Le Mali et le Niger sont deux pays liés par l’histoire et la géographie qui ont choisi de travailler ensemble pour faire face aux défis du moment
Le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qui a pris part vendredi à l’investiture du président de la transition du Burkina Faso était samedi à Niamey pour une visite de travail et d’amitié d’une journée. Il était 10h24 minutes lorsque l’avion présidentiel à atterri à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey. Au bas de la passerelle, le président Mamadou Issoufou, le Premier ministre Brigi Rafini et l’ensemble des corps constitués. Le chef de l’Etat était accompagné d’une importante délégation comprenant le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Bah Daou, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Porte-parole du gouvernement Mahamane Baby et celui du Développement rural, Bocari Tréta.
Après le salon d’honneur, les deux personnalités ont eu un tête à tête dans un bureau du palais présidentiel avant de codiriger une séance de travail élargie aux deux délégations. A l’issue de cette séance, un communiqué conjoint a été publié et les deux chefs d’état ont animé un point de presse.
Dans toutes les interventions, comme dans le communiqué final, il apparait clairement une identité de vues entre les parties maliennes et nigérienne.
Le Mali et le Niger sont deux pays liés par l’histoire et la géographie, qui ont destin commun et qui ont choisi de travailler ensemble pour faire face aux défis du moment. Ces défis sont les questions de sécurité, la lutte contre les criminalités en tous genres, les trafics et l’instabilité dans la bande sahélo-saharienne.
. Ibrahim Boubacar Keïta a vivement remercié le président Mamadou Issoufou et le peuple nigérien pour leur appui depuis l’éclatement de la crise malienne. Il a longuement mis l’accent sur la constance de la position nigérienne. Il a ajouté que si tous les voisins du Mali avaient fait preuve de la même constance, il y a longtemps que la crise serait réglée. « La sécurité du Mali est une question de sécurité intérieure du Niger », a répondu Mamadou Issoufou. Il a rédit ce qu’il avait au président de la transition Dioncounda Traoré. « Quand le Mali est attaqué, le Niger se sent attaqué ».
Le président Ibrahim Boubacar Keïta enchaîne en indiquant que la solidarité entre nos Etats est un impératif. Il suffit pour s’en convaincre de voir ce qui se fait ailleurs, avec la constitution de grands ensembles. Le président nigérien a soutenu que son pays reste aux côtés du Mali.
Ibrahim Boubacar Keïta est revenu sur les liens d’amitié qui le lient au président nigérien. C’est une amitié d’un quart de siècle dont l’un des points marquants a été la présence d’IBK au congrès constitutif du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, la formation de Mahamadou Issoufou en 1991. Depuis lors une amitié s’est nouée entre les deux hommes qui ont en charge la gestion des deux pays.
Ibrahim Boubacar Keïta a aussi relevé que les autorités nigériennes, notamment le ministre des Affaires étrangères défendent dans les tribunes internationales, une position dans laquelle, le Mali se reconnait. Le chef de l’Etat appelle à travailler à décoder les malices et à identifier les vraies menaces. Pour cela, il existe déjà une proximité idéologique.
Mahamadou Issoufou a dit avec fermeté que son pays est pour un Mali uni, démocratique et laïc. « Nous ne ferons jamais de concessions sur ces valeurs ».
Le Mali veut la paix. Il est engagé avec fermeté dans le processus de paix à Alger. Il aspire aujourd’hui à un nouveau départ. Pour lui, rien n’est compromis.
Il ajoute que tant que le Niger et le Mali restent sur cette voie, les deux pays iront assez loin.
Ibrahim Boubacar Keïta qui a indiqué qu’en réalité même s’il a mis du temps à se rendre au Niger, il est en contact étroit avec son homologue et les deux pays même beaucoup de choses de concert.
Il a aussi rendu hommage aux soldats nigériens tombés en terre malienne et invité à redoubler de vigilance pour mettre fin à cette situation. Il salue dans ce cadre le renforcement de la mission de la MINUSMA et invite à une riposte appropriée dace aux forces négatives.
