Dans notre livraison du mardi 10 octobre 2017, nous révélions le rebondissement dans l’affaire du PMU-Mali dans laquelle un réseau de fraudeurs à grande échelle a carotté, pendant plusieurs années, aussi bien la société que les actionnaires et les parieurs de plusieurs centaines de millions de FCFA. Suite à ce scandale d’Etat, qui a éclaté véritablement en novembre 2014, une plainte avait été portée par le PMU-Mali contre X d’une part et contre Souleymane Diarra et Mamadou Traoré et autres d’autre part. Et, depuis la nuit du vendredi 6 octobre dernier, l’ancien directeur technique du PMU, Mamadou Traoré et deux de ses collaborateurs sont incarcérés à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Le dossier a été orienté par la Brigade économique et financière de Bamako et instruit par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako. Le jugement des « délinquants financiers » est prévu pour ce mercredi 1er novembre au tribunal de la commune III, au Grand marché. Devront donc en principe comparaître demain, Safiatou Coulibaly, Baba Kouyaté, Souleymane Diarra, Mamadou Traoré et Idrissa Dem pour crime d’Atteintes aux Biens publics et complicité, infractions prévues et réprimées par les articles 106, 107 et 24 du Code Pénal; Agourou Magassa et Mamadou Traoré pour crime de faux en écriture, infraction prévue et réprimée par les articles 102 à 104 du Code Pénal.
A 24 heures de ce procès tant attendu par les parieurs, lésés dans leurs droits et avoirs, nous sommes capables de vous relater le modus operandi des bandits pour voler les gains des parieurs, la manière dont la supercherie a été découverte, ainsi que ce que les accusés ont confié aux enquêteurs. Entre déballage et révélations, voici TOUT sur le plus gros scandale de l’histoire du PMU-Mali !
Durant plusieurs années, un puissant réseau de fraude, implanté au sein de la société PMU-Mali, détournait de grosses sommes d’argent par le truchement de tickets parallèles après les courses. Il s’agit de tickets que la mafia et les complices introduisent dans la salle de traitement et sur lesquels ils écrivent les chevaux gagnants dès que l’arrivée est officielle. C’est pourquoi, quelle que soit la difficulté d’une course PMU au Mali, les rapports sont dérisoires à condition que le réseau n’ait eu l’occasion de « frapper » ou bien si la course génère de gros gains, ceux-ci appartiennent aux membres du réseau. Ce vaste réseau implique tous les segments du PMU-Mali, de la direction générale au revendeur en passant par les superviseurs, les contrôleurs, les agents de traitement et le personnel administratif.
Les principales victimes de cette mafia, ce sont les parieurs qui souffrent énormément du fait que la pratique les prive des gains normalement dus.
Désormais, tout semble rentrer dans l’ordre avec le démantèlement du réseau dont plusieurs membres seront jugés demain au Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako. La vedette du jugement sera sans doute Mamadou Traoré, considéré comme le cerveau du réseau et le bourreau des parieurs (voir notre parution du mardi 18 octobre 2017, en page 3). Il comparaîtra avec quelques présumés complices.
C’est le Pôle économique et financier, saisi par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, qui a conduit les enquêtes de cette affaire rocambolesque de vol planifié. Pendant les enquêtes, toute une chaine de personnel du PMU-Mali a été entendue ; des agents ont été confondus ; des charges suffisamment solides ont été retenus contre certains, ainsi de suite.
Les faits !
En 2014, dans des circonstances douteuses, neuf (09) tickets tous issus du même kiosque, en l’occurrence le PB 122, sont sortis gagnants lors de la course du 04 novembre 2014. Cependant, durant le processus de prise en charge et de traitement des tickets gagnants, certaines anomalies ont été constatées et dénoncées par les agents. Malgré ces constats de nature à remettre en cause la validité des paris, ces tickets gagnants ont fini par être payés. Ainsi, sur la base d’une suspicion de fraude, favorisée par la violation des procédures de remontée, de traitement et de contrôle des tickets, une plainte a été formulée contre X afin d’apporter toute la lumière sur la question.
En effet, l’examen des pièces a révélé une incohérence entre le nombre de carnets remontés et le nombre de carnets traités. Aussi, malgré la non-centralisation des volets souches-contrôle des tickets, les carnets du kiosque PB 122 sont parvenus au service de traitement de façon parcellaire en deux temps. Paradoxalement, des volets agence d’un carnet souche non centralisé ont été retrouvés abandonnés sur une table isolée dans la salle de traitement alors que ledit carnet n’a été ramené que le lendemain de la course au niveau du service contrôle après interpellation de la revendeuse du kiosque en cause. Quelle coïncidence que les volets agence égarés soient retrouvés par l’ex fiancé de l’aide revendeuse supposée avoir fait la remontée des carnets incriminés ! Aussi, en l’absence de toute instruction hiérarchique, un agent a précipitamment enlevé et remis lesdits volets au groupe initialement chargé du traitement des carnets du kiosque PB 122. C’est alors que le chef dudit groupe s’est chargé du traitement après le refus d’un premier agent saisi. Face à la situation, l’agent chargé du bureau des écarts et des omissions, Mamadou Simbo Diakité, a informé la Direction du contrôle des anomalies constatées. Ainsi, se fondant sur une violation du règlement des jeux du PMU suivant lequel les souches doivent être acheminées et centralisées avant le dépouillement, la Direction du PMU conclut à un préjudice de 10 105 500 FCFA.
