En Argentine, tous les regards sont tournés vers Rome, à la veille de la rencontre entre le pape François et le président Mauricio Macri, une rencontre considérée à haut risque pour ce dernier, qui avait reçu un accueil glacial de la part de l’ancien archevêque de Buenos Aires lors de sa dernière visite au Vatican.
De notre correspondant à Buenos Aires,
Si Jorge Bergoglio n’a pas remis les pieds en Argentine depuis qu’il a été élu pape en mars 2013, il est très présent dans la vie politique nationale. Et pas précisément du côté du gouvernement. Certains vont même jusqu’à dire que François est le premier opposant àMauricio Macri ! Le pape ne se prive pas de faire des déclarations publiques critiques sur la situation sociale du pays qui sont largement reprises ici. Il intervient aussi à travers son successeur à l’archevêché, monseigneur Poli, qui a été un de ses plus fidèles collaborateurs, et d’autres membres de l’Église argentine, qui ne cessent de réclamer que les autorités prêtent une plus grande attention aux exclus. Et les associations qui ont rassemblé le plus de monde pour protester contre la politique économique libérale du gouvernement sont liées à l’Église.
Un premier entretien avec Macri plutôt froid
Par ailleurs, certains conseillers de Macri, lui-même plus proche du bouddhisme que du catholicisme, se sont déclarés favorables à la légalisation de l’avortement, alors que l’ancienne présidente Cristina Kirchner, fervente catholique, s’y est toujours opposé. De fait, le pape l’a reçue longuement et chaleureusement, tandis que Macri, pour sa première audience en tant que président, en février, n’a eu droit qu’à 22 minutes et n’a pu arracher un sourire à François.
Le pape aurait donc plus d’affinités avec la péroniste Cristina Kirchner qu’avec le centriste Mauricio Macri même si ses relations avec Kirchner étaient tendues du temps où il dirigeait l’archevêché. Mais, plus que pour des raisons politiques, c’était pour maintenir son indépendance à l’égard d’une présidente qui souhaitait que tous lui fassent allégeance. Parce qu’en réalité, le pape est très proche du péronisme. Il est à l’origine d’une doctrine sociale de l’Église qui s’en inspire et qui s’est imposée en Argentine dans les années 70. Aujourd’hui encore, quand il place le peuple, les pauvres et les exclus au centre de son discours, il fait en quelque sorte du péronisme !
Canonisation du curé argentin Brochero
Des deux côtés on veut éviter que la rencontre de ce samedi entre Macri et le pape se passe mal. Le gouvernement s’est mis à l’écoute de l’Église et a pris des mesures sociales. Par ailleurs, Macri a demandé l’audience après avoir confirmé sa présence à la canonisation d’un prêtre argentin, qui aura lieu dimanche 16 octobre, et c’est un événement qui devrait rapprocher les deux hommes. Enfin, au Vatican, on dit maintenant que le président du pays d’origine du pape ne doit pas être moins bien traité que les autres chefs d’État qu’il reçoit.
Source: rfi