Le Tchad ferme sa frontière avec la Centrafrique, déchirée par les violences depuis plus d’un an, a annoncé lundi la présidence tchadienne, à l’occasion d’une tournée du président Idriss Déby Itno dans le sud du pays.
“Le Tchad ferme ses frontières communes avec la République centrafricaine”, indique la présidence sur son site internet.
Le président Déby effectue depuis le 8 mai une tournée dans le sud du Tchad, le long de la frontière avec la Centrafrique, plongée dans une crise sans précédent depuis plus d’un an.
“Vous êtes à moins de 20 m de la frontière avec la RCA (République centrafricaine). Sachez dès aujourd’hui que notre frontière avec ce pays est hermétiquement fermée”, a déclaré dimanche le chef de l’Etat aux populations de Daha, ville frontalière du sud-est.
“Tout Tchadien qui désire rentrer chez lui avec ses biens, nous lui ouvrirons grandement la frontière. Mis à part ce cas précis, personne n’est autorisé à franchir cette frontière jusqu’à ce que la crise centrafricaine soit résolue”, a-t-il ajouté.
M. Déby a également promis “d’augmenter substantiellement le nombre des forces de défense et de sécurité dans cette zone pour mieux sécuriser la population”, selon le site de la présidence.
Les autorités tchadiennes veulent notamment éviter des infiltrations de combattants au Tchad. Des combattants tchadiens sont aussi régulièrement accusés de passer en territoire centrafricain et de contribuer à y semer le trouble.
La fermeture “hermétique” de la frontière côté tchadien sera toutefois difficile à mettre en oeuvre, dans une région extrêmement poreuse avec plus de 1.000 km de frontière commune.
La Centrafrique, pays à 80% chrétien, a connu en mars 2013 la prise de pouvoir du chef rebelle Michel Djotodia, à la tête de l’ex-coalition rebelle Séléka, en majorité musulmane.
Depuis sa chute en janvier 2014, les civils musulmans, associés par la population à la Séléka, subissent de la part des milices chrétiennes anti-balaka de nombreuses exactions.
Près du quart des 4,6 millions d’habitants de la RCA ont été déplacés par les violences, en majorité des musulmans.
Environ 200.000 personnes ont fui le pays, principalement vers le Tchad et le Cameroun voisins, dont beaucoup sont originaires. Le nombre de réfugiés pourrait atteindre 360.000 d’ici la fin de l’année, selon l’ONU.
Le Tchad, qui joue un rôle politique et militaire majeur en Centrafrique depuis des années, a retiré en avril l’ensemble de son contingent engagé dans ce pays au sein de la force africaine (Misca).
© 2014 AFP