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Koulouba 2013 : Un président affaibli avant d’être élu

Dangers d’une présidentielle au mois de juillet : Mais qui choisirait avec lucidité et responsabilité de sortir du puits pour tomber dans le feu ? Personne.  Si la souveraineté appartient au peuple, le Président de la République a la charge d’éviter sa suspension tacite par défaut d’expression.  « C’est toujours le Pr Dioncounda mon Président, pas encore Mr Hollande ! »

DIONCOUNDAPour accréditer l’idée de l’organisation de la Présidentielle en juillet 2013, ses défenseurs ne manquent pas d’imagination et rivalisent d’arguments, des plus saugrenus aux plus pertinents. Aussi ils ne ratent aucune occasion pour clamer que c’est dans l’intérêt du Mali qu’ils défendent une telle position. Heureusement et tant mieux ! Nous comprenons leurs préoccupations et les invitons à une opération de réflexion globalisante et analytique pour aboutir à une décision de sagesse, de réalisme et de bon sens.

Oui, le Mali doit tourner très vite la page d’une Transition accidentelle dirigée par un Président illégitime  parce que NOMME, illégal parce que n’ayant jamais été élu député pour mériter son ancien poste de Président de l’Assemblée Nationale qui pourtant, est le seul fondement de la légalité constitutionnelle qui entoure sa fonction actuelle.

Oui, le Mali et les maliens ont hâte d’inaugurer une nouvelle ère de démocratie avec des institutions fortes parce que légales et légitimes, pour engager sérieusement le combat de la renaissance économique et sociale.

Oui, le Président Hollande a peur de ne pas pouvoir supporter seul, encore longtemps, le  coût de l’intervention « SERVAL » et voudrait par conséquent que les USA qui font de l’élection présidentielle une exigence avant toute contribution à la facture, soient mis à l’aise.

Oui, les membres de l’Exécutif de Transition ne voudraient pas être traités de pouvoiristes (même s’ils le sont) ayant goûté aux délices de la « gouvernance bamboula » au point de vouloir s’éterniser aux manettes d’un Mali certes convalescent, mais ayant droit à tous les égards de la part de la communauté internationale.

Voici ramassés quelques griefs ou arguments (c’est selon) qu’avanceraient les protagonistes. Il est donc aisé de comprendre que, pour les mêmes raisons, la classe politique (pas de façon unanime et explicite) pousse la charrue pour installer au plus vite un nouveau locataire à Koulouba, au plus tard en Août 2013.

Entre ces deux positions facilement conciliables, qui ne sont en réalité qu’une seule et même position si nous prenons au mot leurs auteurs, il nous essayerons d’adresser les responsabilités  des uns et des autres par rapport à l’exécution de la feuille de route de la Transition adoptée par l’Assemblée Nationale le 29 janvier dernier. C’est le bréviaire le plus récent de cette période de Transition.

Le premier des objectifs de cette feuille de route consiste dans le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali; ce qui reste encore un objectif à réaliser tant que la ville de Kidal restera une sorte de protectorat français, ce qui est inacceptable.

Les autorités doivent comprendre que la libération de Kidal et son administration par l’Etat du Mali par le déploiement effectif de l’armée malienne dans ses coins, recoins et alentours, est une exigence du peuple malien dans sa globalité et sa diversité; n’en déplaise au « le moment venu » de Mr Fabius et le « nous serons intraitable » de son patron François Hollande.

Il est urgent pour nos dirigeants, le chef de l’Etat en premier lieu, de comprendre que la notion de Transition constitutionnelle intègre aussi, même si c’est de manière tacite et implicite, la nécessité de déblayer le terrain sociopolitique, à la limite du faisable et du légal, pour permettre au prochain Président de la République et à son équipe de travailler dans un environnement assaini et favorable au déploiement des grands chantiers du développement économique et social du pays.

Qu’il s’agisse de la sécurisation du territoire malien, du retour et de la gestion des réfugiés et déplacés, de l’apaisement du climat politique et social, de la gestion de certains dossiers judiciaires, de l’assainissement des finances publiques, de la surveillance des équilibres macroéconomiques, etc …le Président-Professeur Dioncounda dispose là, malgré la situation de crise, d’une occasion historique de faire faire au Mali des pas de géant inoubliables dans le sens de la gouvernance moderne au grand bénéfice de son successeur et de tout le peuple malien.