Par ailleurs, consécutivement à la course du 30 avril 2015, des dénonciations de fraude ont été faites relativement à la prise en compte du carnet numéro 9180157après le début des opérations de traitement et en dépit des observations d’un agent de traitement. Curieusement, les seuls tickets gagnants de cette course dont 2 ordres et 23 désordres sont issus de ce carnet litigieux. En effet, dans des circonstances douteuses, un agent du PMU dénommé Souleymane Diarra, soutient avoir reçu ledit carnet dans la salle de traitement alors qu’il procédait au dispatching des carnets centralisés aux différents groupes pour le traitement. Aussi, il s’avère que l’état de paiement des gains du jour a été établi par le Directeur Technique du PMU, Mamadou Traoré, alors que cette formalité relève de la compétence du bureau des écarts. A ce niveau, la société estime une perte de 4.730.000 FCFA au profit de faux parieurs. C’est donc suite à ces cas de fraudes signalées portant sur un montant total de 14.835.500 FCFA sur les kiosques PB 122 et BK 80, que la 46ème session ordinaire du conseil d’administration du PMU Mali tenu le 10 juin 2017, a instruit à la Direction Générale de ladite société d’engager des poursuites judiciaires.
Kiosque PB 122 : le vol imparfait du 4 novembre 2014
Par rapport au kiosque PB 122, objet des pratiques occultes, liées à la violation du règlement du PMU, ayant occasionné un préjudice de 10.105.500F CFA, il s’agit de la combinaison d’une multitude d’irrégularités lors des différentes phases de prise en charge des carnets consacrant les paris des clients. En effet, sur tout le long du processus, de la remontée au traitement proprement dit des paris du kiosque PB 122jusqu’au contrôle et le paiement, des défaillances, souvent dénoncées par des agents, ont été constatées sans qu’aucune mesure appropriée ne soit prise, laissant présager une fraude impliquant l’administration de la société. A ce sujet : Alpha Seydou Sangaré, Chef de Département Juridique et Contentieux du PMU-Mali, déclare que c’est suite à une correspondance du comité syndical des agents de traitement du PMU-Mali dénonçant une fraude au niveau du kiosque PB122 que la Direction Générale du PMU- Mali lui a instruit de procéder aux vérifications nécessaires sur 09 tickets gagnants incriminés lors de la course du 04 novembre 2014. Des travaux ainsi effectués, il précise que des failles ont été décelées à tous les niveaux notamment lors de la remontée, du traitement et du contrôle.
A ce titre, il souligne qu’après le constat par la superviseuse Yanké Touré de l’absence d’un carnet-souches d’un lot de 10 carnets vendus lors de la remontée, les paris devaient être annulés dès le départ de la course.
Paradoxalement, les carnets agences correspondants au carnet souche non présenté ont été retrouvés dans la salle de traitement où ne siégeait pas le groupe destiné à traiter les paris de leur kiosque de provenance. C’est ainsi qu’en violation des procédures de traitement, un agent dénommé Alioune Oumar Traoré les a pris pour les amener à l’étage supérieur pour les remettre au groupe chargé de traiter le PB 122du jour. Il poursuit que l’agent chargé de la surveillance de la deuxième salle, Mamadou Simbo Diakité, a immédiatement informé la Direction du Service Contrôle qui n’a procédé aux vérifications que le lendemain des faits après que l’aide revendeuse Safiatou Coulibaly ait ramené le carnet souche manquant.
Mme Yanké Touré, Chef du département commercial II, chargée de la supervision et du contrôle des carnets souches, déclare que le jour de la course du 04 novembre 2014, la remontée du kiosque PB 122 a été faite par la dame Safiatou Coulibaly, aide revendeuse d’Aminata Konandji, détentrice dudit kiosque. Elle précise qu’à l’occasion, un carnet manquait au lot présenté au contrôle et dont l’aide revendeuse, mentionnant l’avoir oublié à son point de vente tout en promettant de le ramener. Elle rajoute que pendant qu’elle avait mis de côté les autres carnets en attendant le manquant, un planton a ramassé à son insu lesdits carnets pour les acheminer dans la salle de traitement. Toutefois, elle mentionne que contrairement au nombre de 49 carnets traités, elle n’a fait remonter que 48 pour le compte du PB 122 et s’étonne de cette situation.
