Le Nigeria, fort de 173 millions d’habitants, «
compte plus d’internautes que la France ». D’un chiffre, Jeremy Doutte, jeune PDG du site de commerce en ligne Jumia Nigeria, résume la formidable explosion économique et démographique de l’Afrique. Ce continent, qui semblait jadis abonné au désespoir, croît de 5 % par an depuis dix ans et pourrait compter 2 milliards d’habitants en 2050 , neuf fois plus qu’un siècle auparavant.
Cet afro-optimisme dont ont fait preuve à foison les participants au forum franco-africain de vendredi dernier, à Bercy, ne doit certes pas occulter des difficultés considérables. Les ministres et dirigeants d’entreprise présents, au nombre de 500, n’ont pas nié les problèmes criants du continent : corruption, faiblesse de l’Etat de droit, insuffisances des infrastructures routières, énergétiques, d’adduction d’eau, de santé ou d’éducation. Selon la Banque mondiale, il faudrait des investissements de 100 milliards de dollars par an dans les infrastructures , dont les 54 Etats africains ne peuvent fournir que la moitié.
20 milliards d’euros d’engagements de l’AFD sur cinq ans
Des obstacles qui ne sont plus rédhibitoires. Les finances publiques de la plupart des pays d’Afrique leur permettent d’envisager des emprunts à des taux plus raisonnables qu’il y a quelques années. « Je ne connais pas un pays africain qui ne rembourse pas sa dette », s’est exclamé Macky Sall, président du Sénégal, en une allusion à la Grèce qui a suscité l’hilarité de l’assistance. Sur le plan politique, « des élections libres ont été organisées » depuis le début du siècle dans « 48 des 54 pays du continent », s’est réjoui Alassane Ouattara, président de Côte d’Ivoire. Un tiers seulement des Africains vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, un résultat remarquable quand on se souvient qu’ils étaient les deux tiers dans ce cas au moment des indépendances vers 1960, a ajouté Lionel Zinsou, patron de la fondation Africa-France. Quant aux jeunes cadres cherchant une terre d’opportunité, ils peuvent s’inspirer de Jumia Nigeria, souligne Jeremy Doutte, « où on recrute des sergents pour faire le travail d’un général, alors qu’en Europe des jeunes capables d’être général sont souvent confinés à des tâches de sergent ».
Puisque l’argent est le nerf de la guerre, ou plutôt du développement, le président de la République, François Hollande, venu souligner l’implication de la France au milieu d’une navette diplomatique entre Kiev et Moscou, a détaillé une série d’initiatives financières. La réserve « pays émergents » du Trésor sera désormais consacrée à 70 % à l’Afrique, à hauteur de 240 millions d’euros. Les garanties apportées par la Coface sont passées de 800 millions d’euros en 2013 à 2 milliards en 2014 et « en 2015, ça continuera ». Et l’engagement pris l’an dernier par l’Agence française de développement (AFD) d’investir 20 milliards d’euros sur cinq ans pour l’Afrique « sera tenu ». Le chef de l’Etat a enfin annoncé la création d’une banque de l’exportation pour faciliter les grands contrats, notamment en Afrique
Source: lesechos.fr