Les élections attendront le temps qu’il faudra, pour bénéficier d’une organisation parfaite dans un climat de paix, de sécurité et de bonnes dispositions psychologiques des citoyens. Il faudra juste créer les conditions d’un large consensus au sein de la classe politique dans le sens d’asseoir un calendrier électoral réaliste et inclusif.

A moins que le futur Président de la République ne soit déjà désigné, comme on l’a toujours fait au Mali, et qu’il sortirait du lobby qui gère le pays sans discontinuer depuis plus de 20 ans; ce qui lui garantirait certes le soutien indéfectible de l’Assemblée Nationale sortante, mais ne peut lui assurer la sécurité du pays.

Et alors! Qui choisirait avec lucidité et responsabilité de sortir du puits pour tomber dans le feu ? PERSONNE !

Il est trop tôt pour faire vivre aux maliens un second traumatisme en l’espace d’un an. Ils ne s’en relèveront pas !

A.B.D

DANGER N° 1: Une Assemblée Nationale sortante de défiance pendant une longue période indéterminée

Tout est fait pour que personne ne s’interroge sur la date des élections législatives malgré qu’un accord tacite des politiques entoure pudiquement la date supposée de la Présidentielle prévue en Juillet. Cela dénote d’un manque de sérieux criard de la part des acteurs politiques qui ne sont obnubilés que par KOULOUBA, alors que l’Assemblée nationale actuelle a non seulement atteint sa date de péremption depuis 10 mois mais est composée de députés qui, dans leur grande majorité,  ont accompagné tous les Exécutifs qui se relaient comme un jeu de loterie depuis plus de 20 ans et validé toutes les politiques et pratiques qui ont entraîné le Mali dans ce gouffre où il se trouve aujourd’hui. Comment imaginer un seul instant qu’une telle assemblée puisse sérieusement, sincèrement, politiquement et techniquement accompagner un Exécutif de rupture que les citoyens maliens profondément traumatisés appellent de tous leurs vœux et dont le Mali qui vient d’échapper in extrémis à son annihilation ne saurait faire l’économie ? Une telle Assemblée ne raterait aucune occasion, dans un dernier baroud d’honneur ou sortant d’un profond sommeil, pour poser de manière délibèrée des actes de sabotage et de perturbations dangereuses du fonctionnement de la République. Inutile de nous rabâcher le caractère républicain, patriotique ou responsable des députés, car aucune jurisprudence dans leur pratique parlementaire n’en fait foi.

HKB

DANGER N° 2: 

UNE NOUVELLE REBELLION 

Des Réfugiés en colère contre la République et la Nation

La meilleure façon de produire des terroristes « bon marché » en quantité industrielle est de sédentariser les réfugiés dans les camps qu’ils occupent depuis presque un an.

La meilleure façon de produire des terroristes « bon marché » en quantité industrielle est de sédentariser les réfugiés dans les camps qu’ils occupent depuis presque un an. Plus ils restent dans les camps, plus ils perdent les liens sociaux et spirituels avec la nation malienne, plus ils seront confrontés à la précarité et moins ils résisteront à l’offre de recrutement des réseaux terroristes qui leur proposent salaires, « avenir radieux » ou « paradis ».

Au-delà de son caractère humanitaire, la resocialisation des réfugiés en les permettant de réintégrer leur environnement sociologique naturel doit occuper une place de choix dans la lutte contre le terrorisme qui est entrain d’être menée par les armées africaines et françaises. La situation dans les camps des réfugiés est une cause du terrorisme d’une supérieure ou égale valeur que la pauvreté et les conflits intercommunautaires en ce qu’elle offre aux recruteurs « jihadistes » et narcotrafiquants un cadre idéal à proximité (près des frontières) des zones des opérations criminelles à entreprendre plus tard. C’est pour toutes ces raisons que des combattants sahraouis sont reconnus parmi les envahisseurs du Nord Mali, comme l’explique Joe Grieboski, un expert en matière sécuritaire et de lutte antiterroriste, qui a fait observer le 08 février 2013 dans le journal américain «The Blaze» que « les camps de Tindouf étaient devenus un terrain fertile pour les recruteurs d’AQMI, tout en pointant du doigt la précarité des conditions de vie dans les camps de Tindouf sous l’emprise des milices du Polisario, dans un contexte de désespoir pour les jeunes» qui deviennent des cibles faciles des recruteurs d’Al-Qaeda. Quid des réfugiés, cette fois-ci maliens, installés aux portes du Mali, qui connaissent parfaitement le pays dans ses coins et recoins et qui sont en colère contre la République qui les ignore et la Nation qui les oublie ?

