Les populations de plusieurs villes du pays manifestent pour exiger la réparation et l’entretien des routes nationales qui sont en mauvais état. Le gouvernement joue la carte de l’apaisement.
Après le sud-ouest du Mali, dans la région de Kayes, le mouvement social pour la réhabilitation des routes se poursuit dans le nord du pays.
Le collectif “Tombouctou réclame ses droits” a décidé de suspendre les manifestations au lendemain de la signature d’un “protocole d’entente” avec une délégation gouvernementale.
Mais les manifestations se poursuivent à Gao, dans le Nord-est pour dénoncer la dégradation de l’axe Gao-Sévaré (centre).
“Pour rallier Bamako, il faut passer par le Niger, le Burkina avec toutes les tracasseries routières. Quand on quitte Gao pour Sévaré, il faut au minimum quatre jours pour l’aller et au retour, il faut une semaine pour attendre une escorte, voire dix jours pour pouvoir rejoindre Gao“, se plaint Moustapha Touré, porte-parole de la plateforme “Ensemble pour Gao”.
Ménaka entre dans la danse
Les habitants de Menaka réclament aussi le bitumage de leur route. Mais Bouhaina Baby, un des porte-paroles des manifestants, se dit prêt au dialogue avec les autorités.
“On n’a fait du mal à personne. Il n’y a pas eu d’incidents. Nous avons respecté la République. C’est dans la discussion que nous trouverons des solutions à nos problèmes. Nous sommes ouverts au dialogue pour qu’une fois pour toutes, les populations de Menaka puissent aspirer au bonheur”, plaide-il.
Absence de moyens
Le président Ibrahim Boubacar Keita a promis à maintes reprises la réhabilitation des routes. Cependant, ces promesses n’ont jamais été tenues en raison, notamment, du manque de moyens de l’Etat.
“Le gouvernement malien dit que pour remettre en état l’ensemble des routes du territoire malien, il faut environ 350 milliards de francs CFA. Très clairement, je ne pense pas que cette somme soit à la disposition de l’Etat aujourd’hui” soutient Boubacar Salif Traoré, spécialiste des questions de défense et de géopolitique.
La crainte de conséquences politiques
Si des solutions rapides ne sont pas trouvées à ces revendications, le chercheur Boubacar Salif Traoré craint une généralisation du mouvement qui pourrait avoir des conséquences politiques. Comme cela l’a été en 2011 avec le Printemps arabe qui a abouti au renversement de plusieurs gouvernements en Afrique du nord.
Les habitants de la région de Kayes, dans sud-ouest du pays, étaient les premiers à protester contre l’état de leurs routes. Ils ont bloqué le principal pont de la ville, interrompant le transit de milliers de camions vers le Sénégal.
Des moyens d’urgence ont été déployés après la visite en voiture du Premier ministre Boubou Cissé qui a promis une reprise rapide des travaux de réhabilitation des routes dégradées.
Médiation et promesses
Face à la colère qui gronde, et qu’on dénomme déjà le “printemps des routes” en référence au Printemps arabe, les autorités se sont empressées de dépêcher sur place des représentants afin de parler avec les populations et d’apaiser les tensions.
C’était en présence d’observateurs de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) et de dignitaires religieux.
Les autorités se sont engagées à reprendre “au plus tard le 25 novembre” les travaux sur la route permettant de relier la région de Tombouctou au sud du pays en passant par Niafunké et Léré, interrompus en raison de l’insécurité.
La délégation ministérielle est attendue à Gao, et à Menaka dans le nord-est, non loin de la frontière avec le Niger.
Des sources officielles indiquent que sur les 21.681 km de routes au Mali en 2018, seulement 7.156 km sont bitumées.
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