Le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; les réformes politiques et institutionnelles ; l’organisation des élections générales, la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité. Voilà en substance le contenu du Plan d’Action décliné en neuf objectifs dont le coût est estimé à Deux Mille Cinquante Milliards Soixante Trois Millions de Francs (2 050 063 000 000 F) CFA. Ledit plan a été adopté le 2 août 2021, par le Conseil national de la Transition (CNT) avec 102 voix pour, deux contre et neuf abstentions.
Comme une lettre à la poste. Le Plan d’Action du Gouvernement Choguel Kokalla Maïga a été adopté sans surprise le 2 août 2021, par les membres du CNT, malgré les différentes observations de certains conseillers. Comprenant quatre axes, à savoir : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; les réformes politiques et institutionnelles ; l’organisation des élections générales ; la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité, ce Plan d’Action est le fil conducteur des autorités de la transition.
D’ores et déjà, il est décliné en neuf objectifs assortis, selon le Premier ministre, d’un chronogramme détaillé de mise en œuvre, avec un coût estimatif de Deux Mille Cinquante Milliards Soixante Trois Millions de Francs (2 050 063 000 000 F) CFA. « Il tient également compte des délais temporels de la Transition et est fondé sur trois piliers : le pilier sécuritaire, le pilier politique et le pilier social », a précisé Choguel Kokalla Maïga le 30 août 2021, devant les membres du CNT.
Dans le document, le Premier ministre estime que le besoin de sécurité est au cœur du premier axe du Plan d’Action gouvernemental. L’objectif principal, avance-t-il, est de répondre à l’aspiration profonde de notre peuple à la paix, à la quiétude, au vivre ensemble, à la cohésion sociale. « Cette aspiration est mise à rude épreuve par le terrorisme, l’insécurité et toutes les formes de menaces contre l’existence humaine. Malgré les succès indéniables enregistrés par les Forces Armées Maliennes (FAMas) et leurs Alliés, ces menaces continuent à endeuiller notre peuple au quotidien. La lutte contre le terrorisme et l’insécurité sera poursuivie avec détermination. Pour ce faire, le gouvernement s’engage, ici et maintenant, de manière résolue, à mettre tous les moyens matériels et humains nécessaires à la disposition des forces de Défense et de Sécurité, aux fins de leur permettre de s’acquitter de leurs missions régaliennes », a-t-il souligné.
Selon lui, les actions prioritaires vont concourir à renforcer les effectifs des forces de Défense et de Sécurité, de moderniser leurs équipements et infrastructures et d’améliorer le parcours du recrutement, en passant par la formation, l’entraînement et l’aguerrissement.
Accélérer le processus du DDR !
Parlant de la stabilité du pays, le Premier ministre estime que la stratégie DDR (Désarmement, Démobilisation et de Réinsertion) sera accélérée. Il l’a dit avec emphase et assurance : « Les opérations d’envergures seront menées sur l’ensemble du territoire national. Elles permettront de créer des bulles à travers les Pôles de Sécurité, de Développement et de Gouvernance (PSDG) dans les régions de Mopti, de Ségou et du Nord. Toutes ces actions conduiront à un maillage sécuritaire, qui permettra le retour de l’Administration et des services sociaux de base dans les zones affectées. Enfin, le gouvernement poursuivra la mise en œuvre intelligente, et la relecture de manière consensuelle, de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger aux fins de son parachèvement. Dans cette optique, l’accent sera mis sur son appropriation collective et le renforcement de son caractère inclusif. Dans le même esprit, seront retenues les conditions politiques et sociales du consensus nécessaire à la relecture de certaines de ses dispositions que la pratique et le temps rendent inéluctables, et cela conformément au mécanisme prévu par l’Accord. »
Des assises pour refonder l’Etat !
