L’Afrique en marche, les têtes d’affiche de Denise Epoté de TV5Monde, comme chaque dimanche sur RFI, avec Assane Diop. Au menu de cette édition, direction le Mali où le docteur Ousmane Ly dirige l’agence nationale de télé santé et informatique médicale. Toujours au Mali, Kediatou Konaré préside aux destinées des Editions Cauris à Bamako, une maison tournée vers les livres pour enfants. Et enfin, un hommage au géographe américain Edmond Martin, établi de longue date au Kenya.
1/Docteur Ousmane Ly, la télémédecine, une alternative à la médecine
► Assane Diop : Bonjour, Denise Epoté, votre première tête d’affiche cette semaine est un médecin malien. Le docteur Ousmane LY dirige l’agence nationale de télé santé et informatique médicale. Une structure qui veut rendre accessible la santé à tous grâce aux innovations technologiques.
Pour ce professeur de médecine titulaire entre autres d’un master en informatique médicale obtenu à l’université Pierre et Marie Curie. A défaut de pouvoir respecter la norme minimale admise par l’OMS à savoir 25 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Il fallait pouvoir assurer aux 16 millions de Maliens des soins de santé comme le recommandent les objectifs du millénaire. Seule, la télé médecine permet depuis 2009 aux habitants de Mopti, de Kayes ou de Koulikoro d’éviter de se rendre à Bamako pour consulter un médecin. Avec le concours de ses confrères, le docteur Ousmane Ly a depuis 10 ans pu relever le défi d’une médecine accessible au plus grand nombre. Jusqu’à la création de l’agence de télésanté, seuls 40 % de la population avaient accès à un centre de santé dans un rayon de 15 kilomètres. C’était un pari osé pour le Mali de créer cette agence dont le budget est aujourd’hui de 980 millions de francs CFA, et qui devrait passer à 2 milliards. Dix ans plus tard, le pays est une référence continentale en télé médecine. Un modèle qui pourrait être reproduit dans les pays qui sont très loin des normes minimales recommandées par l’OMS. Début mars à Casablanca le docteur Ousmane Ly sera l’hôte de Futures Africa pour parler de cette belle réussite.
2/Collection Lucy, l’Histoire autrement
► Assane Diop : On reste au Mali pour votre deuxième sélectionnée. Kadiatou Konaté préside aux destinées des éditions Cauris à Bamako. Une maison tournée vers les livres pour enfants. Elle vient de publier deux livres documentaires. Deux récits historiques autour des figures politiques ouest-africaines. L’Ivoirien Felix Houphouet Boigny et le sénégalais Léopold Sédar Senghor.
De la collection Lucy, on pourrait dire Assane que c’est une histoire de femmes. La directrice de la collection n’est autre que la journaliste et auteure Kidi Bebey. Pour avoir travaillé chez Bayard Jeunesse l’édition pour enfants n’a aucun secret pour elle. Au moment où on commémore les 25 ans de la disparition du premier président de la Côte d’Ivoire, le livre documentaire que signe la Béninoise Moudjibath Daouda Koudjo retrace en 32 pages la vie de ce médecin africain devenu homme d’état. Durant les 23 ans passés à la tête de la Côte d’Ivoire, Nanan Boigny comme le surnommaient ses compatriotes aura travaillé pour la paix et le rayonnement de son pays. Depuis 1989, le prix de la paix que décerne l’Unesco porte son nom. Les illustrations du livre qui lui est consacré sont du célèbre caricaturiste congolais Ai’Mata. Autre livre documentaire proposé aux enfants par la collection Lucy, Leopold Sédar Senghor, le poète président du Sénégal. Sous la plume de notre confrère Tshitenge Lubabu est relatée la vie du premier Africain membre de l’Académie française, père de la négritude et de la francophonie. Les dessins sont de l’auteur et illustrateur camerounais Christian Kingué Epanya, lauréat du prix Unicef des illustrateurs. Deux livres à petit prix pour apprendre autrement l’histoire du continent.
3/Edmon Martin, Héros méconnu de la défense des animaux
► Assane Diop : Et on termine les têtes d’affiche par un hommage à un disparu qui a contribué à faire avancer l’Afrique. Le géographe américain Edmon Martin établi de longue date au Kenya est mort. Ce pionnier de la lutte contre le braconnage des éléphants et le trafic d’ivoire a été assassiné dimanche dernier à son domicile de Nairobi.
Au panthéon des héros méconnus défenseurs des animaux, figure Edmon Martin. Il avait publié de nombreux rapports sur le trafic de l’or blanc. Une de ses enquêtes avait conduit la Chine à durcir sa législation sur le trafic d’ivoire. Cependant, elle autorise toujours la vente et la revente des défenses achetées avant 1999. Allez comprendre pourquoi ! Edmon Martin s’apprêtait à publier un rapport sur la Birmanie dont le rôle sur le trafic d’animaux sauvages est croissant. Il est encore trop tôt pour dire si sa mort est liée à ces révélations. Dans son pays d’adoption, sa voix avait fini par porter. En 2016, 16 000 défenses ont été incinérées en présence des présidents Uhuru Kenyatta et Ali Bongo Ondimba dont le pays abrite plus de la moitié des éléphants de forêt. Chaque année, 30 000 éléphants sont abattus pour leurs défenses dont le kilo est vendu 1000 euros. A ce prix-là, on comprend aisément que les braconniers soient de mieux en mieux équipés.