La réunion du haut niveau du Dialogue national inclusif (DNI) a débuté avant-hier samedi 14 décembre au Palais de la Culture de Bamako par une cérémonie d’ouverture présidée par le Président de la République en personne, Ibrahim Boubacar Kéïta. Elle prendra fin ce 22 décembre avec l’adoption des recommandations et résolutions. Il est également prévu la mise en place d’un mécanisme indépendant de suivi desdites recommandations.
Si la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et les groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ont décidé de prendre part au DNI suite aux dernières tractations, une frange non négligeable de la classe politique et de la société civile a refusé de participer à ces assises. Ainsi, le Front pour la sauvegarde de la Démocratie (FSD) de Soumaïla Cissé, la Plateforme AWN KO MALI DRON présidée par Mme Sy Kadiatou Sow, la Cnas Faso Hèrè de l’ancien Premier ministre Soumana Sako, le RpDM de Dr Cheick Modibo Diarra, la Sadi de Dr Oumar Mariko sont absents au DNI. Ce qui veut dire clairement que les recommandations et résolutions issues de ces assises sont d’emblée rejetées par ces forces politiques et sociales.
A l’exception notable de Pr Dioncounda Traoré, les anciens présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré n’étaient pas présents à la cérémonie d’ouverture. Dans son discours d’ouverture, le Président IBK a rendu hommage à ses prédécesseurs en les citant nommément. Si le général Moussa Traoré est en déplacement à l’extérieur pour des raisons de santé, selon le chef de l’Etat, rien n’empêchait donc les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré à venir à la cérémonie d’ouverture en donnant un signal fort au peuple malien. Et surtout tous ceux-ci ont eu des échanges avec le Triumvirat des facilitateurs du Dialogue national inclusif. Certains comme Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré avaient même joué à la médiation afin d’amener le chef de file de l’opposition et d’autres leaders à la table du dialogue.
Le DNI aura dû être une belle fête populaire si toutes les forces politiques et sociales avaient adhéré à l’initiative. Les absences enregistrées envoient un message de division des Maliennes et Maliens, lesquels devraient comme un seul homme se mobiliser autour de la Patrie menacée dans son existence. A ce stade, il faut craindre que le DNI ne soit une assise de plus comme ce fut le cas de la Conférence d’entente nationale.
Les rapports de force détermineront l’après dialogue national inclusif. Le président IBK, hostile à tout partage de pouvoir avec l’opposition, devrait logiquement continuer à cheminer avec ses soutiens et les ailes de l’opposition signataires de l’Accord politique de gouvernance du 2 mai 2019. Selon cette même logique le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé pourrait garder sa posture.
La gestion des affaires publiques surtout d’un pays comme le Mali obéit à d’autres considérations et combinaisons dont seuls les politiciens ont le secret. Les marges de manœuvre d’un pouvoir acculé et «pris à la gorge» sont très réduites même si le Président IBK est le «vrai maître de l’équivoque», pour reprendre une expression de notre confrère Vincent Hugeux de l’hebdomadaire français «L’Express». Il n’est pas à exclure que le Chef de l’Etat procède à la fin du DNI à l’élargissement de la base de l’équipe gouvernementale.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger