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…. le professeur Clément Dembélé, potentiel candidat à la présidentielle de 2018 : ” Le Mali ne s’en sortira jamais avec les partis politiques… Partout au Mali, je peux apporter l’électricité “

Après avoir confirmé son intention de se présenter à la prochaine présidentielle, le Professeur Clément Dembélé qu’on a l’occasion de mieux connaître à travers cet entretien exclusif, explique comment il se prépare et en quoi sa démarche et sa vision sont en rupture avec ce qui se fait jusqu’à présent au Mali. Entretien !

Aujourd’hui-Mali : Professeur, si on vous demandait de vous présenter à nos lecteurs pour qu’ils puissent bien vous connaître. Que diriez-vous ?

Professeur Clément Dembélé : Je suis le Professeur Clément Mahamadou Dembélé. Je suis d’origine Miyanka et je suis le 8è enfant d’une fratrie de 12 filles et 3 garçons. Nous sommes donc 15 et je suis le premier garçon. Ma mère est une Peul originaire de Bakassi. J’ai fait mes études primaires ici-même à l’école Banconi-Plateau. Après j’ai fréquenté le Lycée Biagui, puis l’Ecole normale supérieure. Ce qui m’a permis après d’aller à Montréal au Canada où j’ai soutenu ma thèse de Doctorat en philosophie sur la thématique de l’histoire de la pensée politique et philosophique et après j’ai fait un bref séjour aux Etats-Unis d’Amérique, à Boston, à l’Institut technologique de la recherche. C’est après que je suis revenu en France pour ma deuxième thèse de Doctorat, cette fois-ci en littérature générale et comparée, option politique. Ainsi j’ai travaillé sur la littéralité du discours politique et sa représentation épique, c’est-à-dire sur le discours politique et ses impacts sur le mécanisme psychique. En d’autres termes, comment amener la politique dans la stratégie de développement et comment amener le discours dans son cadre de rassemblement en tenant compte de l’effet de la communication et de la métacommunication.

Après mes études, je suis devenu enseignant chercheur et j’ai échelonné à différents niveaux pour être aujourd’hui Professeur des universités. J’interviens également au Mali, notamment à l’Ipr de Katibougou où je donne des cours de méthodologie de la recherche et de marketing agricole en agrobusiness, au niveau licence. Au Mali aussi, je forme chaque année entre 1000 et 1 500 jeunes dans la création d’entreprise, parce qu’en plus de mes doctorats, j’ai fait un Master 2 en Gestion des ressources humaines, option mangement des hommes et des organisations. Ce qui m’a permis, en France, d’intervenir auprès de différentes entreprises pour former des jeunes créateurs d’entreprises.

J’apporte cette expertise au Mali pour former des jeunes et les inciter ainsi à créer des entreprises. C’est pour leur montrer aussi comment consolider les entreprises. Et cela, je le fais à mes charges parce que, quand on m’appelle, je paie moi-même mon billet d’avion pour venir au Mali et c’est moi qui paie la location de la salle, c’est moi qui prends tout en charge. Je forme ces jeunes-là pour leur donner l’amour de la création d’entreprise parce qu’on sait que, aujourd’hui, l’université malienne ne fabrique que des chômeurs. Pour pallier cela, il faut donc prendre ces jeunes en charge, s’en occuper pour leur montrer qu’on n’a pas besoin d’avoir des millions pour créer une entreprise car toutes les grandes entreprises ne sont pas créées avec beaucoup d’argent. C’est une façon de donner confiance à ces jeunes et les inciter à aller vers le privé et non vers le fonctionnariat.

On a une mauvaise culture au Mali, en faisant croire aux jeunes qu’il faut être fonctionnaire d’Etat pour être riche. C’est faux ! Si on est fonctionnaire d’Etat et on est riche, c’est qu’on vole. Il est clair que le Pays ne se développera pas avec cette méthode de vol organisé. Quand on veut travailler et maximaliser le profit, c’est dans le privé, dans l’entrepreneuriat. En tout cas, pour être autonome, indépendant dans la vie, on ne choisit pas d’être fonctionnaire.

