Après la crise de l’électricité consécutive aux coupures intempestives du courant, la cherté de la vie suite à la flambée exponentielle des prix des produits de première nécessité et la dégradation sans discontinuer des infrastructures routières, c’est la baisse drastique de la production céréalière nationale au Mali qui agace aujourd’hui le monde paysan. C’est la deuxième année que le constat sur la baisse du budget de l’agriculture a été constaté. Les spécialistes et experts de la production agricole estiment à plus de 50 milliards cette baisse et un doigt accusateur est pointé sur les autorités quant à leur incapacité à booster la production.
Le Mali, pays déjà autarcique, vit désormais en enclos. En plus de l’amateurisme et l’inexpérience dans la gestion, le pays fait face au manque de liquidité, au clientélisme, à l’affinité parentale et surtout à la propagande érigée en mode de gouvernance.
Selon les spécialistes du secteur, les projets d’appui des exploitations familiales et les fonds d’appui à l’agriculture sont les secteurs qui ont le plus souffert. Nos enquêtes ont prouvé que les banques ont atteint leur plafond d’emprunt pendant que les partenaires clés ont pris la poudre d’escampette après une décision rédhibitoire. Il y a quelques jours, des experts que nous avons consultés, ont affirmé que les faîtières du secteur s’inquiètent du manque d’intérêt de l’État par rapport à l’agriculture. “Il y a trop de boucan autour de l’agriculture et presque rien de concret”, a fulminé un paysan de Korobala pour qui “les autorités ont failli dans la desserte en engrais“. Et selon un Ingénieur du département de l’IER, “on a mis les charrues avant les bœufs…”
Pour ce cadre du ministère de l’agriculture, “C’est la baisse continue du budget de l’agriculture qui est à l’origine d’une telle chienlit et d’un tel mécontentement dans le secteur paysan. Toutes choses qui entachent la souveraineté économique et alimentaire. Voilà pourquoi aujourd’hui les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur. Pour ce paysan de Mpèssoba, “On a menti au peuple“. Le kilogramme du riz se vend à 600 FCFA, l’oignon à 1000 FCFA, le sucre à 800 FCFA, la viande à 3000 FCFA. Alors, où est la subvention de l’État tant rêvée du côté du bas peuple ? Un peuple qui continue d’admirer la hiérarchie avec leurs primes et avantages, tous azimuts, mirobolants.
Pour les autorités, ce sont les effets collatéraux du terrorisme qui sont à la base de cette mésaventure, mais pour les paysans, c’est l’insouciance, la négligence et l’amateurisme qui sous-tendent un aussi piètre résultat.
Il y a quelques jours, c’est l’entreprise COVEC qui a abandonné ses positions dans la région de Kayes pour des raisons encore inexpliquées. Il y a encore quelques semaines, c’est une dame qui maudissait EDM-sa suite au décès de son enfant après une coupure d’électricité dans un centre hospitalier de Bamako.
Au total, c’est la deuxième fois en deux ans qu’une baisse du budget est constatée. Or, Assimi a placé l’agriculture au cœur de ses préoccupations. Paradoxal non ?
Issiaka SIDIBÉ
Source : Le Républicain