Par ailleurs, elle souligne que jusqu’à son départ à la maison après la course, l’aide revendeuse n’est pas revenue avec le carnet manquant qu’elle a déclaré vierge, donc non utilisé. Elle renchérit qu’avant son départ, elle a notifié à son chef hiérarchique, Moulaye Tounkara, que l’aide revendeuse du PB 122 devrait ramener un carnet vierge et qu’elle n’est toujours pas arrivée.
Quant à Moulaye Tounkara, Chef du Département Prospective à la Direction des Etudes et de la Prospective, chef hiérarchique de la Mme Yanké Touré au moment des faits, il soutient que celle-ci devrait mentionner les anomalies dans l’état de distribution et de contrôle des carnets et en même temps sur la fiche de non centralisation des carnets. Il mentionne que s’il en avait été informé même verbalement par cette dernière, il aurait dit de faire les déclarations de non centralisation et soumettre les documents à l’appréciation du Directeur Commercial, à charge pour celui-ci de les envoyer à la Direction des Ressources Humaines pour l’élaboration des notes de service d’annulation.
Aminata Konandji, détentrice du PB 122, déclare qu’elle était malade, mais présente au PMU le 04 novembre 2014 en affirmant que c’est son aide revendeuse Safi Coulibaly qui s’est chargée de faire le travail de remontée et de contrôle des souches à sa place pendant qu’elle-même a effectué le versement sans savoir si le montant du carnet manquant y figurait. Par ailleurs, elle signale que c’est le lendemain que le Service Contrôle lui a fait savoir qu’il manquait une souche contrôle à un carnet de son kiosque et qu’aussitôt elle a appelé son aide revendeuse. Ainsi, devant le Directeur du Service Contrôle, l’aide revendeuse a reconnu que c’est elle qui a vendu le carnet manquant et s’est rendue chez elle pour le ramener.
Safiatou Coulibaly, aide revendeuse du PB122, confirme avoir assuré la remontée des carnets du kiosque PB 122 lors de la course du 04 novembre 2014. Cependant, elle conteste que la superviseuse Yanké Touré lui ait notifiée le manque d’un carnet encore moins de converser sur ce sujet. Elle soutient que ce n’est que le lendemain qu’elle a été interpellée à la Direction du Service de Contrôle pour demander la position du carnet non présenté à la remontée. Ainsi, sur instruction d’Idrissa Dem, Directeur dudit Service, elle est retournée chez elle où elle a fouillé dans son sac à main pour retrouver le carnet en question. Elle s’est ensuite précipitée pour l’amener au PMU-Mali et le remettre à Idrissa Dem, qui après vérification, a confirmé que c’est le carnet manquant. Par ailleurs, elle souligne avoir été soumise plus tard aux investigations du Service Social du PMU.
Mamadou Simbo Diakité, Chef de la Division Maintenance au PMU-Mali, déclare qu’au moment des faits, il était l’adjoint du superviseur de la salle de traitement. A ce titre, il soutient que les carnets du PB122 ont été remontés dans leur salle en deux lots et que le deuxième lot est arrivé bien après le départ de la course, donc pendant que les résultats de la course étaient déjà connus. Il poursuit que lorsque l’agent de traitement Alioune Oumar Traoré lui a remis des carnets, il s’est référé à son superviseur, Apollinaire Joachin Kondé à qui, il a rappelé que la course avait déjà lieu. Mais en dépit de cela, celui-ci lui a dit de prendre les carnets dès lors qu’ils proviennent de la première salle. C’est alors qu’après avoir relevé les séries des carnets douteux, il les a remis pour traitement au chef de groupe Moussa Diarra qui avait refusé au motif que les chevaux ont déjà couru avant de céder sous sa pression. Il précise que, quand à sa demande, celui-ci lui a signalé qu’il y avait 09 tickets gagnants dans le lot, il s’est rendu au bureau du Directeur Technique Adjoint qui n’était pas sur place avant de taper à la porte du Directeur Technique Mamadou Traoré qui n’a daigné lui répondre. C’est alors qu’il s’est adressé au Directeur Contrôle, Idrissa Dem, en lui remettant les numéros de séries des carnets et folios des tickets gagnants. A ce niveau, Mamadou Simbo Diakité soutient avoir insisté sur le caractère douteux de ces carnets, au nombre de dix (10) mais que son interlocuteur lui a demandé de garder le silence. Ce n’est que le lendemain que celui-ci lui a confirmé les doutes, eu égard au fait que les souches des agences incriminées ne sont pas centralisées à son nouveau conformément aux dispositions en vigueur. Enfin, il déclare avoir donné l’information au syndicaliste Oumar Mallé qui était venu lui demander pourquoi il avait accepté de prendre les carnets douteux.
Alioune Oumar Amadou Traoré, agent de traitement du PMU-Mali, déclare qu’en raison de sa maladie, le Directeur Technique lui avait instruit de rester dans la salle pour aider à la répartition des carnets aux différents groupes de traitement lors de la course du 04 novembre 2014. C’est alors qu’assis dans la salle, Baba Kouyaté, agent de traitement, l’a apostrophé en lui montrant un lot de carnets isolé qu’il aurait trouvé sur une table tout en lui demandant de le prendre.
