L’enlèvement de Soumaila Cissé, illustre mieux que tout discours la faillite sécuritaire du régime IBK. Mais plus choquant a été l’attitude du Chef de l’Etat face à cette situation qui pourtant l’implique personnellement. Il a manqué d’humanité, de compassion et surtout de stature d’homme d’Etat.
En effet l’enlèvement du Chef de file de l’opposition Soumaila Cissé et le mépris avec lequel le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita a ignoré cette affaire très grave dans son adresse à la nation, alors même qu’il avait toutes les informations y afférentes, a enfoncé un clou supplémentaire dans le cercueil de la démocratie au Mali.
Le Président de l’URD, trois fois arrivé second dans toutes les élections présidentielles du pays auxquelles il a été candidat, est à tout le moins la deuxième personnalité politique du Mali, sinon la première quand on sait qu’il a été floué de sa victoire lors de la présidentielle de 2018. Son enlèvement, faute de gestion correcte de la part du Pouvoir IBK, en plus d’être une crise politique majeure, pourrait déboucher sur une crise de régime dans le pays.
En s’engageant dans cette campagne, le chef de file de l’opposition n’ignorait rien de la situation sécuritaire dans sa circonscription électorale. Il avait fait le pari avec le reste de l’opposition qui depuis 2016 au cours des communales avait décidé de ne pas laisser le pays se faire chiffonner par la seule volonté du pouvoir, malgré les conditions d’organisation déplorables desdites élections.
Dans la presse en ligne, il était question des menaces pour perturber sa campagne. Certaines de ces menaces étaient même imputées à un service spécial de l’Etat sans que le citoyen ait eu droit à un démenti.
A l’arrivée, aucun dispositif sécuritaire n’est venu appuyer ou confirmer la volonté de l’Etat à organiser des élections dans la stabilité, la protection du vote des citoyens ainsi que la sécurité et l’intégrité physique des candidats. C’est dire que la responsabilité de IBK, dans la situation faite à Soumaila Cissé n’est pas que politique ou morale, elle est personnelle en ce sens qu’elle relevé de la mise en danger de la vie d’autrui. Car c’est dans un entêtement incroyable que le Pouvoir IBK a imposé au Mali, l’élection des députés dans un climat d’insécurité totale.
Pour qu’il ne soit accusé de pactiser avec les réseaux terroristes à des fins de neutralisation d’adversaires politiques, le pouvoir IBK a tout intérêt de prendre des dispositions pratiques en vue de la libération immédiate de Chef de file de l’opposition et du reste de sa délégation. L’adversité politique ne peut tout justifier une inaction ou de calculs politiciens face à l’urgence de la libération.
Souleymane Koné, ancien ambassadeur.