Plus qu’une urgence, le désarmement des combattants s’impose, pour la quiétude sociale au Mali. La prolifération des armes de tout genre a atteint des proportions inquiétantes, au point qu’il est difficile de faire la différence entre djihadistes et bandits armés qui écument le pays. Plus que jamais, le vivre-ensemble sur l’ensemble du territoire national est menacé. L’ONU qui a été informée de cette situation sécuritaire précaire du pays, mardi dernier, par Jean-Pierre Lacroix, son Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, doit aller au-delà de la simple alerte.
Dans son dernier rapport de fin de l’année dernière, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait particulièrement dénoncé les retards dans le processus de DDR (Désarmement démobilisation et réinsertion).
Aussi, avait-il appelé les groupes armés signataires de l’accord à participer activement à ce processus en proposant leurs listes définitives de combattants. Faute de quoi, selon lui, « la stabilisation et la consolidation de la paix dans le nord du Mali resteront hors de portée ».
Le constat est d’autant plus partant, qu’à la date d’aujourd’hui, l’on ne dort plus que d’un œil dans les localités du nord et du centre de notre pays où banditisme se mêle au terrorisme.
Selon des sources concordantes, dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 janvier 2018, des individus armés ont troublé le sommeil des habitants de la commune de Kolongotoumo, précisément les localités de Bouky-Wèrè et Woulan, dans le cercle de Macina. Il nous revient de source locale qu’aux environs de 23 heures, 5 individus, fortement armés ont tapé, à la porte du campement de l’Office du Niger de Bouky Wèrè. Les assaillants ont immédiatement tenu en respect le gardien des lieux sous la menace de plusieurs fusils d’assaut. Il sera sommé de les conduire au domicile du patron des lieux, à savoir Bourama Diakité.
Là-bas, indique-t-on, les bandits ne se sont pas fait prier pour fouiller la maison de fond en comble. Ils s’en sont sortis avec des objets de valeur : argent liquide, téléphones portables, bijoux, avant de trainer le pauvre Diakité dehors, histoire de l’embarquer avec eux pour leur quartier général. M. Diakité aura la vie sauve grâce à son gardien, un Dogon qui a pu convaincre les ravisseurs de son patron par la corde du cousinage à plaisanterie et ramener les assaillants (Peulh) à la retenue. Diakité est ainsi libéré, mais le butin ne lui sera pas restitué, rapporte la source.
Dans la même nuit, la localité de Woulan à 3 km de Bouky-Wèrè est aussi visitée par des individus en moto encore. Cette fois ci, ils étaient trois, lourdement armés et enturbannés, dit-on.
Là, les bandits se rendent au poste du médecin du centre de santé, aux environs de 1heure du matin, rapporte la source. Son domicile est passé au peigne fin. Après leurs forfaits, ils s’éclipsèrent dans la nuit noire de Kolongotoumo avant que la nouvelle n’arrive aux gendarmes.
A cette terreur, s’ajoutent les fouillent des véhicules de transport ou les passagers sont dépouillés de leurs biens.
Le bilan des atrocités commises dans le centre et le nord de notre pays au cours de l’année écoulée est effroyable. Plusieurs civils ainsi que des dizaines d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes, de Casques bleus et d’éléments de la Force Barkhane ont perdu la vie en plus du lot de blessés, dont certains sont atteints d’handicaps à vie.
Les acteurs humanitaires préviennent qu’il y a pire pour l’année qui commence si des mesures urgentes ne sont pas prises. Ils estiment à 4,1 millions de Maliens, soit 22 % de la population, qui sera en situation d’insécurité alimentaire, une proportion encore plus élevée dans les régions du nord et du centre où 30 à 40 % de la population serait affectée, a fait observer M. Lacroix.
Alors que les élections prévues au Mali cette année approchent, il est plus que jamais nécessaire de mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation, a déclaré mardi dernier, devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix.
«Le temps presse et nous sommes lancés dans une course contre la montre au Mali», a prévenu M. Lacroix, lors d’une séance du Conseil de sécurité, à laquelle a également pris part le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly.
Dans ce contexte, la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali constitue une condition sine qua non, a-t-il estimé. Or, plus de deux ans après sa signature, la confiance entre les parties ne semble pas encore des plus belles. Si les listes des combattants des différents groupes armés ont été établies, ces derniers continuent toujours d’exiger des garanties pour donner leur accord au DDR.
Alors, décidément tout dépend encore de la bonne foi des mouvements signataires de l’accord qui permet de faire avancer le processus à hauteur de souhait.
Il reste que les partenaires à l’accord, dont l’ONU, jouent pleinement leur rôle de garant de la mise en œuvre de l’accord, en toute impartialité.
Par Sidi DAO
Info-matin