Ainsi, après avoir consulté la fiche de répartition, il s’est rendu dans la seconde salle de traitement à l’étage où se trouvait le groupe 26 chargé des carnets du kiosque PB 26. Il précise qu’en ce moment, le départ de la course n’avait pas eu lieu et qu’il n’a pas informé son chef des faits.
Baba Kouyaté, agent de traitement au PMU-Mali, déclare que le jour de la course, il est arrivé 24 minutes avant la fermeture des portes et qu’il faisait partie du groupe de traitement N°II dirigé par Bourama Sissoko. S’agissant des circonstances de la découverte du lot de carnets suspects, il explique qu’invoquant l’insuffisance de places autour de la table du groupe, celui-ci lui a demandé d’occuper la table de répartition des carnets remontés. C’est en s’y installant qu’il a aperçu un lot de carnets abandonnés qu’il a montré à Alioune Oumar Amadou Traoré. Mais avant, il a demandé au chef du groupe 15, Sidi Yaya Traoré si lesdits carnets étaient destinés à son groupe. Par ailleurs, il précise que les faits se sont déroulés avant le départ de la course.
Idrissa Dem, Directeur du contrôle du PMU-Mali depuis 2010, confirme que lors de la course du 04 novembre 2014, Mamadou Simbo Diakité l’a rapproché pour lui signifier qu’il avait des doutes par rapport à des tickets qui lui sont parvenus après la course et que presque tous les tickets gagnants du lot sont sortis d’un seul carnet. Il ajoute avoir donné l’assurance à son interlocuteur de prendre les dispositions nécessaires pour le contrôle avant d’enjoindre téléphoniquement à l’un de ses agents dénommé Sékou Salla Toulema de procéder au contrôle desdits tickets dès le lendemain à la première heure. Ainsi, le lendemain, celui-ci lui a signalé l’absence de la souche contrôle de ces tickets gagnants parmi les souches du kiosque PB122. C’est alors qu’il lui a instruit d’informer le Directeur Général Adjoint en attendant qu’il n’arrive au bureau. Il poursuit qu’une fois sur place, il a rencontré le Directeur Commercial, Kassoum Traoré, afin qu’il convoque la vendeuse Aminata Kounandjipour des explications. C’est à la suite que le carnet souche manquant a été ramené par l’aide-vendeuse de celle-ci qui prétend l’avoir oublié dans son sac à main lors de la remontée. Selon Idrissa Dem, les différentes vérifications effectuées ont permis d’établir la conformité entre le carnet suspect et les combinaisons des tickets agences et n’ont révélé aucune anomalie sur la fiche de pointage des agences, l’état de distribution et de contrôle des carnets et l’état des anomalies commerciales. Ainsi, fort de ce constat, il a rendu compte au Directeur Général Adjoint qui a alors instruit, en l’absence de preuve de fraude, de procéder au paiement. C’est ensuite qu’il a signé le T6 pour le paiement. Cependant, interrogé sur les mentions de 49 carnets traités sur l’état récapitulatif des recettes par kiosque et de 48 carnets traités sur l’état de distribution et de contrôle des carnets, il s’est ravisé en admettant une erreur de sa part. En outre, il souligne que cette incohérence constitue une anomalie qui requiert l’information de la Direction Commerciale pour disposition à prendre et la Direction Générale pour compte rendu. Néanmoins, Idrissa Demsoutient mordicus qu’il a partagé toutes les informations relatives à cette question au Directeur Général Adjoint qui est le signataire des chèques. A ce titre, il rappelle avoir présenté le carnet souche suspect et les tickets agences gagnants à ce dernier afin qu’il s’assure de la conformité des combinaisons.
Quant à Mamadou Traoré, Conseiller technique du PDG du PMU-Mali, Directeur Technique au moment des faits, il précise n’avoir été informé de la situation du PB 122 que par le Directeur Général Adjoint qui lui a fait comprendre qu’on lui a fait payer des tickets douteux. C’est ainsi qu’il s’est entretenu avec son personnel afin d’en savoir davantage. A cette occasion, il lui a été notifié qu’une partie des carnets du PB 122 a été traitée à temps tandis que l’autre partie a accusé du retard. Cependant, il soutient n’avoir été informé par ses agents d’une quelconque irrégularité.
Interrogés sur la situation, Oumar Mallé, Sidi Lamine Dembelé et Jean Keïta, tous responsables syndicaux du PMU-Mali, soutiennent unanimement des irrégularités dans le traitement du kiosque PB 122 et dénoncent une attitude surprenante de l’administration de la société s’agissant du paiement des tickets douteux. A ce titre, ils invoquent que les procédures de remontée, de traitement et de contrôle ont été viciées et qu’en tout état de cause, lorsqu’un kiosque parvient après la proclamation officielle des résultats, les carnets ne doivent pas être validés.En outre, pour dénoncer la situation, ils soulignent l’organisation d’une réunion syndicale au cours de laquelle il a été décidé d’adresser une correspondance au Directeur Général Adjoint pour solliciter de faire la lumière sur cette affaire. Cependant, aucune suite n’a été donnée à cette requête.
