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L’Afrique en tête des décès maternels dans le monde

Un rapport de l’ONU révèle que les décès maternels en Afrique subsaharienne sont près de 50 fois plus élevés que dans toute autre région du monde.

Bien que le nombre de décès maternels ait diminué de plus d’un tiers dans le monde depuis 2000, d’importantes inégalités subsistent, écrivent les auteurs du rapport, l’Afrique subsaharienne représentant les deux tiers du total mondial.

La réduction du nombre de décès maternels dans le monde à moins de 70 pour 100.000 naissances vivantes d’ici à 2030 est la cible 3 des objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2016 et cet objectif vise à « garantir une vie saine et à promouvoir le bien-être pour tous, à tout âge ».

Le rapport, qui évalue les décès maternels entre 2000 et 2017 dans le monde et fournit les premiers chiffres disponibles depuis l’entrée en vigueur des ODD, a été publié le 19 septembre.

“Les soins de santé maternelle constituent l’un des investissements les plus importants qu’un pays puisse effectuer pour renforcer son capital humain et pour stimuler la croissance économique.”

Muhammad Ali Pate, Groupe de la Banque mondiale

« L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud comptaient pour environ 86% (254.000) des décès maternels mondiaux estimés en 2017, l’Afrique subsaharienne, à elle seule, pour environ 66% (196.000) et l’Asie du Sud pour près de 20% (58 000) », ajoute le rapport.

Le document a été rédigé par l’OMS, l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour la population et le Groupe de la Banque mondiale, à l’aide de sources de données basées sur la population, notamment une base de données de l’OMS contenant des informations sur les décès de femmes enregistrés.

Le décès maternel est défini par l’OMS comme le décès d’une femme enceinte ou dans les 42 jours suivant une interruption de grossesse pour une cause liée à ou aggravée par la grossesse ou sa gestion.

Selon Muhammad Ali Pate, directeur mondial de la santé, de la nutrition et de la population au Groupe de la Banque mondiale, bien que des progrès aient été réalisés dans la réduction du nombre de décès de mères et d’enfants, des inégalités géographiques, sexuelles et ethniques persistent.

« Les soins de santé maternelle constituent l’un des investissements les plus importants qu’un pays puisse effectuer pour renforcer son capital humain et stimuler la croissance économique », ajoute Muhammad Ali Pate.

Il demande à la communauté internationale d’aider les pays à agir rapidement pour que les enfants et les femmes « obtiennent les soins dont ils ont besoin, grâce à des systèmes de soins de santé primaires fonctionnels et de qualité ».

Les trois pays où il a été constaté que plus de 1 000 décès pour 100.000 naissances vivantes – considérés comme un taux de mortalité extrêmement élevé – en 2017 se trouvent en Afrique subsaharienne : Tchad, Sierra Leone et Sud-Soudan.

La région comptait également 15 des 16 pays du monde où le taux de mortalité maternelle était très élevé – 500 à 999 décès pour 100.000 naissances vivantes -, Haïti étant le seul pays en dehors de l’Afrique subsaharienne.

Neuf pays de l’Afrique subsaharienne se classent parmi les dix premiers pays au monde ayant les taux de mortalité les plus élevés en 2017: République centrafricaine, Tchad, Guinée Bissau, Libéria, Mauritanie, Nigéria, Sierra Leone, Somalie et Sud-Soudan. Hors du continent, l’Afghanistan referme la marche.

Le taux de mortalité maternelle est faible dans trois pays seulement : le Cap-Vert, Maurice et les Seychelles.

Chaque pays enregistrerait moins de 70 décès pour 100.000 naissances vivantes, ajoute le rapport.

Catherine Kyobutungi, directrice exécutive du Centre africain de recherche sur la santé de la population et la santé, basé au Kenya, a déclaré à SciDev.Net que, pour atteindre les objectifs de réduction du nombre de décès maternels en Afrique, il était nécessaire de garantir un accès équitable aux services de santé nécessaires.

« Si nous savons ce qui ne va pas, nous pourrons changer avant 2030 afin de ne pas être pris au dépourvu », dit-elle.

Elle plaide pour l’utilisation des données de routine collectées quotidiennement dans les centres de santé, afin de permettre d’obtenir et de suivre, sur une base annuelle, des données actualisées pour éclairer les décisions politiques.

Catherine Ngugi, responsable du programme national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles au ministère de la Santé, a déclaré qu’augmenter le nombre d’agents de santé qualifiés et faciliter leur accès aux femmes enceintes et aux enfants contribuerait à réduire le nombre de décès maternels.

Elle appelle les parents et les gouvernements à donner aux mères adolescentes et aux familles dans le besoin les moyens d’accéder à des soins de qualité.

Source: scidev

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