Dans le cadre des activités commémoratives de la Journée internationale des migrants (JIM), édition 2021 délocalisée à Ségou, le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyène a co-animé un panel de haut niveau sur «le rôle de la diaspora dans la refondation», dans la salle de spectacles de la Chambre de commerce d’industrie de la localité. Il était accompagné de son collègue de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga et l’ancien ministre Harouna Niang, sous la modération de l’ex-chef du département en charge de l’Intégration africaine, Dr Abdrahamame Sylla.
Dans son exposé, le ministre en charge des Maliens établis à l’extérieur a mis l’accent sur les grandes lignes de la Politique nationale de migration (Ponam) avant de rappeler les résultats enregistrés par son département en 2021.
Selon Alhamdou Ag Ilyène, la migration est un phénomène mondial humain et partagé. à ce propos, le ministre a souligné que l’objectif de son département n’est pas d’arrêter la migration, mais plutôt de lutter contre ses aspects criminogènes, mortifères et irréguliers en combattant le réseau des passeurs, dont les plus nantis ne sont pas des Africains. «Il s’agit de faire en sorte que les Africains vivent dignement chez eux ou qu’ils voyagent correctement et dans les normes humainement acceptables, quand ils le désirent», a-t-il défendu.
En réponse aux questions des participants, le ministre en charge de la Refondation a souligné la responsabilité de l’État dans la mauvaise gestion de l’état civil au Mali. Mais aussi l’importance de la protection des Maliens établis à l’extérieur pour l’État, la nécessité de tirer les leçons des échecs, afin de poser les jalons d’un Mali émergent.
«Nous avons fait beaucoup de transitions parce que nous n’avons jamais su tirer de leçons des erreurs qui nous ont conduit à ces situations. C’est pourquoi, le Mali se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins», a regretté le ministre. Pour sortir du cycle de transitions répétitives, Ibrahim Ikassa Maïga a salué la tenue des Assises nationales de la refondation (ANR). Il s’est réjoui de la mobilisation remarquable de la diaspora lors de ces rencontres au niveau des 23 pays retenus.
Pour sa part, l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce a dénoncé la stratégie du retour forcé des migrants qui constitue, selon lui, une violation des droits de l’Homme. Sur le plan économique, Harouna Niang a révélé que l’apport de nos compatriotes établis à l’extérieur est estimé à 600 milliards de Fcfa environ par an. Une somme largement supérieure à l’aide publique au développement globale des partenaires techniques et financiers. Il s’est félicité de la création du Centre africain d’études et de recherche sur la migration (Carem), dont le siège se trouve à Bamako.
La création d’une banque ou d’un fonds d’investissements pour les Maliens de l’extérieur, la facilitation de l’obtention des visas de la part des pays d’accueil afin de diminuer le nombre de candidats au départ irrégulier avec son corollaire de morts dans le Sahara et dans la Méditerranée ont été des sujets abordés au cours de la rencontre. Sans oublier la création d’un cadre de réunification des organisations des Maliens établis à l’extérieur, la création d’une collectivité publique pour la diaspora et sa représentation dans l’Assemblée nationale.
Ainsi, durant trois jours, plusieurs autres thématiques, en lien avec la migration, ont été débattues par les experts du ministère et des organisations partenaires. Il s’agit, entre autres, de la protection des migrants en temps de Covid-19 et la relance économique en mobilisant la diaspora, l’indicateur de gouvernance de migration (IGM) et les défis relatifs aux données migratoires. S’y ajoutent des panels sur l’état de mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières au Mali, la portée du décret portant statut des Maliens établis à l’extérieur et du migrant de retour, ont été décryptés par les spécialistes.
Les participants étaient composés de représentants du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr), du Haut conseil des Maliens de l’extérieur (Hcme), du Conseil supérieur de la diaspora malienne(CSDM)…
Envoyé spécial
Aboubacar TRAORÉ
Source : L’ESSOR