Mercredi, peu avant minuit, une bombe a explosé à bord d’un train dans le delta du Nil, faisant quatre morts, dont deux policiers, et neuf blessés, ont déclaré des sources sécuritaires à l’agence Associated Press. Dans la même soirée, un autre engin explosif a blessé quatre passagers de la station de train Al-Marg, au nord-est du Caire, poursuivent les responsables. Jeudi matin, l’explosion d’une bombe artisanale a légèrement blessé une femme près du palais présidentiel Al-Qobba, à Héliopolis, rapporte le quotidien gouvernemental Al-Ahram.

Meurtrières. Cette triple attaque s’inscrit dans un contexte de guerre ouverte contre le terrorisme. Le gouvernement égyptien et son homme fort, le président Abdel Fatah al-Sissi, mènent une lutte acharnée contre les groupes jihadistes qui sévissent dans le Sinaï. Depuis plus d’un an, l’armée et les forces de police sont la cible privilégiée d’attaques meurtrières. Le 24 octobre, au moins 30 soldats ont été tués dans un attentat à la voiture piégée dans la péninsule sinaïtique. Il s’agit de l’agression la plus meurtrière contre les forces de l’ordre depuis le renversement de l’ancien président islamiste, Mohamed Morsi, en juillet 2013.

L’état d’urgence a été décrété pour trois mois dans cette région. Mais la menace dépasse les frontières du Sinaï, et ne touche pas seulement les forces de sécurité : fin octobre, une explosion devant l’Université du Caire a fait neuf blessés, dont quatre civils. Ce mercredi, deux civils figureraient parmi les victimes. A l’occasion de plusieurs déclarations, le gouvernement a tenu les Frères musulmans pour responsables de ces violences. Hasard du calendrier, l’Egypte passait le même jour devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. L’examen a lieu tous les quatre ans. Il s’agissait donc, pour Le Caire, d’une première depuis la révolution de 2011. Les pays alliés, comme l’Arabie Saoudite, ont salué les efforts menés par le nouveau pouvoir pour lutter contre le terrorisme. D’autres, à l’instar des Etats-Unis, ont exprimé leurs préoccupations quant aux mesures du gouvernement limitant les libertés de la société civile. Parmi elles, la loi sur les manifestations qui a engendré la récente condamnation à trois années de prison de 23 militants pro-démocratie.

Méconnaissance. De son côté, le régime égyptien s’est défendu de toutes atteintes aux droits de l’homme dans son pays. Les critiques exprimées révèlent, selon lui, une méconnaissance de la situation en Egypte. «Quelle est la place pour les droits de l’homme quand on sait ce qui se passe dans les rues égyptiennes ? plaide à son tour Abdel Rahmen Ali, expert au Centre de recherche arabe, une institution proche des services de sécurité. On vit une guerre contre l’armée et les forces de l’ordre. Des gens ont tué trente soldats dans le Sinaï, pourquoi nous parlez-vous des droits de l’homme ? Ceux qui organisent une manifestation en France n’ont-ils pas besoin de permis ?»

Source: liberation.fr