«Le Mali est en train de perdre le Pays dogon, comme il a perdu Kidal sous le regard indifférent des plus hautes autorités. Le massacre quotidien des populations, le nombre croissant de déplacés, l’indifférence de la communauté internationale et la révolte latente de la jeunesse du Pays dogon, finiront par exploser à la figure du pouvoir central de Bamako si rien n’est fait ! ». S’exclamait, la semaine dernière sur les réseaux sociaux un des cadre du Pays dogon.
Son message ou post intervient après les attaques dans la commune de Sangha le vendredi 3 avril, faisant un mort, un blessé et des animaux emportés. Ensuite, le même jour, ces hommes armés ont continué sur Dourou, une autre commune à 25 Km à l’est de Bandiagara. Là, ils auraient fait plus de trois victimes et enlevés aussi des animaux. Selon nos sources, c’est à leur retour qu’il y a eu un accrochage avec des éléments de Dana Ambassagou. Ces scènes se déroulent presque tous les jours dans le Pays dogon, de Bandiagara à Koro en passant par Bankass et Douentza. Ces virus qui pullulent au Pays dogon déclarent, parfois, ouvertement sur les réseaux sociaux, qu’ils contrôleront toute la zone.
Une autre source, nous indique que rien qu’en moins de deux semaines, les attaques contre les villages au pays Dogon, auraient fait 76 morts, 131 blessés et 2 666 têtes de bétails emportées. Cette source, poursuit en affirmant que «le silence du gouvernement fait de lui le responsable numéro un de la souffrance des populations» du Pays dogon face à cette situation d’insécurité.
En effet, ces différentes attaques quotidiennes se passent sans que les autorités maliennes, qu’elles soient administratives, politiques ou militaires ne réagissent. Car, depuis plus de trois ans, le Pays dogon est comme abandonné par le pouvoir en place. Les attaques se suivent avec leur lot d’horreur sans une réaction de la puissance militaire. Pire, le gouvernement en place, ne veut même pas entendre parler de la milice d’autodéfense Dana Ambassagou qui protège, depuis, le Pays dogon face aux attaques terroristes.
Aujourd’hui, le pays dogon est extrêmement affecté par l’insécurité qui sévit dans la zone depuis plusieurs années. Ainsi, après des années de conflits, un bon nombre des paysans dans cette zone n’arrivent pas à cultiver. Ils sont aujourd’hui dans une détresse totale, guettés par la famine. Les marchés et les foires, poumons économiques de ces zones, tournent au ralenti ou sont à l’arrêt. Il y a urgence d’intervenir militairement pour débarrasser le Pays dogon de cet autre coronavirus, alors qu’il est encore temps.
Pour rappel, le groupe d’autodéfense «Dana Ambassagou» ou «sous la protection de Dieu» a été fondé, selon nos sources, après l’assassinat de M. Théodore Somboro, qui dirigeait à l’époque la société des chasseurs dogons. Cependant, ce groupe loyaliste apparaît, au grand jour au cours de l’année 2018, dans un contexte de conflits communautaires, dits entre Peuls et Dogons. Loin d’être un groupe de génocidaires, comme certains tentent de le faire croire, le groupe Dana Ambassagou a comme seul objectif, défendre, à tout prix, la population dogon contre les attaques des gens sans foi, ni loi. Accusé à tort d’être l’auteur de certains massacres, les responsables du groupe répondent que leurs cibles sont des malfaiteurs non pas une ethnie. Comme pour dire que les dogons n’ont pas de problèmes avec les peuls, mais avec les gens qui viennent les attaquer dans leur paisible vie. Depuis, ce groupe avec quelques centaines de chasseurs évoluant dans les cercles de Bandiagara, Bankass, Koro et Douentza s’est érigé en rempart face à la recrudescence des attaques avec les moyens de bord. Leur action de sécurisation et de protection de la population est globalement bénéfique, pour beaucoup.
En somme, ces braves hommes sont devenus les seuls espoirs de survie pour les centaines de villages du pays dogon. A leurs corps défendant, ils livrent de violentes résistances aux terroristes qui volent, violent et massacrent femmes, et enfants dans le Pays dogon. Ni l’armée, ni la MINUSMA, ni Barkhane n’offre la moindre garantie de sécurité pour ces populations vulnérables et isolées. C’est pourquoi, le silence et l’indifférence de l’État central nous paraissent révoltants.
Dieudonné Tembely
Source: L’Evènement