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Intox et désintox: la cabale sans fin

Par ses propos et sa politique sectaire spectaculaires, le maître du Quai d’Orsay, Jean-Yves Le Dribbleur, continue de provoquer une onde de choc négative dans le pays. Entre dénonciations calomnieuses, ringardise, le Mali éternel résiste à la cabale.

Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DÉSINTOX de construction massive.
Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.

Le fétichisme
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Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a reproché, lundi 11 juin, au Mali de manquer de volonté politique pour la mise en œuvre des accords de paix dans le Sahel, à l’issue d’une rencontre à Stockholm avec son homologue suédoise : « Dans les accords d’Alger, il y a tout ce qu’il faut pour retrouver la paix au Mali et plus globalement au Sahel ».

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En voici un autre déviant qui croit savoir qu’il suffit de signer un Accord (pour la paix et la réconciliation au Mali d’abord avant de parler du Sahel) pour que la paix apparaisse comme par un coup de baguette magique, une sorte de génération spontanée qui ferait tablé-rase de tout. En réalité : ‘’la paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice’’ Baruch Spinoza, Philosophe (1632-1677).
Avec une certaine nuance, Rogoberta Menchu Tum affirme : ‘’la paix n’est pas seulement l’absence de guerre : tant qu’il y aura la pauvreté, le racisme, la discrimination et l’exclusion, nous pourrons difficilement atteindre un monde de paix’’.
L’accusateur impénitent reconnaîtra que si tous les ingrédients sont réunis pour l’avènement de la paix au Mali et au Sahel, tel qu’il le prétend, ce qui est la chose la moins bien partagée dans cette affaire, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. Ce qui manque le plus, c’est le développement. Face à tels enjeux, toute profession de foi s’avère vaine. Pour être un tant soit peu sérieux, l’État seul ne peut pas porter la responsabilité des maillons manquants. Mais cela, il ne peut l’admettre pour des raisons évidentes.
Il y a aussi des préalables à la paix, dont Aristide BRIAND présente une des composantes les plus élémentaires : ‘’Pour faire la paix, il faut être deux : soi-même et le voisin d’en face’’. (Discours et écrits de politique étrangère : la paix, l’Union européenne, la Société des Nations [un recueil (édition 1965)). Or, il existe de nombreux indices qui attestent que le voisin d’en face peut aussi être le voisin qui tient front, parce qu’insuffisamment imprégné de la notion de communauté de destin.
Et puis, de sérieuses avancées ont tout de même été enregistrées dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, n’en déplaise aux détracteurs. Cela, dans les quatre domaines que sont les questions politiques et institutionnelles ; les questions de défense et de sécurité ; le développement socio-économique et culturel ; la réconciliation, la justice et les questions humanitaires.
Enfin, le Dribbleur, pour être davantage crédible, pourrait éviter de mettre à profit ses excursions à Stockholm ou ailleurs dans le monde pour charger le Gouvernement malien. Il y a des canaux appropriés pour exprimer ses observations qu’il ne devrait plus ignorer, lui qui a vieilli sous le harnais ministériel.

La dérive
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Il enfonce le clou, en affirmant : « Encore faut-il avoir la volonté politique de transformer ces accords en réalité ».

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Ah bon ! Pourtant, dans le Monde.fr avec AFP, du 3 mars 2018, un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat, commentant un rapport de l’ONU qui pointe la perte de contrôle du pays au profit des djihadistes et des groupes armés, estime que le groupe d’experts « juge que toutes les parties sont responsables des retards actuels » à l’application de l’Accord. Mais qu’à ce stade, « le processus n’est pas bloqué à un point où aucune avancée ne pourrait plus être réalisée », estime la même source. Le Dribbleur est de ces spécimens à pouvoir intenter un procès d’intention à des autorités qui doivent composer avec les humeurs des Mouvements signataires et la lourdeur des procédures voulues par les donateurs de la Conférence de Paris. Pis, il les condamne, avant de les avoir entendu.
Au même moment, les coauteurs sont totalement mis hors de cause. Il ne peut du reste en être autrement, lorsqu’on sait que le mardi 22 janvier 2013, il soutenait :»je le dis pour aujourd’hui, mais je le dis aussi pour demain. Les Touaregs, sauf ceux qui se sont laissés embrigader par des groupes terroristes que nous condamnons totalement (…) sont nos amis». Comme si cela n’était pas suffisamment compromettant pour lui, il s’aventure à dire : ‘’les Touareg, quand ils sont dans leur territoire au nord du Mali, ils sont chez eux et il importe de les respecter et de les considérer aussi comme des Maliens comme les autres». N’est-ce pas semer les graines de la partition du territoire, dès lors que le territoire malien appartient au Mali (non à une communauté éthique), quand bien même il existe des terroirs ? Comme quoi l’amitié peut conduire à toutes les dérives les plus folles, d’autant plus qu’elle est géométrie variable.

