La mission des Nations unies au Mali, est classée parmi les plus dangereuses à cause des nombreuses attaques contre les forces internationales.
Des risques qui augmentent avec le niveau d’engagement des pays contributeurs et qui sont, de l’avis même des Maliens, inhérents au métier des armes.
Mais face à l’exacerbation des tensions intercommunautaires, beaucoup de citoyens s’interrogent cependant sur l’utilité de la présence des soldats onusiens sur leur territoire.
Le cas des soldats allemands
Dans l’immensité du désert malien, ils sont désormais plus d’un millier de soldats allemands à lutter contre le terrorisme aux cotés de l’opération française Barkhane, mais aussi à œuvrer pour la stabilisation du pays au sein de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies.
La MINUSMA est classée mission onusienne la plus dangereuse de ces 20 dernières années mais pour la population malienne, le risque est inhérent au métier.
“Quand on est soldat et qu’on vient pour une intervention, on se dit tout. On est prêt à mourir, à être tué pour sa patrie. Et là, c’est le drapeau allemand qui va flotter. Et dire qu’à travers les Allemands le Mali a pu être sécurisé, ça c’est une fierté pour la population allemande.”
“Bien sûr, c’est toujours dangereux. Apporter ses fils dans un autre pays pour être tué. C’est toujours dangereux, mais si cela entre dans le cadre d’apporter la paix au Mali, c’est vraiment évident.”
“Venir nous sécuriser au nom de leur pays est aussi une question de patrie. S’ils doivent y laisser la vie, c’est une raison bien valable.”
Le plus important contingent allemand en dehors de l’Europe
C’est désormais dans ce pays du Sahel que l’Allemagne a son plus fort contingent en dehors de l’Europe, devenant ainsi une des nations phares de la MINUSMA.
Bundeswehr in Mali | Maas besucht EU-Ausbildungscamp in Mali (picture-alliance/dpa/M. Fischer)
L’Allemagne est désormais une des nations les plus impliquées dans cette mission de stabilisation du Mali.
Même si à ce jour les troupes allemandes s’en sortent plutôt bien, le renforcement de l’engagement allemand sur le terrain, selon Kissima Gakou, expert des questions stratégiques, n’est bien évidemment pas sans risque pour ses soldats.
“Ils étaient jusqu’à présent surtout dans la logistique. La logistique n’est pas les têtes de pont de la mission. Ils étaient dans la logistique, le soutien et même d’une certaine manière le civil-militaire. Si vous voulez, ce sont les aspects soft, les ressorts positifs. Jusqu’à maintenant, je crois que leur engagement n’était pas trop-trop exposé.”
A ce jour, plus de 12.000 soldats d’une cinquantaine de nationalités composent la mission multidimensionnelle des Nations unies au Mali.
Les forces internationales critiquées
Une force très critiquée sur place à cause du manque d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi de l’exacerbation des conflits intercommunautaires qui ont fait plus d’une centaine de morts récemment, dans l’indifférence générale selon la population malienne.
“Que ce soit les soldats allemands ou la MINUSMA dans son ensemble, ils doivent désarmer aujourd’hui les populations pour mettre fin au conflit. Mais comment peut-on s’asseoir tranquillement et voir les populations s’entretuer au quotidien, au vu et au su de tout le monde ?”
Verteidigungsministerin von der Leyen in Mali (picture-alliance/dpa/M. Kappeler)
“Qu’ils fassent leur travail de stabilisation du pays. Sans cela, on ne voit pas trop leur utilité. A ce rythme, les malfaiteurs viendront nous chercher jusque dans nos maisons.”
Et à Kissima Gakou, expert des questions stratégiques d’ajouter :
“Quand des citoyens eux-mêmes, les populations, se font la guerre, s’entretuent, quelles que soient les raisons que vous mettez à cela, ça s’appelle la guerre civile et je pense que des autorités responsables ne doivent pas beaucoup avoir envie de prendre part à des guerres civiles. En tout cas, pas de se retrouver impliquées de manière différente du concept initial de leur engagement.”
Utile ou pas utile, le débat autour de la MINUSMA n’est pas prêt de se terminer au Mali. Pour Kissima Gakou, plutôt qu’une force internationale, investir dans un dispositif opérationnel plus approprié et adapté aux réalités du terrain aurait sans doute déjà permis de clore le chapitre de la crise au Mali.