Par cette expression, on entend les dons et autres gestes de bonne volonté que font les hommes politiques à certaines populations dès qu’ils parviennent au pouvoir.
Au Mali, depuis l’avènement de la démocratie en 1991, nos hommes politiques et leurs épouses ont pris l’habitude de faire des dons aux populations sous forme de construction de salles de classes, de centres de santé, de forages et de châteaux d’eau, etc. Des élus nationaux et locaux leur ont emboîté le pas mais dans une cadence moindre eu égard aux moyens financiers que demande cette opération de charme.
Les hommes d’Etat de ce pays, provenant généralement de milieu pauvre ou moyen, ne sont capables de cet exploit que quand ils exercent le pouvoir suprême. Dans une vie antérieure, ils en furent incapables non par manque d’idées mais de moyens économiques et financiers. Quant à leurs épouses, auparavant simples ménagères effondrées sous le poids des charges familiales, elles en étaient réduites à faire du porte à porte pour assurer les condiments du jour. On imagine mal une ménagère remplissant le rôle d’un chef de famille dans un pays où sévit depuis trois décennies une crise économique aigue se lancer dans une opération de bienfaisance aux conséquences multiples, ou un fils de paysan ériger une digue à l’entrée de son village en trois mois même venant de Libye au temps de Kadhafi.
En Occident et en Amérique où les budgets gouvernementaux sont colossaux, les fils des chefs d’Etat et leurs épouses se gardent bien de se servir de l’argent public pour se rendre populaires contrairement aux pays du sud où le budget public leur sert de fer de lancement. Le fils du Général De Gaulle, l’amiral Philippe De Gaulle se contenta de son grade d’officier de marine pour exister et non profiter de la gloire de son père pour s’enrichir ou se faire un nom dans l’histoire. Dans la vie politique française contemporaine, seule Danielle Mitterrand, épouse de François Mitterrand, avec son ONG « France Libertés », osa intervenir dans la vie politique des pays africains, car elle avait constaté des excès dans l’exercice du pouvoir de certains chefs d’Etat africains et le monopole pour leurs épouses des marchés publics. Mais avec ses fonds propres à elle ! Même remarque pour Hilary Clinton, l’épouse de Bill Clinton dont la campagne électorale fut financée aux ¾ par le Parti Démocrate.
Mais chez nous, on confond volontairement torchon et serviette, et l’ambition et la prétention de venir en aide aux pauvres paysans et artisans n’inspirent nos hommes politiques que quand ils sont à Koulouba et qu’ils disposent aisément de l’argent public. Tout cela dénote d’un amateurisme notoire en politique chez nos responsables politiques qui par ailleurs ne font que lire des discours écrits pour eux (et qu’ils ne comprennent même pas) et sont incapables d’élaborer un vrai projet de société. Dans ces affaires de don aux populations, la magouille financière est évidente dans la mesure où les « généreux donateurs » n’en avaient pas les moyens auparavant ou alors dans la perspective des élections à venir soit pour être à Koulouba, soit à Bagadadji.
Alexis de Tocqueville, dans « la Démocratie américaine » le dit clairement : un parti politique qui en démocratie ne vise pas à assurer le progrès social et économique au peuple est appelé à disparaître du paysage politique tôt ou tard.
Que Dieu accorde longue vie à nos bons samaritains d’un autre âge pour que s’enfonce davantage le Mali dans la pauvreté.
Facoh Donki Diarra
(écrivain Konibabougou).
Source: Mali Tribune