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Kamissa Camara: Une nouvelle dynamique

Sa nomination à la tête du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale n’aura pas laissé grand monde indifférent.

Inexpérimentée pour une telle fonction, nouvelle ère, nouvelle dynamique, chacun y est allé de son commentaire. Loin de s’en laisser compter ou de baigner dans l’euphorie, elle préfère rester focus sur sa responsabilité et garde la tête froide. Il faut dire que ce ne sont pas les défis qui manquent. Difficulté dans l’opérationnalisation de la force conjointe G5 Sahel, relecture de la carte diplomatique du pays, défense des intérêts des Maliens, Kamissa Camara fait face, de front. Pour sa toute première interview accordée à un média malien,  elle revient pour Journal du Mali sur les sujets chauds et sur sa vision de la diplomatie malienne.

Insuffler une nouvelle dynamique à la diplomatie malienne, cette formule vous suit de près, comment comptez-vous vous y prendre ?

Il faut dire que cette nouvelle dynamique est une nécessité aujourd’hui. Le monde a changé, la position géopolitique du Mali a changé. Par conséquent, notre diplomatie doit évoluer, s’adapter et être en phase avec les nouveaux acteurs du champ national et international. Il est également essentiel aujourd’hui d’aller vers une réévaluation périodique de notre outil diplomatique afin de l’adapter au mieux à nos objectifs stratégiques, aux intérêts de notre pays, et à la vision voulue par S.E. le Président de la République. Ne dit-on pas que « Rome ne s’est pas construite en un jour » ? De ce fait, notre objectif est d’asseoir ce qui constituera les bases d’une diplomatie malienne pour les décennies à venir, une diplomatie qui sortira des sentiers battus et qui nous mènera à la préservation de nos intérêts sur l’échiquier international.

Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?

L’État est une continuité alors j’estime qu’il est essentiel de rester dans le cadre de la vision voulue par le Chef d’État tout en se munissant d’outils indispensables pour innover dans la façon de faire. La relecture de la carte diplomatique du Mali est une des lourdes taches qui m’a été confiée par le Président de la République. Il s’agira d’évaluer la présence de nos représentations diplomatiques à travers le monde, de s’assurer que nous ayons le personnel adéquat dans chacune d’elle et de s’assurer que nous avons une présence marquée dans les pays stratégiques. La prochaine Conférence des Ambassadeurs et Consuls Généraux du Mali qui se tiendra du 18 au 22 Février à Bamako permettra de poser le socle de cette dynamique. À partir de là, nous serons tous investis autant que nous sommes d’un cahier de charges plus adapté aux réalités actuelles. Je mets aussi un point d’honneur sur la communication. Notre département est très stratégique alors il est essentiel de communiquer sur ce que nous faisons, aussi bien sur nos succès que nos échecs. Aussi, à l’ère du numérique, nous nous devons d’être en phase avec l’évolution technologique en matière d’information et de communication interne entre l’administration centrale et nos représentations à l’étranger.

En novembre 2018, le Maroc a instauré une autorisation de voyage électronique aux Maliens, quelle a été la raison avancée par le Royaume pour justifier cette mesure ?

Il faut déjà rappeler que cette mesure ne concerne pas uniquement le Mali. Les ressortissants du Congo Brazzaville et de la Guinée ont également été soumis aux règles. Cette mesure est le résultat de l’expérimentation d’une nouvelle politique intérieure globale pour ce qui est de la gestion de leurs frontières du Maroc. Si vous consultez leur plateforme électronique, vous verrez que d’autres pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, pour ne citer que ceux-là, sont tout aussi en phase d’être soumis à cette même législation. Quant au Burkina Faso voisin, leurs ressortissants sont simplement invités à se rendre à l’ambassade du Maroc pour faire une vraie demande de visa.

Pourquoi ne pas avoir appliqué la réciprocité ?