Kiosque BK 80 : les 4,7 millions du 30 avril 2015
S’agissant de la dénonciation de pratiques frauduleuses, lors du processus de traitement des tickets du kiosque BK 80 pendant la course du 30 avril 2015 ayant engendré un préjudice de 4.730.000 FCFA au PMU-Mali, on peut retenir certains faits et actes marquants.
En l’espèce, il y a lieu de signaler la survenance d’événements suivant des coïncidences douteuses pendant qu’il y a eu une rupture avec les habitudes de certains personnels. En effet, la combinaison de facteurs étranges constatés et de certains actes posés par des personnes non habilitées lors du processus de traitement des tickets du kiosque BK 80 laisse croire à l’existence d’une cabale visant la mise dans le circuit du traitement de paris truqués donc de fraude. A ce sujet :
Selon Alpha Seydou Sangaré, Chef de Département Juridique et Contentieux du PMU-Mali, lors de la course du 30 Avril 2015, il a été découvert des pratiques suspectes lors du processus de traitement des carnets du kiosque BK 80. Il rappelle qu’en effet, après le début des opérations de traitement des carnets remontés, un agent de traitement dénommé Souleymane Diarra a remis au chef du groupe N°8, Salimata Camara, un carnet dont il n’a pu établir la provenance en déclarant tantôt l’avoir ramassé sur le sol, tantôt l’avoir reçu d’un de ses chefs sans autres précisions. Aussi, sans se référer à sa hiérarchie, celle-ci a remis le carnet douteux à un agent d’un autre groupe, chargé du traitement du BK 80. Ainsi, après une tentative de refus au motif que les opérations ont déjà commencé, ce dernier s’est rétracté suite à la pression de son chef de groupe, mais en prenant soins de relever le numéro de série. Il ajoute qu’après dépouillement, il s’est avéré que les seuls tickets gagnants, soit 2 ordres et 23 désordres sur les 237 carnets traités du BK 80 provenaient du carnet incriminé.
Par ailleurs, le chef du Département Juridique et Contentieux mentionne sa surprise face au paiement des gains des tickets douteux pendant qu’une plainte avait été adressée au Procureur de la commune III Du district de Bamako pour élucider la question. A ce sujet, il rappelle que les paris correspondants à la souche non centralisée devraient être annulés alors que les tickets gagnants du carnet douteux ont été payés sur la base d’une souche qui n’a été centralisée que le lendemain. S’agissant du résultat de la course, il précise que celui-ci s’affiche sur les écrans des points de course en direct mais que celui-ci ne devient définitif qu’après la confirmation par fax du PMU-France. A ce sujet, il souligne que le fax qui est réceptionné au secrétariat du Directeur Général est immédiatement transmis au Directeur Technique à charge pour lui d’organiser la diffusion publique via les salles de traitement et l’écran d’affichage électronique destiné aux parieurs. Enfin, il confirme la possibilité de découverte du résultat par les agents avant sa publication.
Quant à Souleymane Diarra, agent de traitement au PMU-Mali, suspecté d’avoir frauduleusement introduit dans le traitement un carnet du kiosque BK 80, il déclare que le jour où la situation est survenue, il faisait partie de l’équipe de distribution des kiosques dans la salle de traitement et également agent BEO (Bureau des Écarts et Omissions). Il rajoute qu’à ce titre, pendant qu’il faisait la distribution dans la salle, il a reçu un carnet d’un chef de groupe pendant qu’il trébuchait. Il soutient que pour la circonstance, le chef de groupe qu’il n’a pu identifier, l’a apostrophé pour lui remettre dans son dos en disant : « tenez ce carnet ! Il n’est pas destiné à mon groupe ». Ainsi, sans se retourner, il a tendu sa main pour le prendre avant de continuer son chemin pour distribuer les carnets qu’il avait déjà en main. Il rajoute que ce n’est qu’ensuite qu’il a regardé le carnet qui lui avait été remis pour savoir qu’il est du BK 80. C’est ainsi qu’il l’a remis au chef du groupe chargé du BK 80 avant de rejoindre son groupe d’origine en tant qu’agent BEO.
Cependant, dans une seconde audition, il a carrément changé sa version des circonstances de la réception du carnet litigieux en arguant que la personne qui le lui a remis lui a demandé de prendre un carnet pendant qu’il marchait dans une direction perpendiculaire à la sienne. Paradoxalement, il soutient dans cette même version, penser que quelqu’un d’autre a pris le carnet avec son interpellateur pour le déposer dans sa main pendant qu’il trébuchait. Par ailleurs, il rappelle que c’est à l’affichage dans la salle des résultats de la course que Salimata Camara lui a demandé la provenance du carnet avant de lui notifier qu’il y avait des gagnants et que cela n’était pas clair. Il a ensuite été interpellé par son chef de Division Sékou Bakary Kamissoko puis par le Directeur Technique Adjoint auxquels il a relaté les circonstances de la réception du carnet. En outre, Souleymane Diarra mentionne avoir été auditionné par le chef de Division Investigation et Fraude et que le même jour le Directeur Technique, Mamadou Traoré, lui a notifié verbalement sa suspension.