Mais justement Professeur, avec tout ceci, vous revenez vivre dans ce quartier populaire, votre Banconi natal, où vous résidez. D’autres, à votre place, auraient migré vers les quartiers huppés où se regroupent les nouveaux riches, comme l’Aci 2000 par exemple, pour y résider. Est-ce un choix délibéré ?

J’ai une maison à l’Aci 2000 et qui est plus grande que celle de Banconi. C’est juste à côté de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique à l’Aci 2000. Je n’y habiterai pas. C’est vrai que c’est ma maison, mais Banconi c’est chez moi. J’ai grandi ici à Banconi où toutes les rues, toutes les maisons portent mes empreintes digitales. C’est là où je trouve que je suis moi-même et il faut que je reste moi-même. C’est là où il y a deux choses qui se passent, notamment mon existence et ma vie. Quand je suis à l’Aci j’existe, mais je ne vis pas. Quand je suis à Banconi j’existe et je vis. J’appartiens à cette population qui reflète la réalité même du Mali. En effet, quand on veut aller chez le Professeur Clément Dembélé, il ne faut pas qu’on roule sur le goudron ou qu’on vienne sur les talons. Mais il faut qu’on vienne traverser ces quartiers populaires, qu’on croise ces pauvres et ces enfants pieds nus dans les rues, qu’on rentre chez le Professeur et qu’on dise, finalement, il est là. Parce que c’est là où je vis. C’est chez moi ici et je vivrai ici parce que chaque fois que je suis ici je deviens moi-même donc j’ai besoin d’être ici.

Professeur, on dit que vous envisagez d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Est-ce vrai ? Si oui, qu’est-ce qui vous motive ?

Je ne vais pas vous démentir aujourd’hui et je vais vous préciser que j’ai programmé un processus. Vous savez, il faut une nouvelle doctrine politique au Mali, une nouvelle école de pensée. On sait que la colline a accouché de souris. Il y avait un parti politique au Mali, qui a donné naissance à plein de partis politiques qu’on connaît aujourd’hui. Cette répétition sans fin est un piège pour le peuple malien à qui on répète toujours les mêmes choses, les mêmes programmes, les mêmes recettes, les mêmes mensonges. Aujourd’hui, il faut amener une nouvelle pensée politique, une nouvelle école de pensée basée sur la sincérité, la franchise et la vérité. Ce que je propose aujourd’hui, c’est un débat politique d’idées. Lorsqu’on dit qu’on va reformer l’école malienne, on dit comment reformer l’école malienne. Quand moi je dis qu’il faut régler le problème de l’électricité, je le dis et je le répète, que je peux donner l’électricité à tous les Maliens. Partout au Mali, je peux apporter l’électricité, à tout le monde, pour qu’au bout de cinq ans, cela revienne à zéro franc et je ne prendrai pas l’argent de l’Etat malien, je n’augmenterai pas non plus la dette du Mali. Si je le dis, c’est parce que j’ai ma solution. Je veux donc que tout le monde se retrouve aujourd’hui, intellectuellement et non politiquement, pour faire ce débat d’idées. Moi j’ai décidé, au lieu de courir derrière Koulouba, de courir d’abord derrière le peuple malien et j’ai parcouru le Mali.

Cela veut-il dire, Professeur, que vous vous êtes préparé pour la prochaine présidentielle ?

Je suis en train de rencontrer le peuple. Je me suis dit que certains sont en train d’annoncer leur candidature parce qu’ils sont pressés d’aller à Koulouba. Moi, je suis pressé de rencontrer le peuple malien, d’échanger, de comprendre. Vous savez, celui qui ne comprendra pas le peule malien, ne comprendra pas les jeunes maliens, ne va pas détecter le vrai problème dans sa profondeur, le malaise social, il sera pire qu’IBK parce que cette fois-ci les Maliens ne se laisseront pas faire pendant quatre ans pour qu’on vienne leur dire qu’on s’est réveillé. Ça ne se passera plus comme ça.

Mais quelle est précisément votre démarche ?

