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Le Burundi attend la victoire annoncée de Nkurunziza à une présidentielle contestée

Les résultats de l‘élection présidentielle au Burundi sont attendus vendredi et devraient offrir sans surprise un troisième mandat au chef de l’Etat Pierre Nkurunziza, dont la volonté de se maintenir au pouvoir a plongé le pays dans une grave crise politique.

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Ce scrutin contesté, après trois mois de violents troubles, est selon les observateurs lourd de menaces pour l’avenir du Burundi, alors que ce petit pays agricole des Grands Lacs, peuplé de 10 millions d’habitants, reste marqué par une longue guerre civile qui fit 300.000 morts entre 1993 et 2006.

“Les représentants des Commissions électorales provinciales sont en train d’acheminer les résultats” à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à Bujumbura, a expliqué son porte-parole, Prosper Ntahorwamiye. “Au plus tard demain dans la matinée, on aura les résultats et on commencera la compilation au niveau national (…) nous tablons sur une proclamation des résultats vendredi à 15H00”.

Si aucun chiffre officiel n’a été publié jusqu’ici, il a estimé que la participation s‘établirait entre 70 et 80%, alors que les journalistes à travers le pays ont constaté une participation plus que moyenne mardi lors du scrutin, que l’opposition a boycotté.

Conseiller en communication du président Nkurunziza, Willy Nyamitwe a tiré mercredi lors d’un débat sur RFI“un bilan largement positif” de cette élection, dénoncée comme une “mascarade” par l’opposition et quasi-unanimement critiquée par la communauté internationale, notamment les États-Unis, l’Union européenne et la Belgique, ancienne puissance coloniale.

“La conduite de cette élection est là pour convaincre, même les indécis, que le Burundi a atteint une certaine maturité dans la conduite d‘élections libres, apaisées et transparentes”, a-t-il déclaré.

L’ONU, l’Union africaine et les partenaires occidentaux du Burundi estiment pourtant que ces élections générales – ouvertes avec des législatives et communales le 29 juin – ne sont pas crédibles, en raison de l’atmosphère d’intimidation généralisée au Burundi, dont plus de 160.000 habitants ont fui à l‘étranger.

L’annonce fin avril de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat, que l’opposition et la société civile jugent contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant permis la fin de la guerre civile, a déclenché un mouvement de contestation émaillé de violences ayant fait 80 morts.
– Arrivée des observateurs de l’UA –

Les autorités ont déjoué un coup d’Etat militaire en mai et réussi à mater à la mi-juin, au prix d’une brutale répression parfois à balles réelles, six semaines de manifestations, quasi-quotidiennes à Bujumbura. Elles ont été confrontées depuis à une série d’attaques à la grenade et à des combats et escarmouches entre armée et rebelles dans le nord du pays.

Jean Minani, un des chefs de file de l’opposition, a accusé mercredi les autorités de manipuler les résultats. “Tout le monde a vu ce qui s’est passé (…) le taux de participation était très faible (…) tout le monde a vu que les centres de vote étaient vides du matin jusqu’au soir”, a-t-il expliqué.

L’opposition n’ayant pas envoyé ses représentants dans les bureaux, les partisans du président Nkurunziza “étaient seuls dans ces centres de vote, pouvaient manipuler comme ils voulaient, et ils l’ont fait (…) ils n’ont aucun scrupule”, a poursuivi M. Minani, ajoutant: “ce n‘était pas des élections”.

Plusieurs anomalies ont été constatées par des journalistes de l’AFP mardi: assesseurs remplacés au dernier moment et procès-verbaux vierges pré-signés, notamment. “Un incident ici ou là ne peut pas être représentatif de tout le processus électoral”, a commenté M. Nyamitwe.

Pour Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la Presse du Burundi, M. Nkurunziza était “un candidat unique pratiquement, malgré quelques autres qui gravitaient autour et sont totalement affiliés au pouvoir (…) C’est une élection sans débat libre, sans liberté de presse, c’est une élection sans compétition, tout simplement”.

Mais “maintenant que l‘élection est terminée (…) il va falloir revenir à la table” des négociations, a-t-il souligné. “Cette société est profondément en crise, nous sommes au bord d’une nouvelle guerre et il faut qu’on arrête de faire semblant que tout va bien”.

Mais le ton virulent et acerbe du débat sur RFI a montré que les deux camps restaient profondément antagonistes, MM. Nyamitwe et Minani s’accusant mutuellement d’avoir intimidé les électeurs pour qu’ils aillent ou non voter et se rendant mutuellement responsables des violences dans le pays.

L’UA a par ailleurs annoncé mercredi l’arrivée au Burundi de ses premiers observateurs des droits de l’Homme et d’experts militaires, afin de “prévenir une escalade de la violence” et vérifier le désarmement des “groupes armés”, notamment des Imbonerakure, la Ligue de jeunesse du CNDD-FDD, qualifiée de “milice” par l’ONU.

L’UA avait récemment accusé Bujumbura d’avoir multiplié les obstacles administratifs à ce déploiement, décidé par son Conseil de paix et de sécurité le 13 juin.

 

Source: euronews.com

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