Selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur le Mali publié le 28 janvier 2020, durant la période de soudure de juin à août 2020, près de 4,9 millions de personnes seront en situation de risque ou d’insécurité alimentaire dont 1,1 million en phase sévère. La plupart de ces cas seront enregistrés dans les régions du centre et celles du nord du pays.
« L’analyse des besoins des clusters révèle que cette année, environ 4,3 millions de personnes, dont 75 pour cent de femmes et d’enfants, ont besoin d’assistance humanitaire dans le pays. Ce chiffre est en augmentation de 1,1 million de personnes par rapport à janvier 2019 », précise ledit rapport. Selon le même document, cette hausse se justifie par un surplus de personnes dans le besoin dans six secteurs sur sept en raison de la persistance des conflits dans le nord et de leur extension dans de nouvelles zones au centre du pays,accroissant ainsi les besoins dans les secteurs des abris, de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, de l’éducation, de la nutrition, de la protection et de la santé.
Selon le rapport, en janvier 2019, environ 415 800 personnes (cadre harmonisé novembre 2018) avaient besoin d’une assistance immédiate contre 1,1 million de personnes à la même période en 2020 (cadre harmonisé novembre 2019). «Plus de 78 pour cent des personnes dans le besoin en 2020 vivent dans les régions de Mopti (1,5 million de personnes ou 55 pour cent de la population régionale), de Tombouctou (692 000 personnes ou 74 pour cent de la population régionale), de Gao (685 000 personnes ou 91 pour cent de la population régionale) et de Ségou (500 000 personnes ou 15 pour cent de la population régionale) toutes situées au nord ou au centre du pays. Les 10 pour cent de personnes restantes vivent dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Kidal et dans le district de Bamako »,peut-on lire dans le rapport.
Toutefois,le document ajoute que le cadre harmonisé (CH) prévoit que durant la période de soudure de juin à août 2020, près de 4,9 millions de personnes seront en situation de risque ou d’insécurité alimentaire dont 1,1 million en phase sévère. « Ces chiffres représentent le niveau le plus élevé enregistré au cours des cinq dernières années. La région de Mopti est la plus affectée par l’insécurité alimentaire. Durant la période de soudure, les prévisions révèlent que deux personnes touchées par l’insécurité alimentaire sévère sur cinq (soit 456 000 sur 1,1 million de personnes affectées) seront dans cette région si aucune action de renforcement de l’assistance n’est prise maintenant pour inverser cette tendance »,souligne le rapport.
Ainsi, de ce document, il ressort que le contexte opérationnel marqué par les conflits constitue la cause principale de l’insécurité alimentaire dans les régions du nord et du centre du Mali où les surfaces cultivées ont diminué. Dans les zones affectées par les conflits comme dans la région Mopti où près de 20 pour cent des villages n’ont pas ou ont peu cultivé en 2019, la période de soudure s’étend sur presque toute l’année. Le besoin d’assistance alimentaire est continu dans ces zones.
Aussi, le rapport précise-t-ilque des milliers de personnes sont forcées au déplacement et n’ont pas accès à leurs champs ou à leurs autres activités génératrices de revenus. Selon les données de la Commission Mouvement de Populations publiées, au novembre, le pays comptait plus de 201 000 personnes déplacées internes dont plus de 100 000 nouvelles personnes déplacées enregistrées en 2019. Ces déplacements ont eu pour conséquence, une baisse significative de la production agricole et la perte du bétail. De plus, le confinement de certaines communautés vivant dans les zones de conflit limite leur accès aux marchés et aux moyens de subsistance.
Ousmane BALLO
Source : Ziré