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Le pétrole malien, mythe ou réalité

Selon des estimations, le Mali pourrait extraire environ 900 millions de barils sur une période de 25 ans à partir du bassin de Taoudéni

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 Le gouvernement malien a travaillé fébrilement depuis 2004 pour relancer l’exploration pétrolière et rejoindre le club des producteurs de pétrole de l’Afrique de l’Ouest. L’adoption en 2004 d’un nouveau code pétrolier, la délimitation de quelques 700 000 km² de territoire à travers le nord, la création d’une société nationale de recherche et d’exploration pétrolière (AUREP) relevant du ministère des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, ont permis d’accélérer considérablement les activités d’exploration.

Depuis sa création, l’AUREP a réussi à attirer cinq grands investisseurs pétroliers, notamment la Baraka Petroleum Limited. Les blocs d’exploration mis en place par l’AUREP sont concentrés dans cinq grands domaines,  le plus important étant le bassin de Taoudenni qui se trouve au nord de Tombouctou et couvre une superficie de plusieurs centaines de milliers de km² au long de la frontière mauritanienne. Le leader de la course pour le pétrole malien était Baraka Petroleum Limited. La compagnie australienne fut la première à signer des accords de partage de production avec le gouvernement malien en 2004, ressuscitant ainsi la quête d’hydrocarbures à Taoudéni après deux décennies d’abandon.

En 2005, deux autres firmes australiennes, la Trans Ocean Securities et Sphere Investments, rejoignirent la liste des prospecteurs de pétrole opérant au Mali. Selon des rapports, les études géologiques et sismiques de Baraka à Taoudenni avaient donné des résultats encourageants. Ces études marquaient les premiers examens complets du bassin de Taoudenni. En 2006,  les bassins d’Ahnet et d’Illizi produisaient environ 1,23 million de barils de pétrole brut par jour. Selon les estimations, le Mali pourrait extraire environ 900 millions de barils sur une période de 25 ans à partir du bassin de Taoudéni.

La découverte de plusieurs réserves de pétrole et de gaz a incontestablement le potentiel de transformer l’économie malienne. Le pays dépense chaque année des milliards de FCFA sur l’importation du pétrole, soit environ 20% de toutes ses importations. L’ancien directeur

de l’AUREP, M. Simpara et les élus du nord relevaient haut et fort les avantages potentiels de l’exploitation pétrolière, en particulier pour les pauvres populations de ces régions. De nombreux habitants considéraient la découverte du pétrole, non seulement comme une opportunité de relance économique pour tout le pays, mais aussi comme un moyen de créer des emplois et de développer les infrastructures.

Cependant, tout le monde n’est pas aussi optimiste. Selon un haut fonctionnaire de TOTAL Mali, la viabilité économique des extractions de pétrole et de gaz dans les régions géographiquement isolées du nord du Mali est au mieux discutable. Beaucoup considèrent le climat d’investissement comme inhospitalier. De plus, à raison de 2,5 milliards de FCFA par kilomètre de pipeline, ce serait difficile pour le Gouvernement du Mali d’attirer des investisseurs disposés à absorber les coûts élevés associés à la construction et à la sécurisation de pipelines s’étendant tout le long des côtes mauritaniennes ou algériennes. L’instabilité politique régionale et les activités terroristes sont également des obstacles importants à l’extraction et au transport du pétrole dans ce qui est déjà l’un des climats les plus inhospitaliers sur terre. Il y a aussi le risque qu’un changement de gouvernement pourrait provoquer l’expropriation des biens d’une entreprise ou de toute une industrie.

Toute entreprise rentable dépend fortement de la découverte de nouvelles réserves importantes, des prix élevés du pétrole, et de l’évaluation positive des risques associés à l’investissement dans une région historiquement instable. Dans ces circonstances, il est plausible que le Mali, en fin de compte, se contenterait d’une simple étude géologique à ajouter aux archives de l’AUREP plutôt que d’une vache laitière tant espérée.

 

En suivant l’histoire des découvertes de pétrole en Afrique, les maliens sont conscients des dangers qui y sont rattachés. Dans les régions politiquement fragiles du nord, la découverte du pétrole a le potentiel d’aider, soit à résoudre des inégalités de longue date, soit à les exacerber davantage. Selon un document déclassifié de l’ambassade américaine à Bamako, beaucoup de gens estiment qu’en 2006 les attaques des rebelles Touaregs étaient probablement inspirées, du moins en partie, par le rythme accéléré de la prospection pétrolière dans la région. L’exploration pétrolière et le développement du nord sont inextricablement liés. En l’absence de bénéfices économiques tangibles, peu de gens accepteront la présence des forces de sécurité qui accompagneraient invariablement l’exploitation des réserves des champs pétrolifères.

 

Amadou O. Wane

Collaborateur externe, Floride, Etats-Unis

amadou@amadouwane.com

 

Source: Inf@sept

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