La France, ancienne puissance coloniale qui réaffirme régulièrement qu’elle ne reconnaît pas les nouvelles autorités de Niamey, a annoncé qu’elle ne comptait pas appliquer ces décisions.
Ali Mahaman Lamine Zeine, le premier ministre nommé par le régime militaire au Niger, a prédit, lundi 4 septembre, lors d’une conférence de presse, un départ rapide des quelque 1 500 soldats français qui sont stationnés au Niger pour participer à la lutte contre le djihadisme dans le cadre d’accords militaires bilatéraux.
Rappelant que le gouvernement nigérien a dénoncé des accords militaires avec Paris, il a affirmé que les forces françaises « [étaient] dans une position d’illégalité » et estimé que « les échanges qui [étaient] en cours devraient permettre très rapidement que ces forces se retirent ». « Ce qui nous intéresse c’est, si possible, de maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses », a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a également évoqué le dialogue avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a plusieurs fois brandi la menace d’une intervention armée et a imposé de lourdes sanctions économiques au Niger. « On n’a pas arrêté les échanges avec la Cedeao. Nous avons bon espoir de parvenir à une entente dans quelques jours », a-t-il déclaré.
L’organisation ouest-africaine n’a pas changé de position depuis le coup d’Etat : elle réclame un retour à l’ordre constitutionnel « immédiat » qui passe par la libération du président déchu Mohamed Bazoum et sa réinstallation dans ses fonctions.
Le Niger rouvre son espace aérien
Par ailleurs, le régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger a décidé de rouvrir son espace aérien, fermé depuis le 6 août, aux vols commerciaux nationaux et internationaux, selon l’Agence nigérienne de presse officielle (ANP).
Les services au sol ont également repris, a précisé un porte-parole du ministère des transports cité par l’ANP. « L’espace aérien reste toujours fermé à tous les vols militaires opérationnels et autres vols spéciaux qui ne sont autorisés que sous réserve d’autorisations préalable des autorités compétentes », a-t-il ajouté.
Le Niger avait annoncé le 6 août la fermeture de son espace aérien « face à la menace d’intervention qui se précise à partir des pays voisins », alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menaçait d’intervenir militairement pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat le 26 juillet.
Les frontières terrestres et aériennes du Niger avaient été fermées par les militaires au lendemain de leur prise de pouvoir, puis rouvertes avec cinq pays frontaliers le 2 août, Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali et Tchad. Certains vols, avec des autorisations spéciales, ont toutefois pu continuer à desservir l’aéroport de Niamey, la capitale du pays.
Le Niger continue de subir les sanctions imposées au pays par la Cedeao pour faire plier les militaires au pouvoir. L’ONU a averti que les sanctions régionales et la fermeture des frontières « affectaient grandement l’approvisionnement du Niger en denrées alimentaires vitales et en fournitures médicales ».