Encore une fois, il est essentiel de rappeler que chaque nation souveraine a le droit de déterminer sa politique de gestion des frontières. Le Royaume ami du Maroc expérimente cette législation pour le moment car ils estiment que c’est un besoin spécifique à eux. Le Mali aura surement l’occasion de revoir sa politique si nécessaire en temps voulu.

Il se murmure que le Mali souhaiterait renouer des relations diplomatiques avec Israël…

Je crois que si on faisait attention à tout ce qui se murmurait, on avancerait très peu. Il faut garder en tête qu’il y a une vision globale voulue par le Chef d’État pour ce qui est de la diplomatie et que c’est à cette dernière qu’il faut se fier. Les relations internationales restent un domaine complexe tout de même, et ma mission est de défendre les intérêts du Mali partout à travers le monde et dans toutes les instances internationales.

Pourtant, à la tribune des Nations-Unies, le chef de l’État réaffirmait le soutien du pays à la Palestine.

En effet, le Mali a toujours soutenu la Palestine et c’est tout à fait normal que le Chef de l’État réaffirme cela aux Nations Unies. La position du Mali n’a pas changé concernant ce soutien.

Vous remettez au goût du jour la conférence des ambassadeurs et consuls généraux qui se tiendra en février, quelles seront vos attentes ?

Je l’ai évoqué précédemment, cette rencontre devra être l’opportunité d’évaluer notre outil diplomatique et de le réadapter en fonction des défis qui sont les nôtres aujourd’hui. Cette rencontre est essentielle pour maintenir une bonne dynamique dans l’ensemble du Ministère mais aussi et surtout de privilégier la même ligne de travail entre le Ministère et les Ambassades et Consulats du Mali à travers le monde. Nos ambassadeurs et consuls généraux sont investis d’une mission dans leurs juridictions respectives et ils sont les mieux placés pour évoquer les problèmes rencontrés ainsi que les avancées notoires. Ce ne sera donc que pure justice de rassembler tout ce beau monde autour de discussions pertinentes mais aussi et surtout de redéfinir notre outil diplomatique et notre représentation à travers le monde.

Selon la ministre française des armées, la force conjointe du G5 Sahel aurait repris ses opérations, qu’en est-il ?

La France est un grand partenaire stratégique depuis la création du G5 Sahel jusqu’à la création de la Force Conjointe du G5. Nous nous heurtons à des difficultés de financement de la FC et surtout à un mode de financement pérenne que pourrait nous garantir le Chapitre VII des Nations Unies. Les efforts se poursuivent dans ce sens.

 

Plusieurs promesses de dons ont été faites à l’endroit de la force, la dernière en date celle de la chine, pourtant l’opérationnalisation peine toujours, où se situe le blocage ?

La complexité de la situation sur le terrain et les difficultés de financement de la Force ralentissent son opérationnalisation. En revanche, il est important de savoir que cette force résulte de la volonté de 5 Chefs d’État qui sont déterminés à combattre de façon radicale le terrorisme dans cette zone. Nos nations ont pris leur destin en main et travaillent quotidiennement à ce que cette force soit la plus opérationnelle possible.

Le consulat du Mali en France a été bloqué 14 jours durant entre fin décembre 2018 et le début de l’année 2019, et ce n’est pas la première fois, que prévoyez-vous de faire afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise ?

Ce n’est surement pas la seule représentation à l’étranger où nous avons recensé des difficultés. D’ailleurs, le blocage du Consulat du Mali en France s’est déroulé sur fonds de situation sécuritaire précaire dont la gestion aurait déplu à certains ressortissants des régions du centre, notamment Yelimané. Mon département met cependant tout en œuvre en ce moment même pour que chaque malien(ne) et ce peu importe sa position géographique, ait accès aux meilleurs services administratifs dans les plus brefs délais et qu’il/elle se sente pris(e) en compte.

Ces actions semblent témoigner d’un malaise avec les ressortissants maliens à l’étranger qui estiment que l’Etat ne fait pas assez pour protéger leurs intérêts ?

