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Le fil conducteur

Le Plan d’action du gouvernement (PAG), soumis à l’examen du Conseil national de Transition (CNT), constitue un fil conducteur pour l’équipe de Choguel Kollala Maïga pour la réussite de la Transition. Conformément à la Charte de la Transition, il ne lui reste pratiquement que six mois pour traduire dans les faits les priorités dégagées dans ce document : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales et l’adoption d’un Pacte de stabilité sociale.

 

Le challenge est de taille pas seulement pour les autorités mais pour l’ensemble du peuple malien. L’heure n’est pas au pessimisme. Pour y arriver, Choguel Kollala Maïga n’a pas d’autre choix. Il doit fédérer les énergies positives, impliquer tous les fils et filles du pays. Personne ne doit se sentir exclu. Chaque Malien, où qu’il se trouve, peut apporter sa pierre à la construction de l’édifice nouveau.

Le Mali «Koura» dont il est question ne peut se faire sans la sécurité sur l’ensemble du territoire. C’est la condition sine qua non pour aller aux élections. Choguel Kollala Maïga et son équipe en sont conscients, c’est pourquoi leur premier acte sera de renforcer le dispositif sécuritaire dans tout le pays. Le travail devrait consister, à notre avis, à mobiliser les Forces de défense et de sécurité pour stopper le cycle infernal des attaques terroristes dans les régions du Nord et du Centre du pays. Il est temps de mettre fin aux souffrances de nos compatriotes affectés par l’insécurité et les exactions des terroristes. Ils doivent se sentir Maliens, pouvoir vaquer à leurs occupations, cultiver leurs champs, se déplacer d’une localité à une autre sans avoir la peur d’être agressés.

Si nous n’arrivons pas à imposer la paix par les armes, faut-il essayer le dialogue avec les groupes terroristes ? Cette option n’est plus un tabou depuis la tenue du Dialogue national inclusif en fin 2019. Mais un mécanisme efficace tarde à se mettre en place. Faudrait-il par exemple s’appuyer davantage sur la commission de bons offices du Haut conseil islamique ou créer une commission plus large pour aller négocier avec les chefs des groupes terroristes locaux, tout en définissant les lignes rouges ? Le gouvernement pourrait être emmené à y réfléchir.

Quant aux réformes politiques et institutionnelles, elles constituent une demande de l’ensemble de la classe politique et des Forces vives de la nation. Il s’agit d’une nécessité visant à donner un nouveau souffle à notre démocratie après trois décennies de pratique. En effet, les nombreuses insuffisances ont mis à rude épreuve le fonctionnement de nos institutions. Les coups de force de 2012 et 2020 sont considérés par beaucoup comme étant les conséquences des mauvaises pratiques dans la gouvernance. La tâche du gouvernement sera donc d’associer toutes les forces aux projets de reformes devant consolider notre démocratie, promouvoir la bonne gouvernance. Sa démarche doit surtout être inclusive pour relever le défi.

Il en est de même pour l’organisation des élections générales. Les Maliens espèrent que les choses changent à ce niveau. À chaque prise de parole, le président Assimi Goïta réitère sa volonté de faire en sorte que le choix des futurs dirigeants du pays soit fait dans la transparence et sur des critères limpides.

L’histoire récente du Mali est la preuve qu’une crise post électorale peut pénaliser tout un peuple, détruire les espoirs, assombrir l’avenir. Comment organiser des élections transparentes et crédibles ? La question divise aujourd’hui la classe politique. Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, défend la création immédiate d’un organe unique de gestion des élections. Cette idée n’est pas partagée par plusieurs partis et non des moindres. Ces derniers sont partisans de l’idée que le temps imparti à la Transition n’est pas suffisant pour la création d’un organe unique.

La polémique autour de l’installation de l’organe unique de gestion des élections glisse sur l’épineuse question de la prolongation de la Transition. La semaine dernière, des partis politiques ont cru bon se réunir pour rappeler aux autorités l’impérieuse nécessité du respect du délai prescrit au pouvoir de Transition. Les faits et gestes des dirigeants de la Transition sont scrutés à la loupe par une partie de la classe politique qui les soupçonnent de vouloir s’éterniser au pouvoir.

Cette suspicion est renforcée par le fait que le chef du gouvernement est un homme politique dont les adversaires n’entendent pas le laisser profiter de sa position actuelle pour se renforcer politiquement en vue des joutes électorales futures. Les assurances du Premier ministre Maiga quant au respect du délai n’y feront rien. Ses adversaires continueront à lui porter des soupçons.

Mais la lutte politique ne doit pas l’empêcher de dérouler son programme dont l’un des points essentiels porte aussi sur l’apaisement du climat social. Rien de constructif ne pourra être réalisé tant que des remous sociaux empêchent l’administration et le monde scolaire de fonctionner normalement. Le chef du gouvernement en est conscient. Voilà pourquoi il a tenu à fumer le calumet de la paix avec l’UNTM, dès son installation à la primature. En effet, l’unification de la grille salariale, qui était une des revendications de l’UNTM, a permis d’obtenir l’apaisement avec la centrale syndicale.

Mais cette mesure a ouvert un nouveau front syndical. Les très déterminés syndicats des enseignants n’ont en effet pas apprécié l’unification de la grille salariale, estimant que cela entamera leurs acquis sociaux. Les enseignants réclament l’application de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 dont l’article 39 leur accorde les augmentations obtenues par le statut général des fonctionnaires. Là non plus, les assurances du Premier ministre ne permettent pas, pour le moment, d’amener les enseignants à renoncer l’arrêt du travail qui menace l’année scolaire.

Avec les enseignants, l’objectif de l’apaisement n’est pas encore gagné. La gestion de l’Accord pour la paix et la réconciliation ne sera pas non plus de tout repos. L’idée de la relecture intelligente et consensuelle, prônée par le chef du gouvernement, n’est pas partagée par tous les acteurs. Les groupes armés signataires ne semblent pas avoir la même lecture, soutenant qu’il urge de passer à une application pleine et entière du document signé en 2015.

La gestion d’une Transition est tout sauf un long fleuve tranquille. Il faut du tact, de l’intelligence, du sang-froid pour mettre tout le monde d’accord sur l’essentiel. Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga, a l’expérience politique nécessaire pour épauler efficacement le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, dans la conduite du bateau Mali à bon port, malgré les tempêtes qui pourraient émailler le parcours.

Madiba KEITA

Source : L’ESSOR

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