Les rebelles touaregs du MNLA, qui cherchent à asseoir leur autorité sur le nord du Mali (qu’ils appellent l’Azawad) en mettant en place une administration parallèle, ont commencé à distribuer des cartes de sécurité aux automobilistes qui circulent dans la région. Ces documents portent le nom de la république de l’Azawad proclamée par les rebelles l’an dernier et sont attribués aux conducteurs de véhicule circulant dans et autour de Kidal, le fief du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad).
Les Touaregs ont récupéré le contrôle de cette ville en janvier après la fuite des rebelles islamistes qui l’occupaient face à l’avancée de l’armée française. Les Touaregs coopérant avec l’armée française dans le nord du Mali, l’armée malienne a renoncé à rentrer dans Kidal et ses environs. Sur un document distribué par le MNLA et que Reuters a pu voir, figure le type de véhicule, le nom du propriétaire, son téléphone et son adresse.
Ffaire la différence entre terroristes potentiels, trafiquants de drogue et conducteurs ordinaires
Les habitants de Kidal précisent que les documents émis par le MNLA proviennent de son département de la sécurité intérieure, et portent le tampon: «Etat de l’Azawad: unité, liberté, sécurité». «Tous les véhicules à l’intérieur du territoire contrôlé par le MNLA doivent avoir ce document», confirme Moussa Ag Assarid, représentant des rebelles en Europe. «De cette façon, nous pouvons faire la différence entre les terroristes potentiels, les trafiquants de drogue et les conducteurs ordinaires.»
Moussa Ag Assarid invoque des raisons de sécurité après plusieurs attentats suicide à Kidal ces dernières semaines. Le MNLA, dit-il, assurera la responsabilité du nord du Mali tant que des négociations avec le gouvernement n’auront pas clarifié le statut de la région. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, s’est prêt à négocier avec le MNLA du moment que le mouvement renonce à demander l’indépendance. Le président a promis des élections nationales pour le 31 juillet au plus tard.
Le MNLA a pour sa part indiqué qu’il accepterait une simple autonomie au sein du Mali mais refuse de rendre les armes avant la tenue de négociations. «Personne ne comprend ce qui se passe à Kidal», a déclaré à Bamako Haminy Belco Maiga, président du conseil régional de Kidal. L’affirmation de l’autorité du MNLA sur la région n’est pas du goût de nombreux Maliens qui accusent les Touaregs d’avoir plongé leur pays dans la guerre.