Mon travail, disons ma démarche, c’est donc le travail de diagnostic politique en allant vers le plus profond du Mali pour rencontrer les Maliens, échanger avec eux, les écouter et faire une base de données des problèmes, parce que si on est à Sikasso ce n’est pas le même discours sur le Mali que lorsqu’on est à Kayes. Ce n’est pas le même qu’à Mopti. C’est comme s’il y avait plusieurs Mali dans le grand Mali. Il faut donc écouter et comprendre les Maliens. Quand on finit ce travail, on fait un projet de société basé sur cette réalité socioéconomique du peuple malien et le soumettre au peule malien qui va critiquer à travers ce que j’ai nommé une Concertation populaire et citoyenne et qui sera basée sur la sincérité. C’est aux Maliens de dire : Voilà notre projet de société. Voilà la réponse que le Professeur apporte à nos problèmes, mais Professeur, nous voulons que tu ajoutes cette partie et nous voulons que tu rajoutes cela. C’est à dire que, pour la première fois dans l’histoire du Mali depuis l’indépendance, le peuple malien construira son propre projet de société en précisant dans quel Mali nous voulons vivre, nos solutions pour l’eau, l’électricité, l’emploi, la sécurité, l’autosuffisance alimentaire, l’industrialisation économique, en précisant ce que nous voulons voir, comme le renforcement de la société civile pour lui donner une autonomisation vis-à-vis de l’espace politique et comment on doit faire pour la moralisation de la vie politique. Quand on arrivera à ça, on fera notre programme politique. Voilà ma démarche car ce projet de société sera celui du candidat du peuple malien.

Mais peut-on savoir comment vous faites pour prendre ces préoccupations du peuple malien ?

Quand les associations et les mouvements se sont rassemblés et m’ont fait appel pour qu’on apporte notre contribution dans la construction citoyenne et républicaine, j’ai posé cette condition : il faut qu’on aille rencontrer les Maliens car c’est eux qui savent dans quel Mali on veut vivre, le Mali qu’on veut laisser à nos enfants. A partir de là, quand on analyse, on se rend compte que le problème, fondamentalement, est un problème de gestion administrative et financière. C’est un problème humain qui se pose. C’est une question de volonté politique qui manque. Ce n’est pas la ressource qui manque dans ce pays. Le Mali est l’un des pays les plus riches. Nous avons tout dans ce pays pour réussir. Mais des générations de mafieux ont pris le pays en otage et se sont basés sur deux choses : la démagogie et les réseaux de corruption. Ils vivent de ça. Ils n’ont jamais aimé le Mali. Ils n’ont pas la solution. Et la dernière chose, c’est que le Mali ne s’en sortira jamais avec les partis politiques et surtout avec leur discours politique car si la politique politicienne pouvait régler les problèmes du pays, on n’en serait pas là.

Aujourd’hui, nous sommes à 200 partis politiques. Nous sommes le pays le plus mal en point et les politiques n’ont pas la solution. Aujourd’hui donc, il faut se mettre au-dessus de la mêlée en allant au-delà de la question politique pour rassembler les Maliens autour de l’unique question qui n’est pas qu’est-ce qu’on doit faire ? Mais voilà la solution à appliquer, avec de véritables réformes et l’effort collectif. Ça peut être difficile, mais il faut mettre le train sur les rails. Il faut qu’on démarre, on ne peut plus attendre.

Justement Professeur, on voit de plus en plus des plateformes à la place des partis politiques, qu’en pensez-vous ?