En ce qui concerne la question de la refondation de l’Etat, le chef du gouvernement note l’impérieuse nécessité des réformes pour rénover non seulement le cadre politique, adapter les textes fondamentaux de la République, mais aussi doter le pays d’institutions fortes et légitimes qui permettront d’instaurer une stabilité politique et une paix sociale durables dans notre pays. A cet effet, il annonce l’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR) : « Sans être une assise de plus, ce cadre de dialogue s’appuiera sur les résolutions et recommandations des différents fora tenus ces dernières années (Dialogue national Inclusif, Conférence d’Entente Nationale, Etats généraux de la Décentralisation, assises des différents secteurs, Commission d’Appui à la Réforme Institutionnelle). L’approche consiste à donner la parole, sans censure, à l’ensemble des citoyens du niveau local au niveau national. Les recommandations issues de ces assises seront exécutoires. Elles seront applicables aussi bien pour la période de Transition que pour les pouvoirs à venir. »
L’organe unique, comme solution aux crises politiques…
S’agissant de l’organisation des élections générales transparentes, crédibles et inclusives, Choguel a précisé que ces échéances seront le baromètre de la réussite de la Transition. Il a donné sa vision sur la question : « Leur qualité et leur crédibilité conditionneront l’avenir de notre démocratie, la légitimité et la solidité des institutions. Parce que les élections sont un processus et non une fin en soi, nous devons œuvrer à leur réhabilitation et à leur crédibilité. C’est le sens du choix fait par le Gouvernement d’instituer dans notre pays un ORGANE UNIQUE DE GESTION DES ELECTIONS. Une demande persistante, exprimée depuis des décennies par la classe politique et la Société Civile dans leur ensemble. »
Selon lui, cet organe unique posera les jalons politiques, juridiques et institutionnels d’une restauration de la confiance entre les acteurs politiques et les citoyens lors des compétitions électorales. « Il reste entendu que dans ce processus, le gouvernement travaillera à faire le lien entre taxe des réformes et celle des élections. En effet, les élections libres, crédibles et transparentes seront le fruit des réformes à mener en amont, dont celle de l’Organe unique de gestion des élections, qui se présente comme une innovation électorale majeure, depuis l’instauration du pluralisme politique dans notre pays », a-t-il estimé, avant d’ajouter que la gouvernance des élections, au-delà de la question de l’Organe unique de gestion des élections, vise également à réformer le système électoral, à travers les textes fondamentaux régissant les élections. « Enfin, les élections à venir doivent être les plus inclusives possibles en permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de rejoindre leurs terroirs afin de pouvoir exercer leurs droits de vote. Dans le respect du délai fixé de la Transition et de nos engagements internationaux, l’Organe unique de gestion des élections suivra un processus simple de mise en œuvre à travers la relecture de la loi électorale, l’installation d’un directoire national et des démembrements aux niveaux régional, local et dans les ambassades et consulats du Mali à l’extérieur », a-t-il promis.
Vers un Pacte de stabilité sociale
Enfin parlant de la bonne gouvernance et de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, quatrième axe du Plan d’Action du gouvernement, le Premier ministre envisage une lutte implacable contre la corruption et l’impunité, qui sont à la base de la déliquescence de l’Etat. « Des audits seront menés, notamment celui relatif à la cession des bâtiments publics. Une commission d’enquête sur l’occupation et les démolitions de la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou sera mise en place. Les poursuites judiciaires sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako seront engagées », a-t-il souligné.
Pour lui, la gouvernance de rupture se traduira également par une réduction drastique du train de vie de l’Etat, afin de dégager des espaces budgétaires pour améliorer les conditions de vie des populations et assurer une répartition équitable des richesses nationales. Ces propos le confirment : « Ainsi, deux tiers (2/3) des fonds de souveraineté, comme précédemment annoncé par le président de la Transition seront réaffectés vers les services sociaux de base. Aussi, mon gouvernement dégagera près de 100 milliards de FCFA qui seront réalloués aux secteurs prioritaires. Le retour de nos compatriotes vivant dans des camps de réfugiés et de déplacés constitue une des priorités de la transition. Mon gouvernement créera les conditions de retour dans leurs localités d’origine. Il mettra l’accent sur toutes les formes de vulnérabilité nécessitant la pleine expression de la solidarité nationale envers les personnes démunies et celles vivant en situation de handicap. »
Pour plus de justice et d’équité, a-t-il dit, le gouvernement initiera, dans les meilleurs délais, une Conférence sociale, en concertation avec les partenaires sociaux et les acteurs concernés. Et de préciser : «Cette Conférence sociale ne sera pas une recette de circonstance visant à soigner les symptômes du malaise généralisé que connaît le front social dans notre pays depuis plusieurs décennies. Elle sera un exercice qui s’attaquera aux causes profondes de ces malaises par la recherche d’un nouveau contrat social entre l’Etat et tous les acteurs concernés. La Conférence doit aboutir à des compromis dynamiques nécessaires pour des solutions ambitieuses et durables. Elle consolidera les acquis sociaux des travailleurs et répondra à leur demande légitime de mieux-être tout en préservant les équilibres budgétaires de l’Etat. In fine, elle doit déboucher sur un Pacte de stabilité sociale. »
Pour l’heure, le moins que l’on puisse dire, c’est que le CNT donne désormais le quitus à Choguel pour mettre en œuvre, avec son gouvernement, toutes les actions qu’il juge nécessaires pour la réussite de la transition.
Ousmane BALLO
Source : Ziré