Salimata Camara, Agent du Bureau des Écarts et Omissions (BEO) du groupe de traitement N°8 au moment des faits, évoque que la distribution des carnets était terminée quand elle recevait de Souleymane Diarra un carnet supplémentaire dont il ignorait la provenance. Elle déclare avoir ensuite remis ledit carnet à son chef de groupe Ibrahim Talil, qui, à son tour, l’a imputé à l’agent de traitement Kadidia Konaté, laquelle a signifié que c’est un carnet douteux qui sera traité à part. Elle renchérit que ce doute a été appuyé par le constat que le carnet en question contenait beaucoup de gagnants dont 01 ordre et 23 désordres. Par ailleurs, elle rappelle avoir attiré l’attention du chef de la Divion Traitement Sékou Bakary Kamissoko dès que Souleymane Diarra lui a remis le carnet en retard. Aussi, elle soutient que paradoxalement, Ahmar Maïga, Directeur Technique Adjoint, lui a instruit de remplir le document récapitulatif des montants à payer par ticket et par kiosque, appelé T6, qui est habituellement traité par un REC dès que le montant du gain atteint 250.000 FCFA. C’est ainsi qu’elle a porté toutes les inscriptions sur le T6, exceptés les montants en lettres et en chiffres ainsi que le cachet et la signature avant de le restituer à Ahmar.
Abdoulaye Talil, Agent de traitement au PMU-Mali, chef du groupe N°08 lors de la course du 30 avril 2015, déclare que pendant qu’il avait déjà fini de repartir les carnets attribués à son groupe, Souleymane Diarra lui a remis un carnet qu’il a prétendu avoir ramassé par terre. A son tour, il a imputé ledit carnet à l’agente Kadidia Camara pour traitement. Cependant, quand celle-ci a attiré son attention sur le fait que les chevaux avaient déjà couru, il lui a instruit de faire la recette du carnet à part, tandis que son agente du Bureau des Ecarts et Omissions (BEO), Salimata Camara, s’est chargée d’alerter le chef au service technique d’alors, Sékou Bakary Kamissoko. En outre, il précise avoir informé le Directeur Technique Adjoint Ahmar Maïga de la transmission d’un carnet après la course. Il confirme que celui-ci n’ayant pas réagi, le traitement s’est poursuivi normalement.
Sékou Bakary Kamissoko, Chef de la division traitement du PMU-Mali au moment des faits, déclare qu’après avoir fermé à clé la grande porte de la salle de traitement, il était dans son bureau quand Salimata Camara est apparue à la fenêtre pour lui montrer un carnet du kiosque BK 80 avec deux tickets gagnants (un ordre et un en combinaison complète) que Souleymane Diarra aurait amené après la réception des autres carnets. Ainsi, à sa demande sur les raisons de la prise en charge du carnet parvenu après les autres carnets du BK 80, le chef de groupe Abdoulaye Talil a répondu que le résultat de la course n’était pas encore inscrit sur le tableau d’affichage. Cependant, quand il a demandé à Souleymane Diarra sur la provenance du carnet douteux, celui-ci lui a expliqué l’avoir reçu d’un agent qu’il n’a pu identifier alors qu’il procédait à la distribution de carnets à d’autres groupes. Par ailleurs, Sékou Bakary Kamissoko signale qu’après vérification, il est ressorti que conformément à la clé de répartition, le groupe N°8 a reçu 237 carnets y compris celui parvenu séparément. S’agissant de l’établissement de l’état T6 ayant permis le paiement des gains, il soutient que les deux montants chiffrés ont été portés par le directeur technique, Mamadou Traoré et que le cachet est le sien alors que la signature est habituellement déléguée les jours de course à Modibo Kotié Doumbia. Enfin, il conclut qu’aucun carnet n’est accepté après le départ de la course et que la Direction Générale doit par conséquent prendre une décision d’annulation dudit carnet.
Mamadou Traoré, accablé et confondu !