Relocaliser les réfugiés et les déplacés à l’intérieur du Mali avant toute élection post-occupation est donc devenu tout simplement une action de salubrité publique et de solidarité nationale pour les autorités maliennes et un pilier essentiel dans la lutte anti-terroriste pour les forces armées françaises et africaines qui sont sur le théâtre des opérations, ainsi que pour toute la communauté internationale qui considère la sécurisation du sahel comme un impératif de paix dans le Monde.

Ne pas régler le sort des réfugiés avant l’élection revient à confier une patate chaude au futur nouveau locataire de Koulouba.

A.B.D

DANGER N° 3:

SAHEL

Les Réfugiés comme cause de faiblesse diplomatique et source de conflits sous-régionaux

Selon les informations fournies par UNHCR, il y aurait 68.385 réfugiés en Mauritanie,  50.000 au Niger et 48.939 au Burkina.

La présence de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés, démunis pour la plupart et désœuvrés, entassés dans des camps qui continuent à accueillir d’autres arrivants par milliers depuis l’intervention française « Serval » et les actions « kamikaze » des terroristes, constitue un fardeau lourd à porter pour ces pays sahéliens confrontés à la pauvreté endémique autant que le Mali. Les structures sociales et économiques ainsi que les institutions militaro-sécuritaires de ces pays sont submergés depuis longtemps, parce qu’ils ne sont pas préparés à la gestion de ce type de crises subites. Il suffit que l’assistance internationale fasse défaut pour qu’on assiste à une implosion aux conséquences incalculables. On peut bien se fier à l’expression naturelle de la solidarité africaine, mais seulement jusqu’à la limite du possible car celle-ci n’est pas applicable à l’infini. Avec la survenue prochaine des pluies et la période difficile de soudure qu’elle entraîne partout à travers le Sahel, les vivres arriveront à manquer; ce qui peut génèrer des conflits ingérables entre populations autochtones et refugiés. Cela peut impacter négativement les relations fraternelles entre le Mali et les Etats voisins qui doivent aussi gérer les humeurs de leurs opinions publiques respectives. Les Etats n’ayant pas des amis mais des intérêts, la realpolitik impose souvent aux autorités publiques de protèger d’abord leurs populations quitte à se fâcher avec l’autre partie. Dans ces situations, le Mali serait obligé de faire profil bas pour la sécurité de ses enfants réfugiés qui deviennent du coup un facteur de faiblesse pour le Président de la République nouvellement élu.

Même s’il ne figure pas sur la feuille de route de transition, le retour des réfugiés et des déplacés chez-eux ou quelque part à l’intérieur du territoire malien, sous les ailes protectrices de la République et de la Nation maliennes, constituerait un acte fort de raffermissement du lien social entre maliens. C’est cela donner la chance à la réconciliation, s’il en était besoin. Ces réfugiés ne peuvent pas être une première fois victimes de l’occupation du territoire malien par des envahisseurs terroristes et devenir ensuite des victimes de la libération heureuse du même territoire malien par la République du Mali, parce que simplement celle-ci refuserait d’assumer (ou ignorerait) son devoir moral et régalien de les sortir de la brousse où la situation de crise les a dirigés, pour les réinstaller dans leur milieu naturel qu’ils avaient fui, malgré eux, par fidélité et attachement à la Nation malienne qui, en retour, devrait leur exprimer toute sa reconnaissance et sa gratitude. Cela n’est ni la responsabilité de la France ni celle de la MISMA (même si elles observent le Mali souverain et apprécieront le moment venu le sens des responsabilités de ses dirigeants), mais celle totale et exclusive de l’Etat malien et de ses dirigeants auxquels il est simplement demandé d’affirmer une volonté politique sans faille dans ce sens. Pour le reste, Il suffira juste de demander la collaboration et l’assistance de l’UNHCR afin qu’elle facilite et encadre la relocalisation des réfugiés et les déplacés chez-eux.

Boniface Dembélé

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