëtquidan. Enfin d’ici ma passation de commandement prévue le 25 juin prochain, ma mission est loin d’être achevée au sein du 31e régiment du génie…

Parlons-en…

De nombreux chantiers sont ouverts avant la reprise de la phase de projection. En premier lieu, un travail d’aguerrissement que nous avons entamé avec l’opération «Koumia», en janvier dernier où 405 de nos sapeurs ont relié durant une nuit de marche intensive Lauzerte à Castelsarrasin. En avril, nous continuerons avec «Koumia 2» sous la forme d’un pentathlon militaire durant 36 heures d’affilée.

À quoi doit-on s’attendre ?

À des franchissements nautiques vraisemblablement sur le Tarn face à l’école des Ponts. Il faudra beaucoup de rusticité et de technique à nos hommes qui seront mis à rude épreuve durant cet exercice.

À ce travail d’endurance, celui d’interopérabilité avec les autres régiments de la 3e division va aussi se poursuivre ?

Bien entendu, c’est capital. Jusqu’à cet été avant la grosse séquence de projections (Opex), nous avons plusieurs rendez-vous majeurs en ce sens avec les forces de la 3e DIV que ce soit avec la 2e brigade blindée d’Illkirch-Graffenstaden, 6e brigade légère blindée de Nîmes et la 11e brigade parachutiste de Balma. On va continuer à s’entraîner avec eux être prêts pour le jour «J» comme pour le grand exercice «Citadelle Guibert».

C’est votre certification aux normes Otan…

Exact. Nous serons mobilisés durant quinze jours sur le camp de Mourmelon, à Châlons. Cela sera un moment important dans notre process de maturité au sein de la 3e DIV et du régiment.

À l’exception de la projection de vos énergéticiens en BSS, quels seront les temps forts du prochain cycle opérationnel ?

En premier lieu, une mission d’un an sur la base de Djibouti, «l’école du désert» comme nous la nommons. Comme il y a deux ans, nous serons en auto relève avec quarante hommes en permanence pour assurer l’appui génie aux forces pré-positionnées sur ce secteur stratégique majeur. Nous aurons dans le même temps des hommes un peu partout. Bien entendu au Mali et au Tchad, toujours en Côte d’Ivoire et au Bénin, au Sénégal, au Liban, en Irak et encore en Nouvelle-Calédonie où la 1re compagnie de combat du génie est déployée depuis Noël dernier.

L’année dernière, le régiment a été mobilisé pour donner son expertise sur du nouveau matériel…

Le ministère des Armées nous a demandés, cette année encore de nous pencher sur des projets pilotes. Pour ce faire, nous avons créé un pôle d’innovation avec le retour d’expérience provenant de la base, celles de nos compagnies.

Cette «pépinière» comme vous l’aviez baptisé, a-t-elle émergé des projets concrets ?

L’un de nos sous-officiers EOD (expert contre les engins explosifs improvisés, NDLR), l’adjudant Geoffrey de la 22e compagnie d’appui qui revient d’Opex au Mali, travaille sur un système d’accroche à distance pour extraire une munition (mine antichar par exemple). Il a fait une maquette, un prototype pour obtenir des financements. Le sergent-chef Ahmed de la 971e compagnie d’électromécaniciens développe actuellement un lot de distribution énergie plus performant et rapide conçu pour les missions et exercices sur le territoire national (alerte ou 14 juillet) mais aussi pour les opérations extérieures afin d’apporter climatisation, électricité à un plus grand nombre notamment lors des ouvertures de théâtre en plein désert. Chacun selon son expérience du terrain peut proposer une innovation.

C’est aussi le 65e anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu…

Au vu de l’engagement du régiment en Indochine, nous serons bien entendu au rendez-vous. Cette journée de commémoration sera ponctuée par une soirée – débat intitulé : «Soldat d’hier, soldat d’aujourd’hui» au cinéma du régiment. À cette occasion, nous ferons intervenir des anciens d’Indochine et d’Algérie autour d’une table ronde thématique avec nos sapeurs de retour de BSS.

Chaque année le régiment est aussi mobilisé sur les festivités du défilé militaire des Champs-Élysées…

Nous serons là aussi présents cette année avec un contingent d’environ une trentaine de sapeurs pour un défilé motorisé qui sera alors sous le commandement de mon successeur.


Première femme à la tête du 31e

La nomination ce mois-ci par le général Bosser du colonel Catherine Busch pour remplacer en juin prochain le colonel Boris Vallaud en poste depuis juin 2017, est un événement en soi. Elle sera, de facto, la première femme à prendre la tête du régiment castelsarrasinois. Pas une première pour cette femme de 42 ans, mère de trois enfants et mariée à un officier. Le 14 juillet dernier, elle était déjà la première femme à défiler en tête des Champs-Elysées devant son bataillon de Cyrards qu’elle commande. Originaire de Moselle, Catherine Busch est entrée à Saint-Cyr en 1996 et a déjà derrière elle une belle carrière avec des projections au Kosovo, en Afghanistan ou encore au Mali au sein du 13e RG et 19e RG de Besançon. Diplômée de l’ESCP en audit-conseil, elle commande depuis 2015 la promotion «Saint-Hillier» forte de 130 sous-lieutenants à l’école de Saint-Cyr.

Max Lagarrigue

Ladepeche.fr

 

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