Défendre les intérêts du malien est un travail quotidien et de longue haleine. Vous n’êtes pas sans savoir que nous travaillons avec des ressources limitées. Je reste tout de même convaincue qu’ensemble, à force de travail et d’abnégation, nous y arriverons. Comme je l’ai dit précédemment, ma mission principale consiste à défendre les intérêts du Mali et de chaque ressortissant malien et ce, en collaboration avec nos collègues du Ministère de l’Intégration Africaine et des Maliens de l’Extérieur.

Vous affirmiez dans une récente interview entretenir de très bonnes relations avec l’Algérie, pourtant plusieurs témoignages de nos ressortissants mettent en lumière des traitements dégradant de la part de ce pays.

Oui, en effet ! Vous savez… dans le quotidien, il est impossible de prédire ou d’empêcher tous les incidents. Le travail qui nous incombe dans ce cas, c’est la gestion apportée à ces différentes crises. Nous avons une ambassade en Algérie qui travaille, dans les conditions qui sont les leurs, à recenser ces cas de mauvais traitement, à travailler avec les autorités algériennes pour apporter le soutien nécessaire à ceux qui en sont les victimes. Parallèlement à cela, nous avons une Direction Afrique au sein de l’administration centrale à Koulouba qui est en permanente communication avec l’administration algérienne pour mettre fin au problème.

Un opposant s’est auto-proclamé président du Venezuela, quelle est votre réaction sachant qu’une importante coopération bilatérale existe entre nos deux pays ?

Il appartient au peuple souverain du Venezuela de gérer ses crises internes et avec tout le respect que nous leur devons, nous ne sommes pas aptes à nous prononcer sur ce sujet. Je leur souhaite tout de même de sortir le plus rapidement de cette crise pour que nous continuons les efforts consentis dans les termes de cette collaboration bilatérale entre les deux pays.

Mi-janvier, les membres du conseil de sécurité de l’ONU se sont montrés impatients face aux retards pris dans l’application de l’accord pour la paix, ils menacent de procéder une adaptation importante de la MINUSMA, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Du 14 au 17 janvier 2019, j’ai effectué une visite officielle au Siège des Nations Unies à New York, dans le cadre de l’examen, par le Conseil de sécurité des Nations Unies, du rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Mali, couvrant la période allant du 18 septembre au 14 décembre 2018. Dans mon discours devant le Conseil de sécurité, tout comme au cours des rencontres bilatérales que j’ai eues, j’ai mis l’accent sur la détermination du Président de la République, du Premier ministre et des parties maliennes à l’Accord de poursuivre et de diligenter la mise de l’Accord. J’ai également mis l’accent sur les progrès réels réalisés, les défis et les perspectives pour les mois à venir.

Les membres du Conseil de Sécurité ne menacent pas, mais ils demandent à voir des progrès concrets dans la mise en œuvre de l’Accord, progrès qui leur seront présentés au mois de Mars à New York.

Des informations font état de l’enlèvement d’un ancien agent des services de renseignements slovaque que le Mali avait refusé d’extrader, comment gérer-vous cette situation ?

Le plus important aujourd’hui serait d’aider la police malienne dans ses recherches. Pour le moment, nous n’avons été approchés par aucune ambassade à nous prononcer sur le sujet. Prions pour qu’on le retrouve le plus rapidement possible si l’information est avérée.

Votre nomination a fait beaucoup parler et suscité un certain espoir, de nombreuses personnes se montrent dithyrambiques à votre endroit, que représentent tous ces égards ?

Pour le moment, je préfère me concentrer sur cette responsabilité importante qui est mienne. Le bilan pourra être fait à la fin de ma mission.  Mais je comprends tout à fait le symbole de ma nomination. Je garde cependant la tête froide pour prendre les bonnes décisions et faire rayonner mon pays comme il se doit.

Journal du mali

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