L’année dernière, La Libye a appelé la communauté internationale, à apporter “plus de soutien” aux institutions compétentes afin de récupérer ses avoirs gelés à l’étranger et de lutter contre le blanchiment d’argent. C’était par la voix de Mohamed Mansali, directeur général du Bureau libyen de recouvrement des fonds et de gestion des actifs (Larmo) du gouvernement d’unité nationale, lors de son discours au Forum arabe sur le “Renforcement de la transparence et de la bonne gouvernance pour le développement durable”. Ce forum se tenait dans la capitale égyptienne, Le Caire, du 12 au 14 juin 2023. Il était organisé par la Ligue des États arabes et l’Organisation arabe pour le développement administratif, en coopération avec Transparency International.
Dans son discours, Mansali soulignait “l’importance des efforts concertés pour endiguer le pillage des richesses du peuple et récupérer les avoirs volés afin d’investir de manière à garantir un avenir meilleur pour la patrie”, tout en appelant à “davantage de soutien aux institutions libyennes concernées par le recouvrement des avoirs, et la lutte contre le blanchiment d’argent.”
Pour convaincre davantage de la nécessité d’une grande mobilisation pour traquer les fonds libyens “détournés par Kadhafi, sa famille et le réseau de proches”, Mohamed Mansali, directeur général du Bureau libyen de recouvrement des fonds et de gestion des actifs (Larmo) du gouvernement d’unité nationale, expliquait : “Nous comprenons que la communauté internationale puisse parfois avoir des difficultés à déterminer à qui elle peut faire confiance et avec qui travailler, mais ce n’est pas une raison pour permettre aux voleurs de richesse de continuer à piller de l’argent.
Les fonds pillés sont souvent utilisés pour financer le terrorisme et les organisations criminelles, et en les retirant des systèmes financiers mondiaux, nous contribuerons à atteindre plus de sécurité et de stabilité dans nos pays, ce qui affectera positivement la région et le monde entier”.
Il faut rappeler que, depuis des années, les gouvernements libyens successifs luttent pour récupérer les fonds du pays gelés dans un certain nombre de pays en vertu de la résolution 1973 de mars 2011 du Conseil de sécurité, dans le cadre des sanctions imposées au régime de Mouammar Kadhafi lors de la révolution qui l’a renversé au cours de la même année.
Au début de l’année 2023, le gouvernement d’unité nationale libyen a formé un bureau pour traiter ce dossier en coopération avec un certain nombre de pays à la suite de poursuites intentées par certains Etats visant à saisir ces fonds en contrepartie de leurs investissements bloqués en Libye en raison de la guerre.
Il n’y a pas de chiffre officiel sur le volume de ces fonds à récupérer, mais les responsables libyens estiment que, rien qu’en Europe, leur valeur serait à hauteur de 200 milliards de dollars, répartis sur un grand nombre de pays européens sous forme de biens de capital fixe, de dépôts, d’actions, d’obligations financières et d’investissements en nature.
Mais c’est surtout en Afrique, précisément en Afrique du sud qu’il y aurait le grand trésor caché de la famille Kadhafi. En effet, selon la presse sud-africaine, de l’argent, de l’or ou des diamants auraient été cachés par l’ex-dictateur. C’est pourquoi la Libye avait demandé au gouvernement sud-africain de l’aider à récupérer une somme de plus d’un milliard de dollars en argent liquide, or ou diamants, qui aurait été cachée par le colonel Mouammar Kadhafi en Afrique du Sud et dans les pays voisins, rapportait le Sunday Times dès l’année 2012, citant de nombreuses sources et correspondances officielles.
Des émissaires libyens ont approché le gouvernement sud-africain, à partir de novembre 2012, environ un an après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, exécuté en octobre 2011. Sans succès, malgré plusieurs promesses de faire avancer le dossier.
Les enquêteurs redoutent cependant que ces fonds ne regagnent des circuits de blanchiment à travers des société de financement ou de refinancement qui ont poussé subitement en Afrique du sud comme des champignons.
La plupart de ces sociétés ont aujourd’hui l’Afrique de l’ouest comme champ de développement de leurs activités à cause du besoin énorme de financement des activités économiques et surtout industrielles. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, des opérations financières d’investissement d’opérateurs économiques de pays de l’Afrique de l’ouest (principalement Sénégal, Guinée et Mali) sont sous haute surveillance afin d’en savoir davantage sur l’origine des fonds amenés par les partenaires.
Dans les milieux très sélectifs de l’investigation financière, des noms circulent dont ceux de personnes célèbres dans ces pays pour leurs investissements. Mais le sujet étant trop sérieux et trop sensibles, la prudence est de mise. Mais puisque les investigations coordonnées au plan international sont toujours en cours, les choses se préciseront sous peu.
Amadou Bamba NIANG
Journaliste et Consultant