Le bras de fer entre la CEDEAO et les juntes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso semble prendre un nouveau tournant. Lors d’un sommet extraordinaire tenu à Abuja le 25 février, l’organisation régionale a décidé de lever partiellement les sanctions économiques et commerciales imposées au Mali et au Niger. Le Burkina Faso, pour sa part, n’est pas concerné par cette mesure.
La décision, qualifiée de « changement de rythme » par la CEDEAO, vise à « alléger les souffrances des populations » et à encourager les juntes à restaurer la démocratie et à rester dans l’alliance. La levée des sanctions concerne notamment la fermeture des frontières, le gel des avoirs et les restrictions de voyage.
Néanmoins, des sanctions individuelles et politiques restent en vigueur. La CEDEAO réaffirme également son « principe de tolérance zéro » face aux prises de pouvoir anticonstitutionnelles et appelle à la libération du président nigérien Mohamed Bazoum, assigné à résidence depuis le coup d’État du 26 juillet. En toile de fond de ce compromis se profilent des motivations économiques. En effet, la sortie du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO et de l’UEMOA pourrait avoir des conséquences négatives importantes pour l’ensemble des pays membres.
Le risque d’une dévaluation du franc CFA, d’une aggravation de l’inflation et de la dette est réel. De plus, les trois pays contribuent de manière significative aux ressources de la Banque centrale de l’UEMOA. Face à ces défis, la CEDEAO semble prête à des compromis pour maintenir la cohésion régionale. La création d’une alliance monétaire parallèle par les juntes militaires est un élément à prendre en compte dans les négociations à venir. L’avenir de la région dépendra de la capacité des différentes parties à trouver un terrain d’entente et à privilégier le dialogue et la coopération.