On voit tous les jours des mouvements et des plateformes. Vous allez dire que j’en fais partie, mais il faut qu’on se rassemble. Je fais appel à ceux qui sont des faux candidats. On n’a pas besoin de mettre 22 joueurs dans une équipe pour jouer au football. De toutes les façons, on ne sera pas plus de 11 joueurs pour constituer l’équipe sur le terrain. Aujourd’hui, on doit se poser la question, si nous aimons tous le Mali, qu’est-ce qui nous empêche d’aller au-delà des egos pour nous rassembler. En nous multipliant, cela ne peut que fragiliser les voix. Mais il ne s’agit pas de se rassembler avec ceux qui ont les mains sales ni de se rassembler en termes de réseaux de mafieux. Je ne lance pas un appel pour dire qu’il faut qu’on se mette d’accord pour tout simplement choisir un candidat. Parce que les candidats qui pendant 27 ans ont géré ce pays, comme député, président d’un regroupement ou étant à la tête d’une institution et n’ont rien fait dans ce pays, il ne s’agit pas de ceux-là. Il faut un candidat qui a le sens patriotique et qui oublie un instant sa personne. Notre devoir de génération, aujourd’hui, c’est une imposition morale et intellectuelle que de dire la vérité aux Maliens, de faire les choses avec sincérité. Ceux qui veulent gagner de l’argent, qu’ils aillent faire l’agriculture, le Mali en a besoin car ils vont lutter pour l’autosuffisance alimentaire et contre le chômage. On ne fait pas de la politique pour s’enrichir. Quand on vient aussi chercher le pouvoir parce qu’on veut faire es règlements de comptes, je dis non ! Le Mali n’est pas dans cet état. Le Mali, c’est comme notre maman, c’est la patrie-mère. Elle est malade. Qu’on cesse nos règlements de comptes, nos rancunes, nos petits calculs et qu’on s’occupe de notre maman, on la soigne. Elle sera guérie, nous allons nous occuper de nos conflits. Mais pour l’instant, le Mali n’a pas besoin de ces règlements de comptes. Il y a des gens qui ne respectent même pas la démocratie ni la Constitution avec des choses qui se sont passées il y a quatre ou cinq ans dans ce pays. S’ils respectaient le Mali, la démocratie et la Constitution, ils n’allaient pas poser des actes qui nous ont mis dans le chaos total.

Aujourd’hui ils sortent. Pourtant, pendant quatre ans ils étaient là, dans ce pays et je ne les ai pas vu quitter les privilèges que IBK leur avait donnés pour dire qu’ils s’opposent. A six mois des élections, ils sortent pour dire aux Maliens de leur faire confiance, après avoir pris tout le jus. On ne peut pas faire confiance à quelqu’un qui a participé à mener le pays là où il est actuellement et au dernier moment il saute du bateau pour fuir.

Avez-vous reçu des soutiens de leaders d’opinion ou d’organisations de la société civile ?

Dans le cadre de notre regroupement appelé Convergence patriotique pour le changement au Mali, Cpc Maliko, nous comptons 83 associations et mouvements et nous continuons de recevoir de grandes personnalités apolitiques et aussi politiques, mais qui n’ont pas les mains sales et qui nous apportent leur soutien. Nous attendons le bon moment pour déclarer leur soutien. Il y a de grandes organisations nationales, de grandes corporations, qui attendent simplement qu’on se lance pour nous exprimer leur soutien et ils vont nous aider. C’est juste une question de semaines.

Nous sommes en pleine préparation et nous allons montrer cette fois-ci aux Maliens une autre façon de faire la politique, notamment avec de la solution et non avec du mensonge. Ce que nous proposons de faire, qu’on nous demande comment on va le faire. En d’autres termes, qu’on nous pose les cinq questions majeures : qu’est-ce que vous faites ? Qui sont impliqués, donc les acteurs ?  Quand allez-vous le faire ? Où est-ce que vous allez le faire? Et pourquoi vous allez le faire? Ce sont les cinq questions majeures que je demande au peuple malien d’imposer à chacun des candidats à la présidentielle.

Et votre dernier mot ?

Que le peuple malien sache que dans sept mois, le monde entier nous regardera et va juger de notre grande maturité. Le peuple malien doit faire la différence entre les politicards, les politiciens et les hommes d’Etat. Le peuple malien doit se rassembler parce qu’on ne construira jamais le Mali avec un parti politique ni avec une institution, mais avec des Hommes. Donnons aux Maliens ce qui appartient aux Maliens. Nous n’allons pas voter parce que c’est un parti politique ou parce qu’est quelqu’un qui vient nous raconter des mensonges. Nous allons voter pour le candidat qui apporte la solution aux Maliens.

Réalisé par Amadou Bamba NIANG   

 

Source: Aujourd`hui mali

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