En Iran, un groupe jihadiste a revendiqué l’enlèvement d’une douzaine de militaires iraniens dans le sud-est du pays près de la frontière pakistanaise. La province du Sistan-Balouchistan est en proie depuis plusieurs années à des affrontements militaires et des actions de ce groupe sunnite extrémiste.
De notre correspondant à Téhéran,
C’est le groupe terroriste Jaïsh al-Adl, qui signifie en arabe « Armée de la Justice », qui est responsable de l’enlèvement des militaires survenu à la mi-octobre. Il s’agit de la dernière action d’envergure de ce groupe dans la région. Le groupe Jaïsh al-Adl a publié sur son site les images de douze militaires iraniens en treillis et agenouillés ainsi que les armements saisis. Selon les autorités iraniennes, les militaires enlevés ont été endormis à l’aide d’une substance et ont été ensuite emmenés au Pakistan alors qu’ils étaient inconscients.
L’ancien chef exécuté
Le groupe Jaïsh al-Adl a été formé en 2012 par d’anciens membres d’un autre groupe extrémiste sunnite, le groupe Joundallah, qui signifie « soldats de Dieu ». Joundallah avait mené des actions sanglantes dans la province du Sistan-Balouchistan entre 2005 et 2010. Le chef de ce groupe Abdolmalek Righi a été arrêté en 2010 lors d’une opération spectaculaire.
L’avion de ligne dans lequel il se trouvait qui avait décollé de Dubaï et se rendait en Asie centrale avait été contraint par la chasse iranienne d’atterrir en Iran. Abdolmalek Righi avait été arrêté avant d’être jugé et exécuté ensuite. Après l’exécution de Righi, le groupe Jïsh al-Adle a été créé.
Depuis, ce groupe est de plus en plus actif dans la région frontalière avec le Pakistan. En avril 2017, le groupe avait tué dix militaires iraniens à la frontière pakistanaise. D’autres militaires iraniens ont été tués ces derniers mois. La province du Sistan Baouchistan comprend une importante minorité sunnite alors que la population iranienne est très majoritairement chiite. Le groupe Jaïsh al-Adle recrute ses membres parmi la communauté sunnite de cette région.
L’Iran accuse l’Arabie saoudite et les Etats-Unis…
Les autorités iraniennes accusent les pays étrangers comme l’Arabie saoudite et les Etats-Unis d’aider ce groupe et le Pakistan de fermer les yeux. D’ailleurs, le chef de l’armée de terre des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne, a été dépêché au Pakistan pour demander une action commune des armées des deux pays contre le groupe Jaïsh al-Adl, qui est implanté le long de la frontière. Téhéran affirme que les commandos de ce groupe s’infiltrent en Iran depuis le Pakistan.
De même, l’Iran accuse l’Arabie saoudite et les Etats-Unis de financer ce groupe, comme d’autres groupes armés hostiles à la République islamique, notamment des groupes arabes et kurdes, actifs dans la province du Kouzistan et du Kurdistan, situées à l’Ouest de l’Iran, pour affaiblir le pouvoir central.
RFI