La condescendance
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« Ce n’est pas encore le cas, je souhaite que ce soit le cas après l’élection présidentielle ».

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Le discours est moins condescendant, moins impératif comme par le passé, mais tout de même la condescendance est là. Le séjour au Quai d’Orsay a dû imposer à l’ancien ministre français de la Défense de revoir son vocabulaire, de se doter d’éléments de langage diplomatique. Sinon, en mars 2013, alors qu’il jugeait que la Transition montrait des signes d’indécision quant à l’organisation de la présidentielle, il intimait : il faut que les élections se tiennent dans le mois de juillet, du moins les élections présidentielles ». C’était à l’issue d’un entretien avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne.
Par ses propos, très polémiques, il affirme également que les autres ne sont pas leurs amis. Ce qui amène à s’interroger sur le sens de l’Opération Serval censée défendre un pays dont l’existence serait menacée…
Le Dribbleur exigeait également : «il faut parallèlement que la réconciliation et le dialogue aient lieu (…). C’est de la responsabilité et de l’initiative du gouvernement malien. L’initiative a été prise mercredi avec la création d’une Commission dialogue et réconciliation (CDR), il faut maintenant qu’elle se mette en place», a insisté le responsable français.
Avant lui, en avril 2013, c’est son employeur du moment, François HOLLANDE qui mettait sévèrement en garde les autorités de la Transition malienne dont les prétendus atermoiements sur la date du premier tour de l’élection du Président de la République, en juillet 2013, l’agaçaient au plus haut niveau :»nous serons intraitables.»
En disant ‘’je souhaite’’, il y a, en tout cas dans le discours, moins de paternalisme, d’autoritarisme, d’irrespect envers un État souverain quoiqu’ayant besoin de la solidarité internationale pour sortir d’une crise sécuritaire à elle imposée par qui on sait. Cette conversion ne serait-ce qu’apparente, du Dribbleur, mérite d’être saluée. Sans oublier bien sûr que les vieilles habitudes ont la vie dure.
Maintenant, quant à transformer les accords en réalité, les Maliens qui sont dans le bourbier sont les premiers à le souhaiter, à l’espérer de tous leurs vœux. Il faut donc arrêter de nous pomper l’air pour des futilités…

La divagation
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Le chef de la diplomatie française a insisté : « s’il y a un message à faire passer au président [malien] – à celui-là ou un autre, je n’ai pas à prendre parti dans un processus électoral –, aux candidats, c’est de faire en sorte qu’ils s’engagent solennellement pour la mise en œuvre des accords d’Alger ».

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De quel engagement parle monsieur Afrique de Hollande ? Parce qu’à ce qu’on sache, l’Accord a été signé par un représentant de l’État, en présence d’un parterre de personnalités africaines et du monde entier : une dizaine de chefs d’État africains. Parmi eux, le Zimbabwéen Robert Mugabe, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (UA), à l’époque, ainsi que le Nigérian Goodluck Jonathan, le Ghanéen John Dramani Mahama et le Rwandais Paul Kagame. Étaient également présents, les ex-présidents maliens Moussa Traoré et Dioncounda Traoré ; le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous ; la Secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean. Cela devrait être largement suffisant pour consacrer le caractère solennel à la cérémonie officielle de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Et une signature, au bas d’un document engage forcément son auteur qu’est le Gouvernement de la République du Mali, en ce qui le concerne. Ce même engagement vaut pour le Président IBK, tout comme pour ses successeurs, au nom du principe de la continuité de l’État. Du coup, demander un nouvel engagement solennel de l’actuel ou du futur président de la République, relève de la pure divagation.

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