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Lait local : Le martyre face au lait en poudre

Les pays ouest-africains produisent 4 milliards de litres de lait trait par an, couvrant environ 50% de leur consommation. La collecte industrielle locale fait vivre de 15 à 20 000 familles d’éleveurs et de collecteurs directement, selon les chiffres de la campagne « Mon lait est local ». Cette coalition, formée du Burkina Faso, du Sénégal, du Mali, de la  Mauritanie, du Niger et du Tchad, a pour mission d’attirer l’attention les chefs d’État de la CEDEAO pour adopter des politiques pour sauver le lait local. Ce dernier fait en effet face à la concurrence du lait en poudre importé, qui bénéficie de plus d’avantages fiscaux.

 

Le lait local croule sous le poids du lait en poudre étranger. 276 892 tonnes ont été importées d’Europe vers l’Afrique de l’ouest en 2018. En outre, 80% des industries laitières installées en Afrique utilisent uniquement du lait en poudre. Cette situation met en danger le lait local, dont dépend la survie de 48 millions de pasteurs et d’agropasteurs. Elle s’explique par les facilités faites à l’importation du lait en poudre, écrémé et ré-engraissé à l’huile de palme ou à d’autres matières grasses végétales. Au sein de l’espace CEDEAO, le tarif extérieur commun (TEC) adopté en 2014 – 2016 prévoyait « une taxation clémente ». La poudre de lait et de mélange de matières grasses végétales est taxée à 5%, contre 20% pour les importations de sacs de moins de 12,5 kg. Ainsi, l’industrie agroalimentaire achète du lait à bas prix aux producteurs européens et l’écoule en Afrique jusqu’à 30% moins cher, prix sur lequel la filière locale ne peut pas s’aligner. Selon le Dr Malick Diallo, porte-parole de la campagne au Mali, ces allègements fiscaux sont « aggravés par le fait que les importations non déclarées sont probablement supérieures aux importations déclarées, par l’importation croissante de poudre low cost et par les campagnes publicitaires massives des industries de la poudre ».

80% du lait est importé Selon l’Institut économique rural (IER) le Mali est le plus gros producteur de lait de vache de la zone UEMOA, devant le Niger, avec environ 780 millions de litres, 98% par les élevages traditionnels et 2% par les élevages périurbains. Mais les importations de laits en poudre nuisent fortement à la production locale. « On estime qu’au Mali de 50 à 80% du lait consommé est du lait importé. Selon certaines études, les produits importés représenteraient même 94% de la consommation de Bamako. Le secteur du lait se caractérise par un taux d’importation élevé et ces importations coûtent plus de 20 milliards de FCFA à l’État malien chaque année pour la couverture des besoins nationaux en lait et produits laitiers. Ceci s’explique par le fait que la production nationale n’est pas suffisante pour couvrir les besoins. Les importations de produits laitiers sont la première source de confrontation entre la production locale et le marché international. Leur impact sur le développement de la filière locale est difficile à estimer, les importations ayant empêché l’apparition d’une véritable filière plus qu’elles ne l’auront détruite », explique Dr Malick Diallo.

C’est pour tirer la sonnette d’alarme que la campagne « Mon lait est local » entame un plaidoyer auprès des gouvernements de la sous-région pour la mise en place « d’une politique commerciale et fiscale favorable au lait local issu des exploitations familiales, afin d’assurer des prix favorables au développement des filières locales ». Pour ce faire, elle a lancé une pétition visant à atteindre 55 000 signatures. En juin dernier, elle en comptait 36 201.

« Mon Lait Est Local » est une campagne régionale de défense et de promotion mise en place par une large coalition, composée de plus de 55 organisations. Elle comprend des organisations paysannes, d’éleveurs et d’agriculteurs, de consommateurs, de chercheurs, de mini-laiteries et d’industriels locaux. La diva malienne, Oumou Sangaré est son ambassadrice.

Boubacar Diallo

Source : Journal du Mali

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