L’hôtel de l’Amitié, érigé à quelques pas du fleuve Niger dans le quartier populaire de Bozola, reste incontestablement une référence dans le paysage hôtelier de notre pays. Plus qu’un hôtel, il est un élément du patrimoine national. Selon nos informations, sa construction remonte au début des années 1960, juste après l’indépendance du Mali.
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En effet, le Mali et l’Egypte faisant partie du mouvement des pays non alignés, le président Gamal Abdel Nasser, désireux d’aider son homologue malien Modibo Keïta, un panafricaniste convaincu, décida de faire don à notre pays d’un établissement de standing international pour accueillir les délégations sportives devant participer aux Jeux africains de 1969.
Les travaux débutèrent en 1965. Des entreprises égyptiennes étaient chargées de la grosse œuvre tandis que celles du Mali devaient s’occuper des finitions, du mobilier en bois, de la décoration ou encore des fournitures en cuir. Deux ans plus tard, alors que le chantier était déjà bien engagé, la guerre des Six-Jours éclata entre l’Égypte et Israël. Cela va durement impacter le projet. Mais le président Nasser aurait promis d’achever la construction même si «le peuple allait se nourrir de l’eau et du pain sec».
Le cours de l’histoire en a décidé autrement. Le président Modibo Keïta a été renversé par les militaires en novembre 1968. Ce qui donna un coup d’arrêt aux travaux. Plus tard, le chantier a repris grâce à un accord de coopération avec l’Allemagne. Baptisé en hommage à l’amitié entre le Mali et l’Égypte, l’hôtel de l’Amitié a ouvert officiellement ses portes en 1977.
Avec ses 16 étages, 191 chambres, des restaurants de luxe, des salles de réunion et de spectacle, une piscine, un immense jardin, l’hôtel de l’Amitié a longtemps été exploité par la société hôtelière française UTH qui deviendra par la suite Sofitel. Cet hôtel qui n’a pas encore son semblable au Mali en termes de hauteur, a été parfois au cœur de l’histoire, par exemple en juillet 1989, quand il abrita une rencontre déterminante entre Hissène Habré et Mouammar Kadhafi pour tenter de régler l’interminable guerre entre le Tchad et la Libye.
Comme la plupart des sociétés et entreprises d’Etat, l’hôtel de l’Amitié connaitra des difficultés de fonctionnement. En 1998, il sera vendu à l’Etat libyen. Depuis, l’établissement de luxe porte désormais le nom de Laïco hôtel de l’Amitié de Bamako. Le nouveau propriétaire a dû investir plusieurs milliards de Fcfa pour que l’établissement renoue avec sa splendeur, avec le grand luxe pour accueillir des visiteurs de marque, dont des chefs d’Etat.
Madiba KEITA
Source: L’Essor- Mali