A l’occasion du 21 mai, Journée mondiale de la métrologie, l’Agence Malienne de la Métrologie (AMAM) a organisé une série d’activités sur le territoire national pendant une semaine. A cette occasion, M. Lancina Togola, Directeur général, s’est prêté à nos questions.
Le Challenger : pourquoi une Journée mondiale de la métrologie?
Lancina Togola : La journée a, en effet, une histoire. En 1875, en France, 17 pays se sont réunis pour élaborer un document commun qu’ils se sont engagés à respecter. Pour ce faire, ils ont mis en place une autorité dite Autorité internationale qui régit la métrologie, comblant ainsi le vide notoire qu’il y avait sur la question
C’est pourquoi la journée du 21 mai 1875 a été retenue comme Journée mondiale de la métrologie. Elle doit être célébrée dans tous les pays où une institution de métrologie a été créée.
Quelles sont les activités réalisées au cours de cette journée ?
Nous en avons initié deux séries. La première consistait à lancer d’abord une Semaine nationale de la métrologie à travers deux activités. A partir du 20 mai, une campagne de vérification systématique de tous les instruments de mesure utilisés par les bouchers dans les marchés du district de Bamako et environnants. Pourquoi spécifiquement les bouchers ?
Loin de nous l’idée de les suspecter de quoique ce soit, mais c’est juste une façon de lancer une activité que nous allons mener chaque année. Nous avons commencé par eux eu égard à la place de la viande dans le panier de la ménagère. Nous constatons qu’autour de ce produit très sollicité, il y a assez de heurts entre les bouchers et leurs principales clientes, les ménagères. Ils estiment que leurs mesures sont justes et leurs clientes ne sont pas toujours d’accord. Notre mission est d’arbitrer entre ces deux parties pour qu’il y ait plus de confiance entre elles. C’est pourquoi, nous avons ciblé cette année les bouchers.
La deuxième activité va s’étendre du 20 au 28 mai. Elle porte sur la communication. Nous avons approché les médias pour communiquer sur l’importance de la métrologie. Il s’agit d’abord de lever l’équivoque dans la compréhension entre métrologie et météologie car nombreux de nos concitoyens ne savent pas faire la différence entre ces deux domaines scientifiques.
Ensuite, les usagers et l’opinion doivent comprendre que les instruments de mesure qui sont utilisés doivent être vérifiés et que l’AMAM dispose des étalons appropriés pour cette mission.
A propos de la différence entre métrologie et météologie, parlons-en !
La métrologie, c’est la science de la mesure, de ses applications. La métrologie est fondée sur trois composantes. Il y a une composante qu’on appelle la métrologie légale. C’est la branche de la métrologie qui s’occupe de l’application des textes qui régissent la métrologie. Il y a la métrologie scientifique. C’est celle que nous faisons d’abord autour des instruments de mesure surtout sur la qualité des étalons qui servent de référence pour la vérification. Il y a la métrologie industrielle qui est toutes les activités de métrologie menées dans le domaine des industries. C’est autour de ces trois activités et trois composantes que la métrologie évolue.
Quant à la météologie, c’est également un domaine scientifique qui spécifiquement s’occupe des conditions climatiques, les variations climatiques, les problèmes de pressions, de température, de pluie…
La différence est nette entre ces deux domaines de la science.
Quel rôle joue l’AMAM entre les acteurs économiques et les consommateurs ?
L’Agence Malienne de la Métrologie (AMAM) est une structure créée et placée en mission comme l’arbitre entre acteurs économiques et consommateurs. Je voudrais rappeler que les missions dévolues à l’AMAM étaient exercées par une division au niveau de l’ex-Direction nationale du commerce et de la concurrence. Mais le Règlement NO 8 du Conseil des ministres de l’UEMOA impose désormais à tous les pays de l’espace communautaire de créer une structure autonome en matière de métrologie. Le Mali n’a pas mis du temps à le faire.
L’AMAM a été ainsi créée en mars 2017 pour servir d’arbitre entre l’acteur économique – qu’il soit commerçant, industriel ou tout autre utilisateur d’instrument de mesure – et les bénéficiaires de ses prestations, à savoir les consommateurs. Notre rôle est de faire en sorte que les mesures qui témoignent de leur liaison, c’est-à-dire leurs transactions, puissent être des mesures fiables. Tant que ces mesures ne sont pas fiables, la transaction n’est pas équilibrée, elle n’est pas équitable et elle ne se fait pas au bénéfice des deux parties.
Les gens ont tendance à croire que l’AMAM est là pour uniquement protéger le consommateur. Non, nous sommes à la fois une structure d’appui – conseils pour les acteurs de l’économie pour que leurs instruments de mesure soient en phase avec ceux des industriels, pour que les industriels à leur tour puissent, à partir de leurs mesures, être compétitifs sur l’espace national, sous-régional et international. Parce que, même au niveau de l’industrie, lorsque les mesures ne sont pas fiables, les produits ne sont pas de qualité. Et quand les produits ne sont pas de qualité, la compétitivité en pâtit. Donc, nous sommes obligés de les accompagner vers la démarche qualité.
A titre d’exemple, nous venons de faire le tour de la zone Mali sud, de Bougouni à Fana. J’ai visité toutes les unités industrielles qui font de la graine de coton ou le tourteau. Beaucoup d’opérateurs qui achètent ces produits ont témoigné que quand ils reprennent les pesées après achat, ils constatent souvent une grande marge en leur faveur. Comme quoi il arrive même au commerçant d’être lésé s’il n’a pas un instrument fiable.
Donc, c’est pour dire aux opérateurs économiques que l’AMAM est une structure en mission placée à égale distance des parties pour les aider à faire des transactions plus fiables.
Votre mot de la fin ?
Je commence à dire à tous les opérateurs économiques détenteurs d’instruments de mesure que la vérification de l’instrument est une nécessité pour que les transactions soient les plus équilibrées. Cela est une exigence légale parce que la création de la structure et ses missions ont fait l’objet d’une loi et la loi est impersonnelle. Elle s’applique à tout le monde. Donc, si nous acceptons une loi, il va de soi que les acteurs du domaine concerné se soumettent à ses textes d’application.
J’invite tous les détenteurs d’instrument de mesure à nous rejoindre à l’Agence de Métrologie pour la vérification de leurs instruments de mesure ou à nous indiquer leur emplacement. Nous ferons le déplacement pour aller faire la vérification sur place. Il y va de leur crédibilité voire de leur ascension économique. Le Mali aussi en a suffisamment besoin parce qu’il n’y a pas de développement économique sans fiabilité des instruments de mesure utilisés.
Autre mot de la fin, c’est dire au journal, ‘’Le Challenger’’ grand merci pour sa notable contribution afin de mieux faire connaître et mieux faire comprendre cette jeune structure par ses usagers.
Entretien réalisé par Drissa Togola
Le Challenger