Le secrétaire général des Nations unies affirme que la situation en matière de sécurité au Mali s’est fortement détériorée au cours des trois derniers mois, alors même que la demande d’aide alimentaire et d’autres formes d’assistance humanitaire a explosé.
L’évaluation du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un nouveau rapport, coïncide avec la présence de Casques bleus canadiens au Mali et laisse croire que le pays est à bien des égards dans un état plus préoccupant que lors de leur arrivée en juin.
Il y a tout de même eu quelques signes encourageants, notamment la réussite des élections présidentielles en juillet et en août et une nette diminution du nombre de Casques bleus tués ou blessés en dépit des attaques continues de groupes armés.
Ainsi, bien que la principale tâche de l’armée canadienne au Mali consiste à évacuer par hélicoptère les soldats de la paix blessés, elle n’a jusqu’à présent effectué que deux interventions de ce type, toutes deux le 11 septembre.
M. Guterres a néanmoins brossé le portrait d’un pays en guerre contre lui-même, alors que divers groupes ethniques et extrémistes se sont pris pour cible, et ont également attaqué l’armée malienne, les forces internationales et même des civils.
Le résultat : un record de civils tués (287) sur une période de trois mois depuis que les Casques bleus des Nations unies sont arrivés dans le pays en 2013, tandis que des milliers de Maliens ont été forcés d’abandonner leur maison pour fuir les violences.
Une grande partie des combats ont opposé des membres de deux communautés ethniques dans le centre du pays, alors que des groupes liés à Al-Qaïda et au groupe armé État islamique (EI) ont également été à l’origine de nombreuses violences.
« Les conflits intercommunautaires, exacerbés par des groupes extrémistes violents, effritent un tissu social déjà fragile et sont profondément préoccupants », a écrit M. Guterres.
De nombreuses violations
Le nombre de violations des droits de l’homme au Mali, qui était déjà alarmant, s’est aussi accentué en raison de centaines de nouvelles exécutions extrajudiciaires, de disparitions, de tortures et de viols dans différentes régions du pays.
Alors que la plupart de ces atrocités ont été perpétrées par des groupes islamistes et des communautés ethniques rivales, l’armée malienne a elle-même été impliquée dans 18 violations, dont une tuerie faisant l’objet d’une enquête criminelle.
« La situation des droits de l’homme est alarmante », a écrit le secrétaire général. « Il est absolument impératif que le gouvernement empêche les violations des droits de l’homme, y compris celles commises par les forces armées maliennes. »
De graves inondations dans certaines régions et des sécheresses dans d’autres, combinées aux combats, ont fait en sorte de doubler le nombre de personnes déplacées et de créer une situation où un Malien sur quatre a besoin d’aide humanitaire.
« L’ampleur des besoins est plus élevée que jamais depuis le début de la crise en 2012 », a affirmé M. Guterres.
Les Casques bleus canadiens ont récemment aidé le Programme alimentaire mondial à acheminer plus de deux tonnes de nourriture, d’eau et de médicaments par hélicoptère dans un village du centre du Mali.
Pourtant, malgré le besoin croissant d’aide d’urgence, M. Guterres a indiqué que seul un tiers des quelque 400 millions de dollars nécessaires pour aider les Maliens avait été fourni à l’ONU au début du mois de septembre.
« Tandis que les besoins continuent d’augmenter, le financement humanitaire a diminué, empêchant une réponse rapide et appropriée », a-t-il écrit.