A. LAM
LE NIGER OUVRIRA UNE AMBASSADE A BAMAKO
A l’issue de la séance de travail que Maliens et Nigériens ont eu à l’occasion de la visite de travail et d’amitié à Niamey les deux parties ont rendu public un communiqué conjoint qui a été lu par le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Porte-parole du gouvernement, Mahamane Baby.
Le texte indique que « les deux chefs d’Eta se sont félicités des liens historiques de fraternité et de solidarité agissantes existant entre les deux pays et ont exprimé leur volonté de redynamiser cette coopération ».
Il a été instruit aux deux ministres des Affaires étrangères de convoquer, dans les délais les meilleurs, la 8ème session de la Commission mixte nigéro-malienne de coopération. Mahamadou Issoufou s’est réjoui du bon déroulement des dernières législatives et saluer le peuple malien pour la maturité dont il a fait preuve.
IBK a remercié le président et le peuple nigériens pour l’accueil chaleureux, l’hospitalité et le soutien constant que le Niger continue d’apporter à notre pays.
Les deux chefs d’Eta ont déploré et condamné les attaques sans cesse croissantes des terroristes au Mali et dans les régions frontalières du Niger. Ils se sont félicités du déploiement de la MINUSMA et appelé la communauté internationale à apporter son soutien matériel, financier et technique attendu par l’organisation des Nations unies. « Ils ont rendu un vibrant hommage aux hommes civils et militaires déployés au Mali dans le cadre de cette opération des Nations Unies », lit-on dans le texte.
Déplorant les évènements survenus à Kidal le 21 mai dernier, les deux chefs d’Etat ont souligné la nécessité du désarment de tous les groupes armés, conformément aux accords de Ouagadougou.
Mahamadou Issoufou et son hôte « exhortent vivement tous les mouvements armés maliens à renoncer à la lutte armée, à rompre avec AQMI, rejeter le terrorisme, à reconnaître l’intégrité et l’unité territoriale du Mali ainsi que la forme républicaine et laïque de l’Etat, en vue d’une issue négociée de la crise que connait le Mali ». Ils se félicitent de la poursuite à Alger, à l’initiative louable du président Abdel Aziz Boutéflika des discussions inter-maliennes et ont formulé le vœu qu’elles débouchent rapidement sur un accord définitif prenant en compte l’indivisibilité du Mali.
Les deux chefs d’Etat renouvellent leur engagement à promouvoir la coopération et le partenariat entre les forces de sécurité et de défense des deux pays, notamment dans la zone frontalière pour combattre et neutraliser les réseaux terroristes, les enlèvements crapuleux, les trafics illicites d’armes, de drogues et de substances toxiques ».
Au plan régional, IBK et Issoufou ont salué la création du G5 su Sahel et procédé à l’examen de la situation sociopolitique qui prévaut sur le continent. Ils expriment leur vive préoccupation face à la dégradation de la situation en Libye et réaffirment leur volonté de conjuguer les efforts en vue d’aider le peuple frère libyen à retrouver la paix, la stabilité et l’unité. Les deux présidents ont ensuite condamné le terrorisme et appelé à son éradication.
Sur un autre plan, ils ont exprimé leurs préoccupations face à l’épidémie de la maladie à virus Ebola et à ont convenu de mutualiser leurs efforts et les moyens pour combattre cette maladie et renforcer les mesures préventives.
Le Niger a décidé d’ouvrir très prochainement une ambassade à Bamako, indique le communiqué conjoint.
Le président IBK a invité son homologue nigérien à effectuer une visite officielle au Mali. L’invitation a été acceptée et la date sera précisée d’un commun accord par voie diplomatique.
Avant de quitter Niamey, le président Ibrahim Boubacar Keïta a rencontré la communauté malienne. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.
A. L.
SOURCE / ESSOR