L’armée malienne serait-elle finalement à Kidal ? La question demeure posée au sein des milieux sécuritaires de la capitale, suite à la décision prise par les français d’interdire l’accès de la localité aux deux chefs militaires, les colonels-majors Didier Dacko et El Hadj Gamou, qui commandent les troupes maliennes au nord du pays. Or, ces deux officiers supérieurs ont jusqu’ici dirigé toutes les opérations de reconquête des villes avec les troupes françaises de l’opération Serval. Pourquoi leur interdire alors d’entrer à Kidal ? Selon des sources sécuritaires, les Français auraient cédé à des exigences des membres du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azaouad) et du Hcua (Haut conseil pour l’unité de l’Azaouad).
Ces deux mouvements, signataires de l’accord de Ouaga, s’opposent à l’arrivée à Kidal de Didier Dacko et de El Hadj Gamou, leurs ennemis jurés. Alors juge ou partie ? Les Français semblent sortir de leur neutralité. D’autant, qu’ils viennent de signifier au commandement de l’armée malienne une autre décision : seuls 200 soldats maliens sont autorisés à…mettre pied à Kidal.
Ces deux décisions françaises suscitent de nombreuses réactions négatives au sein de l’armée et de l’opinion malienne. Pourquoi ces deux mesures d’interdiction et de restriction ? Quel est aujourd’hui le vrai statut de Kidal ? Pourquoi se plier aux exigences d’un groupe armé? Ce sont là, entre autres questions entendues à Bamako, où un sentiment de doute et d’incompréhension commence à envahir l’opinion au sujet de la position française concernant Kidal.
Sur le théâtre des opérations au nord, les soldats, sous ordre des deux officiers, affirment qu’ils ne partiront pas à Kidal, sans leurs chefs. «Les soldats seront en opération à Kidal, tout comme les français, les béninois et les tchadiens. Eux sont avec leurs commandements respectifs. Pourquoi les Maliens n’y seront pas avec leur commandement ? », affirme un officier contacté par l’Aube.
en attendant, les autorités maliennes gardent un silence total, sur ces décisions françaises. Pourquoi ?
C. H. Sylla