Dans le sillage de CDC-Afrique, l’OMS déclenche son niveau d’alerte maximal contre la variole du singe, qui touche quinze pays du continent, notamment la RD Congo.
Pour la seconde fois en deux ans, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a décidé, ce 14 août 2024, de décréter « une urgence de santé publique de portée internationale » contre la variole du singe – rebaptisée mpox – qui se propage depuis le début de l’année une quinzaine de pays d’Afrique. Cette nouvelle vague touche particulièrement la RD Congo.
Par cette alerte, l’OMS « s’engage, dans les jours et les semaines à venir, à coordonner la riposte mondiale, en collaborant étroitement avec chacun des pays touchés et en tirant parti de sa présence sur le terrain », détaille le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Et ce, ajoute le directeur général de l’OMS, « afin de prévenir la transmission, de traiter les personnes infectées et de sauver des vies ».
L’OMS fait accélérer la procédure d’inscription sur la liste des utilisations d’urgence, une approche qui permet d’évaluer des vaccins, des produits thérapeutiques et des diagnostics non homologués afin d’accélérer leur mise à disposition en cas d’urgence de santé publique.
La veille, les CDC-Afrique avaient alerté : « Le mpox a désormais traversé les frontières, touchant des milliers de personnes à travers notre continent. J’annonce, le cœur lourd mais avec un engagement indéfectible envers notre peuple, envers nos citoyens africains, que nous déclarons le mpox comme une urgence de santé publique » continentale, déclarait le directeur de CDC-Afrique, Jean Kasenya, en conférence de presse. « Cette déclaration n’est pas une simple formalité, c’est un appel clair à l’action. C’est une reconnaissance du fait que nous ne pouvons plus nous permettre d’être réactifs. Nous devons être proactifs et agressifs dans nos efforts pour contenir et éliminer ce fléau. »
Les semaines précédentes, quinze pays africains avaient signalé une épidémie de variole, avec un total de 2030 cas confirmés et 13 décès depuis le début de l’année. Quatre pays – le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda –, jusqu’alors épargnés, ont signalé des cas depuis la mi-juillet 2024.
En RD Congo, qui compte plus de 90 % des cas signalés, un nouveau variant apparu en septembre 2023 circule dans la région dans sa région orientale ; cette nouvelle souche aurait donc touché les pays voisins, vérifie l’OMS. Selon les premières estimations, ce variant présenterait un taux de mortalité de 3,6 %.
Une collaboration internationale
« La priorité est d’interrompre rapidement la transmission du virus. Nous collaborons avec partenaires pour aider les pays à renforcer les mesures de lutte contre les épidémies et à et veiller à ce que les communautés soient au cœur des efforts déployés pour mettre fin à ces transmissions », a déclaré cette semaine Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Si à l’origine, la maladie se transmet de l’animal à l’homme, le schéma de propagation varie sur le continent. En RD Congo, il se transmettrait par voies sexuelles et sa propagation serait corrélée aux importants mouvements de population à l’est du pays. En Afrique du Sud, ce sont les populations identifiées comme « blanches » qui seraient les plus affectées. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le virus serait de la même souche que l’épidémie enregistrée en 2022.
De nouvelles études sont nécessaires pour confirmer ces intuitions, préviennent les autorités médicales, l’OMS et les CDC africains collaborant pour trouver une réponse efficace à l’épidémie.
Dans la région africaine, l’OMS travaille par l’intermédiaire d’équipes de pays et d’experts déployés sur le terrain pour aider les autorités nationales à renforcer les principaux domaines d’intervention, notamment la surveillance des maladies, le diagnostic, les tests et les soins cliniques, la prévention et le contrôle des infections. L’OMS collabore avec les autorités sanitaires pour faciliter l’accès aux traitements, décentraliser les services de laboratoire afin d’améliorer les capacités de diagnostic, et de diagnostic, et intensifier les efforts pour sensibiliser les communautés au risque de la maladie.
L’OMS fait accélérer la procédure d’inscription sur la liste des utilisations d’urgence, une approche qui permet d’évaluer des vaccins, des produits thérapeutiques et des diagnostics non homologués afin d’accélérer leur mise à disposition en cas d’urgence de santé publique. Il n’existe pas de médicament spécifique contre la maladie, qui se guérit d’elle-même.
En revanche, il existe des outils de détection efficaces, comme le kit de détection conçu par Contipharma. « Il combine la sensibilité et la spécificité d’un test PCR conventionnel avec la rapidité d’un test antigénique, fournissant un résultat valide en 20 minutes maximum. La version sèche ne nécessite pas de passer par le laboratoire pour l’authentification et la validation », explique Hope Sounouvou, responsable scientifique du laboratoire belge. Sa mise sur le marché est attendue d’ici quelques semaines.
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