Ahmar Moussa Maïga, Directeur Technique adjoint au moment des faits, déclare avoir été alerté par deux agents, en l’occurrence Salimata Camara et Abdoulaye Talil, de la réception d’un carnet isolé du reste des carnets du kiosque BK 80. Il a ensuite convoqué Souleymane Diarra qui a confirmé les propos des deux agents en soulignant avoir remis au groupe 8 un carnet qu’il aurait reçu d’un agent dans la salle sans pouvoir l’identifier. Il rappelle que sur ces propos et au regard des gagnants sur ledit carnet, il a émis des doutes ; d’où il a rendu compte à son Directeur Technique, Mamadou Traoré, avant d’adresser au Président Directeur Général de la société une note technique, visée par sa hiérarchie, demandant entre autres de confier le cas à la Direction du Contrôle pour des investigations. A ce titre, il précise qu’en cas de doute, il est obligatoire de saisir la Direction générale afin que celle-ci impute le dossier à la Direction du Contrôle pour investigations. Le Directeur Technique adjoint souligne que dès lors qu’il a rédigé un rapport après avoir informé son directeur des faits, il revient à ce dernier de prendre les mesures qui s’imposent.
Modibo Kotié Doumbia, superviseur technique au PMU-Mali, assurant la signature des T6 par délégation informelle du Directeur Technique, déclare que ce jour, il était dans le bureau de Mamadou Traoré, alors Directeur Technique quand Ahamar Maïga est venu l’informer d’un problème concernant une série du BK 80. Il précise qu’en réaction, Mamadou Traoré, le prenant en témoin, a justifié à Ahamar avoir déjà dit en vain à Kamissoko d’enlever Souleymane Diarra de la distribution des carnets avant de lui dire d’aller gérer le problème. Il rajoute que le même jour, le Directeur Technique Mamadou Traoré l’a appelé dans son bureau pour lui montrer le rapport fourni par Ahamar Maïga relativement au problème. Par ailleurs, s’agissant de l’établissement du T6, Modibo Kotié Doumbia, s’est ravisé après ses tentatives de rejeter sa signature sur ledit document. En effet, après avoir soutenu mordicus qu’il n’a rien avoir avec le T6 incriminé, il a fini par admettre qu’il est le seul signataire des T6 sous le cachet du chef de Division Traitement tant qu’il est sur place au PMU et cela sur instruction verbale du Directeur Technique Mamadou Traoré. Il renchérit que le jour de la course, Agourou Magassa lui a amené des T6 qu’il a signés dont très probablement celui annexé à la plainte.
Abdoulaye Haïdara, agent REC (Récapitulatif des anomalies) de la Direction Technique, chargé de l’établissement des états de payement (T6) de plus de 250 000 FCFA, déclare avoir établi le jour de la course des T6, mais pas celui incriminé dans la plainte. Il rappelle que le T6 concerné n’a de valeur juridique comme support de paiement que lorsqu’il porte les signatures du Directeur du Contrôle et celui des Finances. Par ailleurs, contrairement aux propos d’Agourou Magassa, il précise que celui-ci ne l’a jamais assisté dans l’établissement des T6.
Agourou Magassa, Agent de traitement au PMU-Mali, déclare qu’il était agent chargé des écarts et des omissions (BEO) du groupe 18 le jour de la course du 30 avril 2015. Il précise que bien que n’étant pas du groupe 8, il a reçu le T6 du BK 80 pour en arrêter les montants en lettres alors que les montants en chiffres étaient déjà portés. A ce titre, il signale avoir aidé le REC Abdoulaye Haïdara dans ses attributions. Toutefois, il prétend ne pas se remémorer de la personne qui lui a remis le T6 qu’il a rendu après traitement à Modibo Kotié Doumbia. Cependant, confondu par l’enquête, il se rétracte en précisant que c’est le Directeur technique Mamadou Traoré qui lui a remis le T6 concerné avec les rapports chiffrés en lui demandant de l’arrêter. Ainsi, après ce remplissage, il a remis le document à Modibo Kotié Doumbia pour signature. A cet effet, il explique que, pendant qu’il travaillait dans le bureau des superviseurs techniques, contigu à celui du Directeur technique, celui-ci l’a appelé dans le sien pour lui remettre un T6 partiellement rempli avec les rapports chiffrés d’un ticket gagnant en ordre soit 1.502.500 FCFA et un ticket gagnant en combinaison complète soit 3.227.500 FCFA. Aussi, il rappelle qu’il avait l’habitude de remplir les T6 seulement en cas d’omission. Toutefois, il reconnait que le travail à lui confié par le Directeur Technique Mamadou Traoré ne rentrait pas dans ses prérogatives de BEO et de surcroît concernant le BK 80 traité par un autre groupe différent du sien.
Mamadou Traoré, Conseiller, technique du PDG du PMU-Mali, Directeur technique au moment des faits, déclare que suite aux irrégularités constatées relativement au BK 80, son adjoint Ahmar Moussa Maïga, a adressé au Président Directeur Général un rapport sur la situation sans son aval mais qu’il l’a néanmoins laissé pour ne pas être suspecté de complicité. Ainsi, sur la base dudit rapport, il a recueilli la version des faits du principal mis en cause Souleymane Diarra qui lui a déclaré que le carnet problématique lui a été remis dans la salle par une personne qu’il a pu identifier.
