La présidente de la Commission Nationale des Droits de l’homme (CNDH), Me Kadidia Sangaré Coulibaly, a animée, mercredi, au centre Haoua Kéita, une conférence-débat sur la situation carcérale au Mali. C’était en présence des représentants de l’UE de la MINUSMA, de la MISAHEL et d’organisations des droits de l’homme.
Cette conférence intervient après une visite de terrain effectuée par les responsables de la CNDH dans les maisons d’arrêts des régions et du district.
Cette initiative, selon la représentante de l’Union européenne doit être saluée. Quand on sait que le monde carcéral est souvent oublié. L’UE accorde aux pays partenaires, a-t-elle ajouté, une ligne budgétaire spécifique pour la protection et la protection des droits de l’homme. «Tout doit être fait pour que la prison soit un monde humain» a-t-elle conclu.
Chaque année, la CNDH dans le cadre de la célébration de la déclaration universelle des droits de l’homme, effectue des visites dans les prisons pour faire l’état des lieux. Le but de cette conférence, indique la présidente de la CNDH, est de rendre compte des visites effectuées en 2014 dans les différentes prisons au Mali, en partenariat avec les associations et ONGs de promotion des droits de l’homme.
Il ressort de l’exposé de la conférencière que le monde carcéral est le parent pauvre de la chaine carcérale. Le Constat, a-t-elle indiqué, au niveau des prisons maliennes est amer. Outre la pléthore, les détenus vivent dans des conditions d’hygiène et alimentaires inacceptables.
Avec seulement une capacité de détention de 500 détenus, la Maison Centrale d’arrêt de Bamako comptait en décembre dernier, 1821 détenus, soient 630 condamnés et 1191 détentions provisoires. Soit 1 mineur et 2 personnes âgées. Au camp1 de Bamako, il y a 51 détenus; au centre spécialisé de détention, de rééducation et réinsertion pour femmes (Bollé), 143 détenus et seulement 34 condamnés et 109 détentions provisoires. Dans le centre pour enfant (Bollé), on y compte 63 détenus, soient 6 condamnés et 57 détentions provisoires. Quant à la prison de Kangaba, la situation est désastreuse. Avec une capacité de détention de 30 détenus, elle en comptait, en décembre dernier, 63 détenus dont 29 condamnés et 21 détentions provisoires. «Dans cette prison, les détenus font leurs besoins dans les sceaux sur place. Les locaux sont vétustes, ils ne pourront pas résister aux prochaines pluies» a affirmé la présidente de la CNDH. Avant d’ajouter que les locaux de la Maison Centrale de Bamako est dans la même situation de dégradation.
La qualité de la nourriture des détenus, reste à désirer dans tous les milieux carcéraux au Mali. Au camp I de Bamako, la CNDH regrette la non prise en charge de la nourriture des détenus par le l’Etat.
Le déplacement de la Maison Centrale de Bamako à un autre lieu, la reconstruction de la prison de Kangaba, la construction d’infirmeries et des centres de formation au niveau des maisons carcérales sont, entre autres, les principales recommandations de la CNDH.
Source: L’Informateur