Interrogé au sujet du T6 incriminé, dans une tentative de rejet, il soutient véhément n’avoir aucun lien avec ledit document contrairement aux allégations de Agourou Magassa. Ensuite, confondu par l’enquête, il se ravise et précise avoir porté les montants chiffrés des gains sur le T6 du BK 80 avant d’instruire à Agourou Magassa d’arrêter le montant total. C’est ainsi que ce document a été associé aux autres T6 pour le paiement des parieurs gagnants. Par ailleurs, il rappelle que normalement les T6 de montant inférieur à 250.000 FCFA sont remplis par l’agent BE0 tandis que ceux dont le montant est égal ou supérieur à 250.000 FCFA le sont par l’agent REC. Cependant, il soutient n’avoir pas connaissance d’un texte interdisant à un Directeur Technique de remplir un T6. Enfin, il signale que sa direction a l’obligation de traiter les carnets dès qu’ils sont centralisés dans la salle de traitement et que c’est pour donner plus de fiabilité au document qu’il a personnellement porté les montants sur le T6 incriminé. A ce titre, il précise que ledit T6 a été traité à part puis envoyé à la Direction du Contrôle pour dispositions spécifiques à prendre.
Idrissa Dem, Directeur du contrôle du PMU-MALI depuis 2010, déclare que l’implication de sa direction dans la gestion du problème lié au BK 80 résulte d’une saisine de la Direction Générale demandant de mener des investigations sur le rapport de l’adjoint au Directeur technique Ahmar Moussa Maïga. Il s’agissait d’apporter la lumière sur un carnet isolé du kiosque BK 80 retrouvé dans la salle de traitement lors de la course du 30 avril 2015. Il souligne qu’au cours des auditions des agents chargés du traitement du Kiosque BK 80, le chef de groupe a soutenu avoir reçu le carnet litigieux de Souleymane Diarra qui n’a pu préciser de qui il le tenait. Il poursuit qu’en outre, les différents documents qui leurs ont été transmis par les directions commerciale et technique ne présentaient aucune anomalie et qu’un compte rendu de la situation a été fait à la hiérarchie suivant un rapport du Chef de Division Recherche et Fraude, Oumar Issabré. Par ailleurs, il précise qu’en cas de dénonciation de pratique suspicieuse, l’état de paiement (T6) doit être isolé en entendant d’élucider le problème. Paradoxalement, il révèle que les gains sur le T6 du BK 80, qu’il n’a d’ailleurs pas signé, ont été payés le lendemain de la course. Quant au délai de paiement en cas de soupçon, il signale que cela est lié à la durée des investigations.
Les leçons d’une fraude à grande échelle
De toute cette procédure, les enquêteurs retiennent des enseignements pertinents. Entre autres : que les anomalies évoquées sont consécutives à la violation des procédures de remontée, de traitement et de contrôle ; qu’il est constant que dans l’affaire du kiosque PB122, le carnet souche incriminé n’a pas été centralisé le jour de la remontée ; que tous les tickets gagnants provenaient de la souche manquante et ont été retrouvés isolés dans la salle de traitement après l’heure du départ de la course ; qu’il existe une différence d’un carnet entre le nombre de carnets contrôlés et le nombre de carnets traités ; que les Directions Commerciale, Technique et de Contrôle ont minimisé les différentes anomalies et n’ont pas suffisamment joué leur rôle, ce qui a entrainé les paiements indus ; que dans des circonstances curieuses, le carnet agence incriminé dans l’affaire du kiosque BK 80 a été remis au groupe de traitement après le départ de la course du jour. Aussi, ledit carnet a été découvert par Souleymane Diallo qui a donné diverses versions de sa remise à lui par un agent qu’il n’a jamais pu identifier.
La Direction Technique après avoir eu l’information des risques de fraude n’a pas isolé l’état de paiement pour les investigations appropriées, mais l’a plutôt renseigné à travers son Directeur pour permettre des paiements indus. Aussi, que ce dernier a instruit à un agent non habilité de porter des mentions sur le document ayant servi pour le paiement.
Malgré les différentes irrégularités et anomalies portées à sa connaissance, la Direction du Contrôle s’est abstenue de donner un avis clair et précis sur l’annulation des tickets incriminés.
Enfin, en dépit des dénonciations, par manquement aux devoirs de leurs charges, certains cadres de la société ont facilité des paiements indus à des parieurs.
De cette minutieuse enquête ainsi effectuée par la Brigade économique et financière de Bamako, il ressort qu’ont été réunis des indices graves et concordants de nature à motiver leur inculpation, à l’encontre de Safiatou Coulibaly, Baba Kouyaté, Souleymane Diarra, Mamadou Traoré et Idrissa Dem pour crime d’Atteintes aux Biens publics et complicité, infractions prévues et réprimées par les articles 106, 107 et 24 du Code Pénal ; Agourou Magassa et Mamadou Traoré pour crime de faux en écriture, infraction prévue et réprimée par les articles 102 à 104 du Code Pénal.
Sékou Tamboura
Par Infos Soir